“Un CD en concert avec des titres de ses meilleurs derniers albums ambiants”
CD I 43:21
1 Embracing the Space 43:21
CD II 73:08
1 Merging with Grace 73:08
(DDL 116:29)
(Ambient)
L'univers de Steve Roach reste toujours étonnant. L'homme aime défier la magie des sons avec des enregistrements où la présence spirituelle est la prémices de ses inspirations. Enregistré en concert, dans la mythique Grace Cathedral de San Francisco le 29 juin 2007, LIVE AT GRACE CATHEDRAL se veut le témoin des risques qu'il aime aborder. Avec ses courbes architecturales qui guident toutes les réverbérations sonores, c'est l'endroit idéal pour structurer les modulations et oscillations d'une musique ambiante où les lentes et morphiques strates de synthés longent les sinuosités architecturales de cette vieille cathédrale. Pour capter toute la dimension et la profondeur de sa musique, Steve Roach procède à un enregistrement très direct, avec des microphones suspendus dans les hauteurs du Grace Cathedral. Ce faisant, les murmures d'une foule hypnotisée par les oblongues envolées synthétisées ajoutent une dimension spectrale à sa musique
De douces nappes fantomatiques ouvrent Embracing the Space. Des couches synthétisées qui s'enchevêtrent délicatement forment un paisible maelstrom musical qui accroît son intensité que par la seule force de ses étendues sonores. Roach est le maître de la musique sans vie et les courbes du Grace Cathedral sculptent à merveille les sinuosités réverbérantes de ses arches sonores. Même en mode suspension et réflexion, sa musique s'y infiltre avec une émotion divine qui suit les modulations de son synthé. C'est un paisible retour aux sources de The Magnificent Void et de la quiétude du sublime Structures from Silence. Couchant sa musique avec tous ses actifs créatifs, Steve Roach profite de la passivité de ses œuvres pour moduler d'infinies possibilités musicales. Discrètes, les voix angéliques qui s'enroulent autour des strates morphiques de la 2ième partie ajoutent une dimension spectrale qui sied bien la pertinence de son milieu. La force du synthésiste Californien réside dans sa capacité à moduler ses longues œuvres ambiantes. Ainsi, après la lente immersion des deux premières parties de Embracing the Space nous plongeons dans un labyrinthe sonore aux multiples souffles tribaux. Des souffles nuancés, qui traînent leurs échos parmi de sinueuses strates, rappellent l'univers prosaïque de Serpent's Liar et Mystic Chords & Sacred Spaces.
Étrangéité sonores, ondes réverbérantes aux souffles patibulaires, l'ouverture de Merging with Gracesemble bien plus naître des profondeurs abyssales d'un monde infernal que des courbes d'une cathédrale pieuse. Majestueusement, Roach y ajoute une subtile cristallinité sonore qui scintille dans un diagramme de fusion plasmique. Mais la tonalité reste sombre et très pénétrante, même avec les chuchotements d'une foule sidérée par cette immense voile sonore qui engloutit toute espèce vivante. Nous sommes dans les profondeurs de Possible Planet et lourdement nous glissons vers des nappes plus musicales qui insufflent une lourde spiritualité pour accroître son intensité modulaire avec de puissantes élans synthétisés qui foisonnent parmi les seules percussions latentes qu'on retrouve sur ce double opus. Un dynamisme discret réapparait sur la 3ième partie Merging with Grace avec ses étranges mouvements saccadés qui ressemblent à des séquences spasmodiques issues d'un univers tribal sous une nuée de strates aussi mélodieuses qu'inquiétantes. Intense et mélodieux Roach nous guide à travers ces méandres sonores aux milles subtilités sonores avec un doigté magique, tant l’émotion filtre cette kermesse ambiante qui tranquillement s'éteint avec une saisissante 4ième partie où la puissance réverbérante des strates copule avec la sérénité d'un synthé accouchant de ses derniers souffles. Un croisement entre Chronos, Dynamic Stillness et Immersion.
En ce qui me concerne, Steve Roach demeure la référence concernant la musique dite ambiante et/ou méditative. Il est l’un des seuls artistes dans ce domaine à créer une émotion à travers ses lentes modulations qui, pour bien des oreilles, semblent abstraites. Et pourtant si on écoute de plus près on y entend, on y perçoit toute l'intensité d'un homme solitaire qui est animé par une quête existentielle. LIVE AT GRACE CATHEDRAL est une sorte de ses meilleurs moments de sa musique atmosphérique. Il y a plein de références à des œuvres titanesques tels que Suspended Memories, Arc of Passion, Dynamic Stillness, Landmass, The Magnificent Void, la série Immersion et l'unique Structures from Silence. Les amateurs du genre vont aimer!
Sylvain Lupari (05/05/10) *****
Disponible au Timeroom Direct Bandcamp
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