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Writer's pictureSylvain Lupari

STEVE ROACH: Molecules of Motion (2018) (FR)

“Année après année, c'est la même chose. Je n'arrête pas de me demander si Steve Roach a encore des choses à dire en dehors de la musique ambiante. Molecules of Motion me dit OUI!”

1 Molecules of Motion 24:21 2 Grace Meditation 23:39 3 Phase Reverie 10:11 4 Empath Current 15:02 Projekt | PROJEKT353

(CD-DDL 73:15)

(Ambient sequencer music)

Ce vieux sorcier des sons! Intarissable et tout simplement délicieux pour les oreilles, que ce soit en mode musique d'ambiances ou animée par des séquenceurs, Steve Roach revient avec un autre album de musique originale en MOLECULES OF MOTION. On lit le titre et on regarde la pochette, et déjà on a une vague idée de son contenu. Mais jamais j'aurais pensé que la couleur et la conception des tons épouseraient l'esprit de sa pochette. La pièce-titre brise graduellement et très lentement le silence avec un mouvement venant sous terre. Un immense vertébré sonique émerge et son déplacement fluide entreprend de fabriquer une suite de boucles sinusoïdales magnétisantes. Ces boucles ondulent dans une chorégraphie pour lignes oscillatrices aux formes bariolées avec une panoplie de séquences dont certaines possèdent des tonalités organiques ainsi que des ombres déformées qui jouent constamment sur les nuances de ce rythme en forme de colimaçon horizontale. Invraisemblablement, un genre de mélodie, ingénieusement tisseuse de ver-d'oreille, se fixe entre nos oreilles, comme l'effet d’un kaléidoscope et ses boucles labiles qui vont et viennent inlassablement. Le rythme est nerveux dans sa structure hélix. Il est se trémousse même par moments comme une danse spasmodique de ciseaux dont les brefs coups hachurent menu le long vertébré séquencé qui reprend infatigablement sa forme, allant jusqu'à flirter avec des passages plus flottants. Des nappes de synthé logent tout en haut de ce décor légèrement influencé par un genre psybient, mais un peu plus comestible pour les oreilles frileuses. Ces nappes sont nettement plus présentes et leurs formes sont plus accentuées dans Grace Meditation qui reprend la structure de Molecules of Motion, mais dans une forme légèrement plus ambiante, même plus près de la méditation. Les tonalités des séquences frissonnent encore de couleurs résonnantes et la lenteur du mouvement nous permet d'entendre le vaste échantillon de distorsions soniques qui finit par faire éclore une fascinante mélodie chaotique. L'écho forge des formes giratoires qui vont et viennent, suggérant une pause méditative. Phase Reverie libère une phase anesthésiante avec une panoplie de voiles synthétisées qui s'entrelacent avec différentes tonalités, dont une totalement bourdonnante, afin de constituer les bases d'un ballet morphique. La signature des œuvres ambiantes de Steve Roach ressort plus ici. Les tonalités grésillantes vivent comme des sons reclus, comme des ermites sonores qui vont de foyer en foyer afin de retrouver cette confrérie tonale qui pétillait avec éclat dans les 2 premiers titres de MOLECULES OF MOTION. Un titre tranquille et très efficace qui nous remet dans l'esprit de Structures from Silence. Malgré son rythme plus agité, on ne peut exclure Empath Current de la même équation. Les séquences y pétillent avec plus de vitalité, découpant les ambiances de bonds et de rebonds continuels, alors que les nappes de synthés étendent des textures endormitoires et des voiles de voix suaves et planantes. Un très beau titre qui conclut un album à la hauteur des attentes que l'on peut avoir en égard de Steve Roach.

Après les travaux de Skeleton, je me demandais quelle serait la prochaine étape de Steve Roach? Est-ce qu'il serait encore capable, après toutes ces années de créativité, de surprendre un public qui demandait simplement d'être rassuré par sa présence et ses œuvres? Il faut croire que oui puisque MOLECULES OF MOTION est un album splendide de la première à la dernière note. Cet album grouille de ces rythmes ambiants et semi-ambiants qui sont la signature de Steve Roach. Sauf qu'ici les mouvements de bisbille entre cette fascinante variété de tonalités dans les arpèges qui sculptent ces discordes oscillatrices sont tout simplement jouissif pour les oreilles. Comme dans les tons de Skeleton Keys. Ainsi, Steve Roach possède encore ce don de surprendre encore. Et j'ai toujours cette impression de me répéter lorsque je parle d'un nouvel album du sorcier des tons de l'Arizona. Brillant!

Sylvain Lupari (14/06/18) *****

Disponible au Timeroom Direct

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