“Un album de pure Dance Music où les liens avec la New Berlin School ne sont pas si loin”
1 Come with Me 6:09 2 Reaktiv 6:49 3 Move It 5:22 4 Molekular Madness 6:57 5 Fluorescent (Franky the Shake Maker) 5:24 6 Particles all Around 4:14 7 Wunderwerk Vier 5:59 8 Hydrogenetica 5:12 9 Souls 4:40 10 The Colors of Beijing 6:24 11 Into the Night (When Angels Dream) 6:41 12 S-thetic (Original Edit) 7:22 Stefan Erbe Music (CD/DDL 71:12) (EDM with ambient phases)
Est-ce que je tourne Dance Music? Je suis gêné de l'écrire, mais j'ai aimé ça! J'ai aimé ce 2club GENETICA! Ça fait un bail que je vois le nom de Stefan Erbe circuler sur les réseaux sociaux ainsi que dans les infolettres des différents magazines et webzines sur la MÉ. De ce que je lisais, il est un DJ très reconnu qui aime assez les approches cosmiques. De là son implication dans le festival Sound of Sky et, par ricochet, son association avec le légendaire Steve Baltes. Deux solides albums sont d'ailleurs sortis de cette collaboration; Bochum Sky et l'étonnant S-Thetic². Qu'en est-il de sa carrière, de sa musique en solo? Le musicien Allemand m'a fait parvenir ce dernier album afin que je le découvre. Loin d'être dans le genre musical que j'ai l'habitude d'écouter, la musique de Stefan Erbe est purement de l'EDM. Pas d'artifices psychédéliques, ni d'amarres à la Berlin School. 2club GENETICA est un album de pur EDM (Electronic Dance Music) avec des structures qui transitent constamment entre les rythme lourds et sautillants et des moments d'aphasie interstellaire où l'on peut tracer un infime parallèle avec la musique de Moonbooter pour ce qui est de la qualité des sons, les séquences ici sont étonnantes, et de la pureté des rythmes.
Come with Me part les choses assez doucement. Le parallèle avec Moonbooter m'est venu à l'esprit ici. Le rythme est délicat, il transite vers des ambiances très éthérées, avec un belle fusion de percussions, de séquences et de pulsations qui forge une structure qui boitille plus qu'elle ne sautille. Ce qui frappe le plus dans cet album est ce sentiment d'entendre ce pattern de séquences gargouiller. Des tonalités organiques se terrent derrière cette fusion alors que les lignes de séquences subdivisent l'aspect rythme et harmonies. Les synthés jettent des nuages de brumes électriques qui se transforment en subtiles arrangements orchestraux. C'est riche, c'est bien fait et c'est surtout très accrocheur. Les 12 structures de 2club GENETICA sont liées entre elles, tissant un bon mélange entre la diversité des rythmes. Comme avec Reaktiv qui dévoile peu à peu une structure plus lourde, plus vive et surtout plus EDM. Le séquenceur tisse des lignes qui voltigent sans mordre les oreilles, un peu comme des effets de break-dance, avec des solos qui cherchent à communiquer. Une vision et une approche qui sont très intéressantes dans cet album. Move It est un premier coup de cœur avec une structure qui s'apparente à un genre de Hip-Hop. Un Hip-Hop qui boitille lourdement et dont le maillage des percussions et des pulsations coup par saccades ce rythme nimbé par des effets de chuchotements. Il y a de beaux mouvements dans les lignes de séquences qui sont ornées avec des tonalités de verre cristallin, on dirait un xylophone qui tinte dans un état d'ébriété tellement c'est circulaire mais insaisissable, et qui serpentent tout autour de ce rythme très entraînant et ses bons solos de synthé assez éthérés. J'ai bien aimé. Molekular Madness est un titre vif. De bon techno de plancher de danse avec une structure qui transite en de cours moments vers une phase plus cosmique. Le jeu des séquences est séduisant. On dirait une multitude de billes qui se défoncent les côtes dans un longiligne tube zigzagant alors que par moments il étend le refrain électronique, et très speedé, de Molekular Madness. Si j'ai eu un peu de difficulté avec ce rythme pesant, les séquences ont séduit mes oreilles, de même que ces solos qui sont assez discrets ici.
Mais comme dans chaque titre de 2club GENETICA, il y a toujours ce je-ne-sais-quoi qui accroche. Il faut connaître l'histoire de Club Genetica, sorti en 2008, pour vous parler de l'histoire de Fluorescent (Franky the Shake Maker). Je ne la connais pas. En revanche ici, le rythme est aussi délicat mais plus incisif que Come with Me. Toujours j'ai l'impression que c'est du Hip-Hop cosmique, ou un mélange de Funk et Groove (toujours cosmique), mais mes goûts en matière de Dance Music sont assez limités, donc je m'en tiens à l'expression Hip-Hop. Quoiqu'un copain pense la même chose. Encore là, c'est très entraînant et il y a plein d'effets cosmiques. Notamment avec le synthé et ses beaux solos ainsi que sa brume électronique. Bah, vous me connaissez! Je suis très romanesque. J'ai donc craqué tout de go avec cette sublime ballade qui charme l'âme de Particles all Around. C'est trop beau. Encore là, le rythme est pulsatoire. Et les séquences, leurs tonalités si limpides, le butinent avec tellement de délicatesse que c'en est onirique. Il y a aussi cette voix artificielle, tellement près de la perfection, qui cajole le tout avec des insertions épisodiques. Un mariage sonique absolument...absolu! Wunderwerk Vier s'en détache avec une structure qui allie synth-pop, pour la mélodie, et techno, pour son rythme lourd. Ça fait très Teutonique, très Düsseldorf School, et ça évolue constamment. Hydrogenetica est une autre structure technoïde lourde avec une direction qui transite aussi vers des courts passages ambiosphérique. Le timbre des pulsations est parfois assez glauque et la mélodie fantôme, dessinée par un synthé assez créatif au niveau des voix, qui flotte tout en arrière est assez enfantine. Une mélodie effacée qui refuse de faire la lutte à celle toute carillonnée des séquences. Souls est un bon down-tempo cosmique, lourd et pesant, arquée sur une belle approche mélodieuse où un piano libère des notes dans des bancs de brumes cosmiques dont certaines diffusent des filets de voix nasillardes. The Colors of Beijing est un titre nerveux. Très danse où les pulsations, qui ne défont pas l'homogénéité des séquences, font sursauter mes lattes de planchers, même avec de courts moments de réflexions ambiosphériques. Mes murs saignent encore! Mes oreilles? Je n'entends plus! Into the Night (When Angels Dream) est un titre qui mélange Funk et ambiances très cosmiques. C'est plus planant que dansant, même si parfois la structure tressaille avec une envie de nous faire virevolter avec de longs serpentins stroboscopiques qui restent somme toute assez lunaires. Du Rave planant, toujours nappé d'une belle approche mélodique qui est stigmatisée par un beau jeu des séquences. L'album se conclut avec S-thetic (Original Edit). Et c'est tout un morceau de musique qui tisse un superbe lien avec l'album S-Thetic². Mais en réalité, même dans un format plus danse, ce 2club GENETICA a énormément de liens et de phases conductrices qui plairont à ceux qui, comme moi, ont adoré ce superbe album de Baltes & Erbe.
Sylvain Lupari (08/08/15) *****
Disponible chez Stefan Erbe Music
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