“Comment Steve Roach peut-il être aussi séduisant après autant d'albums dans la même veine? Découvrez-le avec ce sublime The Passing”
1 The Passing 59:19 Timeroom Editions | TM39
(CD 59:19) (Ambiant harmonieux)
Steve Roach a connu une fin d'année 2016 très productive avec 3 albums parus en Décembre. Et chacun de ces albums visitait les territoires soniques occupés par le synthésiste-penseur américain depuis qu'il a lancé Now en 1982. Je ne compte plus les albums depuis ce temps-là, tellement ils sont nombreux et noyés dans une impressionnante liste de rééditions. La dernière fois que j'ai tenté un calcul je crois que je dépassais le chiffre de 100. Mais peu importe! Si certaines de ses œuvres sonnent comme du déjà-entendu, notamment au niveau de la musique d'ambiances sombres, d'autres s'avèrent être des monuments de musique pensive, méditative et transcendantale. Comme cet impressionnant THE PASSING que Steve Roach a conçu en 5 jours, juste à temps pour être offert en format téléchargeable le jour de son 62ième anniversaire le 16 Février 2017. Habilement masterisé par Howard Givens, ce dernier album respire les doux parfums des meilleures musiques méditatives du musicien sculpteur d'ambiances californien. Un énième album de paysages sonores méditatifs! Est-ce que la source se tarie? Pas du tout! À tout le moins pas ici.
L'aventure contemplative débute avec une onde sourde qui étend sa présence, comme un guide nous faisant découvrir la grandeur des espaces vides. Des filaments brumeux s'extirpent de cette dense ombre qui semble flotter comme un passage vers un autre territoire. On peut entendre des flûtes secrètes manipuler la lourdeur incandescente de cette ombre dont les murmures se reflètent en un long bourdonnement incessant. C'est autour de la 14ième minute que le charme devient évidence! De lentes ailes porteuses d'harmonies sibyllines se mettent à planer tout autour de cette longue muraille de drones vocaux, réfléchissant une séduisante approche harmonieuse dont l’équivalence se trouve dans cette mélodie fantôme que nos oreilles dégustent depuis les premiers balbutiements de Reflections in Suspension, mais en mode lento. Et là loin de moi l'idée d'en tracer un parallèle, puisqu'au fil du temps j'ai compris qu'il y a qu'un Structures from Silence. Tout ce qui y ressemble, mis à part Emotions Revealed, n'est qu'un mirage que l'on aime comparer. Mais cette mélodie ailée possède néanmoins ce même effet de réconfort, d'entendre un vieil ami. On flotte avec cette mélodie minimaliste aux formes incertaines et assurément vaporeuses qui affiche constamment une inflexion accentuée, comme un flottement qui devient virale. Parfois j'ai l'impression que Steve larmoie à travers ce passage opaque tellement le ton de la mélodie est une réflexion de compassion et où les lents mouvements aux ailes plombées de couleurs moirées se prosternent comme des prières. Une mélodie insidieuse mes amis dont les couches méditatives enchevêtrent les couleurs de l'unisson dans une lente spirale horizontale. Un peu comme le spectre d'un calmar géant dans un fond océanique irisé par les mille feux d'un soleil plombant. Mes oreilles, qui sont estampillées d'empreintes musicales de milliers d'albums de MÉ depuis plus de 35 ans, reconnaissent ici cette mélodie spectrale, très froide et aromatisée de poudre de cuivre, mais oh combien délicieuse de Mojave Plan dans White Eagle. Sauf qu'ici elle est plus lente et surtout plus enveloppante. C'est comme si nous étions entre deux univers. Bref, l'imagination devient fertile à mesure que nos émotions grimpent avec cet indéniable effet de crescendo qui sommeille entre les entrailles de The Passing. Un si long titre peut-il cacher un effet de redondance? Un tarissement de notre intérêt? Ça dépend toujours de nos attentes. Sauf qu'à ce niveau THE PASSING n'est pas vraiment différent des autres messes soniques de Steve Roach. Par contre nous avons toujours cette impression que The Passing évolue avec de subtiles différences de par ses couleurs qui changent à mesure que nos oreilles la perdent dans le magnétisme toujours prenant de cette lente membrane ombragée qui irradie le mysticisme de The Passing. Bref un autre très beau monument de musique d'ambiances méditatives de Steve Roach. Le voyage est beau et doux, la mélodie est envoûtante et la structure est imprégnée de cet envoûtement unique à Steve Roach. Du grand Roach! Mais là j'ai l'impression d'être redondant.
Sylvain Lupari (17/05/2017) *****
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