“En ce qui me concerne, c'est le plus solide album que j'ai entendu de Stefan Erbe qui réussit ici une très bonne fusion de l'EDM et du Berlin School”
1 In Die Dunkelheit 7:44
2 Sirius 4:46
3 Du und Ich 5:36
4 Raum der Maschinen 1:29
5 Voruebergehend 3:53
6 In dem Feuer Verloren 6:08
7 Untergrund 5:38
8 Gluecksmoment 4:00
9 Das hellste Element 2:23
10 Nachtlichter 6:18
11 Alles Lebt 7:48
12 Hier und Jetzt 2:30
13 Wenn Engel Reisen 6:59
14 Alles Schwebt 4:5
(DDL/CD 70:10)
(EDM Berlin School)
30 albums! Déjà un 30ième album pour le roi de la musique de danse progressive de Hagen, Allemagne, depuis The Cosmic Dreamland en 1994. Il a bien changé Stefan Erbe depuis. J'ai fait sa connaissance musicale en 2015 avec l'excellent S-thetic², composé et performé avec l'ex-Ashra, Steve Baltes. En solo, sa direction musicale est plus axée sur le style musique de danse avec des rythmes lourds et entraînants qui sont tout de même légion ici. D'ailleurs, j'ai souvent comparé son style avec celui de Moonbooter, de même que celui de Jerome Froese, tant au niveau de la vision dance-music que des approches mélodieuses qui se créent à l'intérieur des rythmes évolutifs. Mais logiquement, je crois plutôt que c'est l'inverse! Mais peu importe, NACHTLICHTER flirte avec nos oreilles dans un très bel équilibre avec les deux genres, mais avec une légère dominance pour le Berlin School cette fois-ci, notamment avec un séquenceur qui tri ses ions en favorisant les réminiscences de Tangerine Dream. Les ambiances sont étonnement lourdes avec un décor démesuré où circulent librement maints éléments rattachés au style psybient, comme à celui de Mark Shreeve, en solo ou avec Redshift. En fait, j'ai passé un plus qu'agréable 70 minutes d'une MÉ qui m'a même amené aux frontières de Mike Oldfield au niveau des arrangements vocaux.
Et ça débute avec la vision très cinématographique de In Die Dunkelheit. L'ouverture est sombre avec des ambiances et des effets sonores à la Redshift. Le pas du rythme est lourd et incertain, un peu comme Jerome Froese dans l'ouverture The Spirit of The Czar. Des ions lumineux scintillent et papillonnent tout autour de ce mouvement théâtrale qui peu à peu se développe en un bon rock électronique statique. Les séquences sont trop bonnes alors que la masse sonore, et ces chants tribaux à la The Songs of Distant Earth de Mike Oldfield, épousent la tangente d'un rythme devenu finement saccadé. L'évolution se fait en trois phases, et la dernière nous entraîne dans un solide rock électronique épinglé dans une vision New Berlin School. Ainsi est fait In Die Dunkelheit, ainsi sont fait les 13 autres titres de l'album à quelques nuances près. Et ces nuances sont dans la définition des rythmes. Et avec sa charge rythmique nettement plus en mode Dance, Sirius explique à lui seul les nombreuses directions du séquenceur en mode Tangerine Dream dans une structure de rythme évolutive qui flirte entre le techno dur et un autre rock à la New Berlin School. Ces 2 premiers titres de NACHTLICHTER attirent le fan de Berlin School dans un milieu très acceptable. Certes, il y a des hymnes de Techno et de Dance-music où l'on virevoltent selon la puissance des rythmes, comme dans Du und Ich et Gluecksmoment. Mais la façon dont Stefan s'y prend pour nous y entraîner est aussi insidieuse que respectueuse de la vieille école de Berlin. Soit avec des phases de transition ambiantes. Des ponts! Comme celui de Raum der Maschinen qui transite vers Voruebergehend. Ce titre sans frontières embrasse de l'Ambient House avec une ligne de basse qui appuie les multiples boucles de réverbérations qui constituent principalement sa membrane rythmique. Des bruits de psybient et des glitches nourrissent autant les ambiances que les nappes de synthé décousues en pads corrosifs. Comme Moonbooter, chaque album de Stefan Erbe amène 1 à 2 mélodie tisseuse de ver-d'oreille. Superbe avec ses arpèges scintillant de chasteté, le rythme lourd, lent et sensuellement astral de In dem Feuer Verloren est le tout premier de 3 à nous transporter là où les oiseaux n'ont plus besoin d'ailes.
Un beau Chill-out dans une ambiance Lounge assis confortablement sur un nid de séquences, Untergrund mérite sa place entre ce beau ver-d'oreille et le gros Techno fondu dans la dance-music qu'est Gluecksmoment. Das hellste Element est une autre phase d'ambiances. Elle transite cette fois-ci vers la pièce-titre et sa mise en scène musicale digne de David Bowie. Lourd et lent, gravitant sur un nerveux nid de séquences indisciplinées, Nachtlichter offre ce solide deuxième ver-d'oreille avec cette superbe balade électronique tissée dans une phénoménale intensité harmonique. Les arrangements ici et ces voiles de bruines sont des éléments supplémentaires afin de nous donner la chair-de-poule. Splendide, on peut tournoyer jusqu'à saouler notre âme de souvenirs et de larmes! Parlant d'intensité, il est difficile de faire mieux que Alles Lebt. Lourde et semi-lente, avec ces effets percussifs coulant dans la vapeur, la structure grouille de ces séquences nerveuses qui s'entassent en un amas d'ultra chocs, alors que d'autres martèlent de l'enclume à travers ces voiles de glitches et de bruit-blancs. J'entends même des chaines se dérouler dans un contexte hors-Redshift où les synthés, il ne faut pas les oublier, se lamentent comme une chorale de spectres aux lamentations mal ajustées. Hier und Jetzt propose une transition cosmique vers le plus solide titre de NACHTLICHTER, soit la superbe ballade qu'est Wenn Engel Reisen. Cette fois-ci, la structure musicale hésite entre un lourd techno pour Zombies endormis, où s'éveille une magnifique mélodie pianotée dont les airs fragmentées rôdaient déjà dans les bas-fonds de l'album, et un mid-tempo tout de même assez dégourdi. Une belle balade électronique qui émiette ses émotions dans le solide Alles Schwebt et sa vive structure EDM qui est gavée de bons solos de synthé.
En ce qui me concerne, NACHTLICHTER est le plus solide album que j'ai entendu de Stefan Erbe, incluant les deux albums avec Steve Baltes. Tout est bien balancé dans cet album où Mr Erbe fait un excellent dosage entre les éléments atmosphériques et les effets sonores d'une MÉ nouée dans une guerre à finir entre les percussions et d'ingénieux patterns rythmiques du séquenceur. Les mélodies sont rarissimes, mais très belles. Hormis ces mélodies tissées sur le clavier, il y a celles qui nichent sur le séquenceur. Et je pourrais continuer longtemps pour décrire ce magnifique album que j'écoute en boucles depuis une couple de jours. Pour l'instant, NACHTLICHTER est offert uniquement en version téléchargeable et sur les différentes plateformes d'écoute en continu, donc le très Hi-Fi Tidal. Il sera offert en CD plus tard cet été. Un incontournable, point!
Sylvain Lupari (04/06/20) ****½*
Disponible chez Stefan Erbe Music
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