“Oh que cette musique a bercée, consolée et apaisée mes nuits de songes et de tourments”
1 Reflections in Suspension (16:39)
2 Quiet Friend (13:15)
3 Structures from Silence (28:33)
Fortuna Records | FOR-LP024
Projekt | PROJEKT119
(CD 58:42)
(Musique ambiante)
Oh que cette musique a bercée, consolée et apaisée mes nuits de songes et de tourments, à ronger mon amertume. À l'époque je n'étais pas ce que l'on pouvait appeler un amateur de musique ambiante. Brian Eno? Très peu pour moi, mis à part quelques trucs, trop rares, mélodieux. Lorsque j'ai entendu STRUCTURES FROM SILENCE pour la première fois, la MÉ de style Berlin School avait rangé ses rythmes et harmonies analogues pour une ère plus digitale et la musique ambiante inondait les haut-parleurs des adeptes du mouvement Zen. Le choc pour mes oreilles était assez perturbant. J'avais déjà entendu, et j'étais déjà séduit, Now & Traveller; deux albums dont les rythmes séquencés s'inspiraient justement de la Berlin School. Le Pacific School (je dois ce terme à mon ami Fabrice) commençait à remplacer le Berlin School avec des artistes émergents tels que Michael Stearns, Robert Rich, Craig Huxley, Ray Lynch et Mannheim Steamroller. La musique était plus douce. C'était le New Age. Du côté purement électronique il y avait bien Synergy mais la MÉ, à tout le moins ici, avait déjà changé d'orientation.
Et atterri STRUCTURES FROM SILENCE sur ma Linn. Je n'avais jamais entendu une musique aussi lyrique, même pas celle de Klaus Schulze. Je me rappelle cette petite mélodie bouclée qui émergeait entre les frottements de mon aiguille et les sillons du microsillon. Comme un oiseau non-répertorié qui roucoulait dans une brume sibylline, la mélodie de Reflections in Suspension est entrée dans mes oreilles pour la marquée au fer rouge. C'est depuis ce jour d'automne de 1984, j'avais le mouron, que mon histoire d'amour avec Steve Roach s'enracina pour de bon. Même dans sa phase la plus tranquille. Mais peut-il y avoir plus tranquille que STRUCTURES FROM SILENCE?
On ne peut décrire le silence. Mais les éléments qui y amènent, oui. Et c'est toute la beauté de cet album; tout nous amène au silence, à la paix intérieure. La mélodie obsédante de Reflections in Suspension roule de ses boucles minimalistes sur des nappes de synthé qui de minute en minute offre un subtil crescendo dont la douce implosion nous hypnotise. On entend du prisme chanter, de même qu'une chorale invisible murmurer les soupirs de la contemplation. C'est comme se bercer dans un hamac, sous les étoiles, par des vents de cristal et des brises elfiques. Définitivement, Steve Roach venait de donner des textures harmoniques à la MÉ d'ambiances. Quiet Friend est aussi beau. Jouissant d'une superbe intro ambiosphérique, où les nappes de synthé flottent dans l'espace comme ces petites eaux piégées dans un long cylindre qui se balance au fil du temps, la mélodie éclot vers les 8 minutes. Roach mélange habilement ses voix astrales et ses ondes de quiétude qui ne forment qu'un longiligne mouvement arythmique. Et lorsque la sérénité et le sommeil envahissent nos sens, une délicate mélodie, à peine formée, fait chanter ses arpèges qui défilent maladroitement. La mélodie respire celle de Reflections in Suspension mais en plus fragile. Et ces arpèges valsent nonchalamment sur le lit d'une eau limpide où les clapotis silencieux reflètent leurs fragiles symphonies de cristal. Mais nous dormons déjà. La pièce-titre est d'une simplicité à découdre les paramètres de tout stress. Steve Roach fait chanter les lentes lamentations des oblongues et silencieuses vagues d'une mer calme dans nos oreilles tout au long des 28 minutes que dure cette abstraite symphonie sur les structures du silence. Mais on dort déjà! Chut…..
Sylvain Lupari (07/12/13) *****
Disponible chez Projekt
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