“Return to The Dreamtime suit la logique et s'impose comme la suite parfaite, sinon le compagnon idéal, pour les 30 ans de Dreamtime Return”
CD 1 1 Towards the Dream (2018) 39:57
2 The Continent (2018) 13:18
3 Songline (2018) 5:11
4 The Ancients’ Way 14:31
CD 2
1 Magnificent Gallery (2018) 10:52
2 A Circular Ceremony (2018) 17:31
3 Looking for Safety (2018) 13:57
4 Towards the Continuum 15:05
5 After the Return 14:57
Timeroom Editions 44 (CD) (CD/DDL 145:22)
(Ambient Tribal, Pacific School)
Dreamtime Return est sans doute le premier album de Steve Roach à lui avoir procuré une visibilité planétaire. L'habile mélange d'équipements électroniques aux ambiances tribales des premiers peuples d'Australie avait non seulement ajouté plus de crédibilité à sa créativité mais allait aussi ouvrir des portes à ce qu'on nomme aujourd'hui la musique ambiante tribale. Pour Steve Roach et son entourage artistique, il était hors de question de passer le 30ième anniversaire de cet album culte sous silence. L'idée de base était de se replonger dans les ambiances de ces années en fouillant dans les archives de ce projet composé entre 1987 et 88. Heureusement, tout était catalogué dans les impressionnantes archives, tant sonores que photographiques, et esquisses des travaux de Steve Roach. Archives et sources sonores qui ont survécus à moult traversés des continents du musicien Américain. Et c'est ainsi qu'après plusieurs mois de recherches, tant spirituelles que musicales, et de réflexions qu'est né le projet RETURN TO THE DREAMTIME et dont l'aboutissement fut une diffusion internationale par SomaFM d'un concert performé au Galactic Center de Tucson, en Arizona, le 10 Février 2018. Enregistré par l'ingénieur de sons Rusty Hodge, retravaillé par Steve Roach et finalement remasterisé par Howard Givens, ce double album propose un enregistrement top nickel avec des titres connus de Dreamtime Return, mais performés dans une vision plus élaborée de Steve, et près de 45 minutes de musique nouvelle qui survit admirablement bien dans les décors de l'œuvre originale.
Et c'est avec plus de 33 minutes de musique supplémentaire que Towards the Dream (2018) explique les nouvelles réalités sonores de RETURN TO THE DREAMTIME. Précédé par des chants des habitants de la jungle Australienne, le rythme est nettement plus fluide que dans la version originale. Le mouvement des séquences est aussi plus en mode Berlin School avec une cadence vive qui est tissée dans une série de boucles oscillatrices défilant à vive allure. La texture organique arrive quelques secondes plus tard, mais avec une nette diminution dans les résonances. De longilignes mouvement dégradés étalent de belles inclinations dans la structure qui fait des détours aussi subtils que musicaux dans ce labyrinthe rythmique qui joue constamment sur ses inclinations. Près de 40 minutes, est-ce trop? Pas vraiment puisque Steve Roach joue constamment avec les nuances dans son armature rythmique où se greffent aussi des percussions afin de solidifier une approche qui devient plus transique, comme dans la version originale mais avec une tonalité plus contemporaine. Bien orné par des éléments électroniques qui mélangent habilement les tonalités d'hier et d'aujourd'hui, la longue virée de Towards the Dream (2018) atteint un point d'essoufflement autour de la 21ième minute. Ainsi plus lent, le mouvement ondule avec des légères descentes et remontées, comme dans les belles années analogues, avant de reprendre plus de force et terminer sa plus longue exploration dans les ambiances de son ouverture. Allongé d'une dizaine de minutes, The Continent (2018) est plus près des réalités du titre original avec des fascinantes percussions dont les échos émiettés par des tonalités en caoutchouc mou résonnent avec enchantement. Les nappes de synthé y sont toujours très enveloppantes et les minutes additionnelles expriment plus les ambiances qui guidaient la finale du titre original. J'imagine les difficultés rencontrées avec le rythme de danse tribale frénétique que nous retrouvions dans la version originale de Songline. Étiré de plus de 130 secondes, Songline (2018) est pourtant tout près avec un rythme un peu plus agressif et ces immanquables textures de Didgeridoo.
Première nouveauté, The Ancients' Way adopte un peu les essences de Airtribe Meets the Dream Ghost, notamment au niveau des ambiances et du décor. Le rythme est par contre plus fourni en percussions et plus soutenu, en conformité avec les 60 premières minutes de cette édition anniversaire. Magnificent Gallery (2018) s'appuie essentiellement sur ses origines, même avec près de 5 minutes en plus au compteur. C'est un beau titre d'ambiances méditatives qui poursuit sa route de textures caverneuses dans l'introduction de A Circular Ceremony (2018), un titre qui le précédait pourtant dans la version originale de Dreamtime Return. Les ambiances et le rythme mou sont au rendez-vous. Puisque Steve Roach revisite son œuvre, tout semble mieux balancé ici avec une nette distinction entre les nappes, les effets de pluie et les voix célestes. Par la suite, nous dérivons vers une nouvelle version de Looking for Safety (2018). Amputée de 18 minutes, la structure est plus intense ici et propose une évolution vers un rythme mou. Cette phase très intense, ces ambiances et des effets de jungle sauvage se jettent dans l'introduction de Towards the Continuum, une 2ième nouveauté. Sous une foisonnante faune sonore, le rythme déploie une approche oscillatrice qui dégage les fragrances de la Berlin School, d'Empetus ou encore juste un peu plus vivant que dans la dernière partie de Towards the Dream (2018). Le synthé attaque cette structure avec des rayons de brumes sonores circulaires qui enveloppent d'une superbe texture tonale un petit trésor de créativité du séquenceur. C'est un genre de renaissance de RETURN TO THE DREAMTIME et dont la prestation en concert se termine dans une finale plus tranquille de ce titre qui étire ses brises éthérées tout au long de After the Return.
RETURN TO THE DREAMTIME est une solide interprétation en concert d'un album extraordinaire qui méritait rien de moins que cette réédification par Steve Roach. On ne pouvait espérer autant et pourtant c'est tout un tour de force que ce dernier réalise en apportant une vision contemporaine à des textures qui métissent les deux distances temporelles sans que cela n'altère d'un iota les profondeurs de cette œuvre intemporelle. Et au final, RETURN TO THE DREAMTIME suit la logique et s'impose comme la suite parfaite, sinon le compagnon idéal, pour les 30 ans de Dreamtime Return. Bravo Steve!
Sylvain Lupari (20/08/18) *****
Disponible au Steve Roach's Timeroom
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