“C'est endormant mais pas dénué d'intérêt, car autour de ces couches anesthésiques vit une captivante flore organique”
1 The Dream Circle 73:57
(DDL/CD 73:57)
(Ambient, tribal ambient)
Les années 90 sont celles qui m'ont éloignées le plus des albums de Steve Roach. Comme j'ai du rattrapage à faire, je suis sauté sur l'occasion de découvrir ce THE DREAM CIRCLE, que j'avais entendu une couple de fois auparavant sans jamais avoir cliqué sur les ambiances méditatives. Faut dire qu'à l'époque, la Berlin School et le Heavy Métal étaient mes priorités avec l'émergence britannique du genre Big Beat. Dans une version remasterisée par nul autre que Howard Givens, THE DREAM CIRCLE 2020 Remastered Edition offre une nouvelle perspective sonore avec un meilleur équilibre entre la faune organique, les bruits mouillés des cavernes et les lentes modulations des nappes de synthé se déployant comme d'immenses ailes captées au ralenti. Je peux vous dire que j'ai dû ramer fort pour finalement apprécier les presque 74 minutes de cette symphonie sur le silence des ombres et des ondes. Et ce nouveau remaster en est grandement responsable.
Une ombre musical, captée par mon oreille gauche, s'élève au même moment qu'un clapotis d'une eau ruisselante étouffe sa liberté. Déjà, la multiplication des ondes et de brises amènent ce long mouvement à faire radier son univers. Premier constat; qui dit remasterisation dit aussi amplification! Tout est mieux découpé ici. Avec ce remaster, cette faune et le débit deviennent en 3D. C'est donc dans une nouvelle enveloppe sonore amplifiée que nous apparaissent ces petits détails qui rehaussent significativement mon intérêt pour la découverte de cet album que j'ai déjà boudé. Tout au long de ce premier parcourt, mes oreilles sont stupéfaites d'entendre de longs gémissements de synthé et des articulations vocales à peine compréhensibles. Il y a une étrange présence fantasmagorique qui rôde dans les parages de The Dream Circle. Des voix séraphiques s'élancent des modulations des woosshh et des wiishh, ramenant la quiétude à un niveau séraphique. Ça devient immensément tranquille. Visualiser l'écoute de cet immense œuvre, qui fait partie des favorites du patrimoine Roach, est comme surveiller un fleuve à dos d'aigle où nos oreilles captent les bruits d'une faune organique sur le qui-vive et que nos yeux perçoivent le même mouvement de l'eau flottant sur un lit de sable sans obstacles, ni accrocs pour modifier ou amplifier son débit. Seulement de longs objets dont les mouvements activent la nature en soufflant des brises qui s'étendent avec l'effet papillon. La flore tonale est nettement mieux définie avec une belle variété de tons végétal comme animal où l'impression de vivre de nuit persiste avec ces esprits de vieux guerriers hantant les lieux.
Au fil de ses minutes et de cette quiétude grandissante, j'ai compris que THE DREAM CIRCLE 2020 Remastered Edition est un titre absolu, (un autre?) pour éteindre une nuit où le sommeil se tiraille avec nos idées. C'est calme, mais pas plate! C'est endormant mais pas dénudé d'intérêt, puisque autour de ces nappes anesthésiantes vie une flore organique captivante qui nous ramène à la genèse d'un cercle de rêve qui tourne et tourne…ainsi va THE DREAM CIRCLE
Sylvain Lupari (23/03/21) ****½*
Disponible au Timeroom Editions Bandcamp
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