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Writer's pictureSylvain Lupari

Steve Roach What Remains (2022) (FR)

Updated: Sep 20, 2022

Notre ami Steve récidive avec un album majestueux qui tourne tout autour de ses empreintes musicales

1 Currents of Compassion 26:06

2 Prometheus Passage 7:18

3 The Gone Place 21:38

4 What Remains 15:21

Projekt PRO399

(CD/DDL 70:23)

(Ambient, Berlin School, Tribal)

La musique vient de loin! Un peu comme si elle était timide à la simple idée de son pouvoir d'envoutement. Un bourdonnement autour duquel se forge des boucles oscillatrices à peine saccadées camouflent des percussions électronique qui animent Currents of Compassion de ses divers courants de rythme endormitoire. Il y a cette suite d'arpèges discrets (3 ou 4) qui roulent en boucles, ces percussions et ces feulements organiques qui structurent un rythme hypnotique alors que le synthé lance ces nuages de brume mystique et une courte ligne de mélodie évasive qui nous ronge les sens. D'une douceur soporifique, le rythme de Currents of Compassion monte et descend, comme sur un escalier-roulant qui n'a que deux marches, en boucles temporels minimalistes. Architecte des sons et orateur des messes électroniques atypiques, Steve Roach multiplie les contacts avec son savoir en élaborant une longue structure à laquelle il greffe des sons, des éléments de rythme ambiant et des harmonies, comme ce fil électrostatique qui roule en boucle tout en irradiant les ambiances de sa présence spectrale, dans une symphonie poussée par un éloquent jeu de percussions et d'effets percussifs organique magnétisant. Le pouvoir du modulaire! Steve Roach le manipule depuis Skeleton Keys en 2015 et l'élabore avec tout son art dans ce grandiose titre où l'on peut dormir, rêver les yeux ouverts ou simplement en écouter le déroulement sur 26 minutes de pur plaisir. Savoureusement hypnotique…

Habitués que nous sommes aux grandes œuvres de Steve Roach, c'est toujours avec étonnement qu'on entend le musicien américain se surpasser à chaque nouvel album. WHAT REMAINS ne bouscule rien cependant! Ce dernier album de Roach propose rien de moins qu'un regard musical sur son étonnante carrière avec 4 longues structures musicales qui font le lien entre ses diverses influences. Currents of Compassion aurait pu être un titre de Klaus Schulze tellement son approche hypnotique flirte avec la Berlin School de ce grand musicien décédé récemment. Si ce n'est pas un hommage, c'est tout comme! L'album possède un titre tribal qui flirte avec les essences des peuples australiens comme africains dans une longue structure qui unit les deux pôles. Et il y a bien sûr un de ces titres qui remontent le temps, comme un superbe titre d'ambiances ténébreuses. Un cocktail pour passer 70 minutes de pur bonheur!

Si on a vu le film Promotheus de Ridley Scott, il est facile de faire un possible lien entre les ambiances qui flirtent avec les ténèbres de Prometheus Passage. C'est un titre très sombre qui est rempli d'un langage borborygme où plus on s'enfonce et plus on entend ces airs plaintifs de synthé un brin apocalyptiques remplir nos oreilles d'un léger enchantement chtonien. Du Dark Ambient plus que réaliste et bien au-delà des messes noires de la série Immersion! Ces lamentations ténébreuse occupent le décor de l'impressionnant The Gone Place qui nous ramène à la merveilleuse époque des rythmes tribaux australiens. Ce très long titre est ce qui deviendra un incontournable dans les centaines de titres du compositeur américain. La basse vrombissante et la texture des percussions électroniques augmentent une cadence qui résonne comme un battement de cœur affolé entre les multiples effets organiques et les riffs de clavier, structurant une transe ambiante qui se remplit de brises chantées, de souffles sans oxygène et d'effets de voix d'un synthé généreux de ses offrandes sonores tous aussi enchanteurs qu'intrigants. Peu à peu, les ambiances des déserts australiens permutent pour celles d'un jungle sonore qui fait entendre ses effets organiques et ses airs païens sous l'effet de gourmandise d'un rythme qui anoblit sa lourdeur dans de somptueuses nappes envoutantes lorsque nous entrons dans la seconde moitié de The Gone Place. C'est un peu après la 12ième minute d'ailleurs qu'une fusion entre les univers Australes et Africaines se dessine sous des souffles et des harmonies de synthé plus spectraux, rappelant avant tout le contexte dans lequel Steve Roach aime travailler. Un superbe titre qui diminue tranquillement sa cadence, un peu comme cet hypnotiseur cherchant à nous soutirer de son hypnose. Excellent, The Gone Place vaut à lui seul l'achat de WHAT REMAINS! Vous vous rappelez ces sombres murmures, ces vagues de fond qui nous berçaient jusqu'à nos rêves dans la pièce-titre Structures from Silence? Ou encore ce titre perdu dans les voutes de Steve sur Emotions Revealed? L'ami Steve remet ça avec un majestueux 15 minutes où What Remains séduira même Morphée. Il n'y a rien de plus à écrire sur la façon dont se conclut cet autre petit chef-d’œuvre de Steve Roach qui me rend totalement dépendant de ses émotions. Ici comme dans beaucoup de ses albums dont le dernier de cette ampleur est sans doute le merveilleux Tomorrow. Disponible en CD et téléchargement à partir du 5 aout chez Projekt Records.

Sylvain Lupari (30/07/22) *****

Disponible chez Projekt Records Bandcamp

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