“Un splendide album avec cette vision unique de rythmes naissant des poussières de sons que Steve Roach crée depuis des lunes”
1 Spawn of Time 17:51
2 Indigo Moon 5:39
3 Trance Genealogy 15:45
4 Long Shadow 6:09
5 Birthpulse 5:20
6 Firebreather 4:51
7 Unearthed 6:27
8 Soul Archeology 11:50
(CD/DDL/Spotify 73:56)
(Trance ambient)
Le mot perfection flirte avec Steve Roach depuis toujours. Mais ça m'étonne toujours lorsque l'ami Steve nous balance des petits chef d'œuvres dont les qualificatifs commencent à manquer lorsque vient le temps de décrire son univers enchanteur. Déjà que Bloom Ascension est en lice pour l'album de l'année, voilà que le magicien des panoramas dont les évolutions sont fixées à nos perceptions revient en force avec un très solide TRANCE ARCHEOLOGY. Et le moins que l'on puisse dire est que la musique colle littéralement au sens de ce titre qui laisse présager un gros 74 minutes de musique transe-tribale. Et c'est effectivement le cas! Hormis des passages nécessaires pour appuyer la renaissance de ces extractions rythmiques qui jaillissent sous des formes de boucles hypnotiques. Oubliez les séquenceurs! La base des rythmes s'appuie sur des percussions tribales et des boucles de synthé et d'effets sonores qui tambourinent et roulent sous les magnétisantes couches de synthés et leurs ombres teintées de noirceur. Bref, un splendide album avec cette vision unique de rythmes naissant des poussières de sons que Steve Roach crée depuis des lunes.
Un étrange bruit, comme un limaçon éructant, s'extirpe du silence en même temps que des billes de verre et d'acier enchevêtrent leurs cognements musicaux dans une masse sonore en éveil. Spawn of Time prend son temps avant d'imposer sa structure de rythme tribal qui s'élève entre les roulements percussifs des billes et qui s'agite comme les pas de guerrier-danseurs au-dessus de cet amas de tons organique-percussifs. Et c'est tout au long des 8 chapitres de son dernier opus que Steve imagine et met en chantier son impressionnant attirail de tons aussi inaccoutumé que très séduisant. Au-dessus de ces tons se dessinent des ondes et des ombres d'un synthé toujours aussi imposant et attiré par les sources des ténèbres. Les tamtams sont présentés dans une forme minimaliste, laissant libre cours à Steve Roach pour insuffler à ses structures les fruits de sa compréhension de ce qui entoure la Terre et de ce qui se créé, aussi microscopique que ça peut-être, dans son sein. Ces longs lassos tissés dans le bruits des drones réverbérant enveloppent la finale d'un voile cabalistique, laissant ainsi libre cours à notre perception. Sombre et caverneux avec ces vents venant des interstices du noyau terrestre, Indigo Moon laisse flotter une approche mélodieuse dont le contraste avec les éléments l'entourant nous conduise à Trance Genealogy qui enroule nos oreilles avec une spirale déposée à nos pieds.
Des dizaines de boucles kaléidoscopiques jaillissent. Elles montent et tournoient avec ces tonalités pétillant de sons micro-organiques en s'appuyant constamment sur une ossature rythmique minimaliste activée par la multiplication séquencée des boucles hypnotiques. Ces boucles insaisissables sont aspergées de particules sonores venant d'une masse de sons s'étiolant en aspergeant nos oreilles d'éclaboussures sonores alors que des nappes aux tonalités de violoncelles étendent une aura corporel qui conduit Trance Genealogy vers les modulations ambiantes de Long Shadow. Ici, les mugissements ont deux teintes. Les ombres du synthé s'étirent comme un longiligne archet gémissant sur des milliers de cordes où sont cachées ces voix absentes qui reviennent constamment hantées notre ouïe dans les moments sereins de l'album. Birthpulse reprend les territoires rythmiques de TRANCE ARCHEOLOGY avec une vision très aborigène. Des tamtams résonnent à l'ombre d'une lourde basse pulsatrice, jouée par Will Merkle, sur une structure légèrement bondissante digne du titre de ce dernier album de Steve Roach. Il y a un léger effet élastique formant des échos dans cette conception rythmique dont la vision organique enflamme le bouillonnant Firebreather. Magique, cette phase remplie mes oreilles, comme mon imagination qui voit cette danse de transe tribale interprétée par un shaman agitant os et crotales de ses mains en psalmodiant des incantations vertigineuses. La présence de Robert Logan n'est pas étrangère à cette nouvelle banque de sons qui émerveille mes Totem Tribe de même que mes oreilles. Unearthed poursuit cette approche de rythme lourd et lent qui tente de survivre dans un pattern d'échantillonnages sonores qui semble s'éloigner des origines de TRANCE ARCHEOLOGY. C'est doucement, et avec Soul Archeology, qui Steve fait baisser peu à peu la température rythmique de son dernier opus et, par ricochet, notre excitation circadienne. Le rythme pulsant avec un effet de ventouse dans son arrachement des parois du vide reste dangereusement envoûtant. Des ombres du synthé viennent voiler les ambiances en mode; dormir c'est pour bientôt, avec de lents mouvements qui zigzaguent en laisser dans leurs sillons des vestiges de la série Immersion. Une finale imposante pour imposer la quiétude d'un autre chef d'œuvre de Steve Roach.
Sylvain Lupari (27/12/19) *****
Disponible chez Projekt Records
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