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Writer's pictureSylvain Lupari

STEVE SMITH & THE TYLAS CYNDROME: Phoenix Arising (2011) (FR)

Solide, percutant et teinté d'un romantisme cinématographique, Phoenix Arising de Steve Smith & The Tylas Cyndrome est une très belle surprise

1 Spanish Storm 10:33 

2 Somewhere out There 10:05

3 Clockwork Freries 7:00 

4 Inner City 8:12

5 Instand Recognition 8:08

6 Anticipation Long Distance 8:02

7 Deep Depression 8:49 

8 Phoenix Arising 8:45

(CD/DDL 69:50) (V.F.)

(Progressive e-rock)

Steve Smith est la 2ième moitié de Volt, un duo Anglais qui présente une MÉ lourde fortement influencé par le Berlin School. Avec des amis de longue date; Alan Ford aux guitares et Les Sims aux batteries, il a pris le temps qu'il faut pour forger un étonnant album aux envoûtantes ambiances cinématographiques. Navigant entre les fougueux rythmes d'une England School fortement influencée par Mark Shreeve et Redshift ainsi que les ambiances plus éthérées de la Berlin School, PHOENIX ARISING explose sur des structures de rock électronique progressif tout en préservant jalousement une approche très poétique sur 8 titres aux évolutions aussi complexes que très agréables aux oreilles.

Un fort vent menaçant souffle sur les plaines introductives de Spanish Storm, éveillant de puissants tonnerres qui déchirent l'opacité des vents. Au loin, on peut entendre une guitare acoustique échapper ses notes parmi des gouttes de pluie. Une sinueuse onde réverbérante supporte ce canevas musical très théâtral, alors que la guitare dessine une délicate approche latine et que le rythme de Spanish Storm s'éveille peu à peu avec de fines percussions tribales espagnoles qui palpitent à l'ombre des notes d'Alan Ford. La batterie approfondit cette approche rythmique embryonnaire et stationnaire qui s'enrichit d'un chatoyant lit de séquences miroitantes qui dansote d'un timide débit saccadé. Un mellotron souffle les lignes d'une mélodie astrale, et les percussions tombent. Embrassant un délicieux crescendo harmonieux, le rythme chevauche notre imagination. Tantôt lourd et tantôt fluide, il se repose au creux d'une guitare acoustique romanesque et explose dans les solos d'une guitare électrique rageuse dans une phase supportée par de puissantes percussions, des séquences palpitantes et une superbe ligne de basse. Ce mélange de rythmes explosifs et pondérés à des ambiances tant cinématographiques qu'éthérées nourrit les structures évolutives et les mélodies accrocheuses des 8 titres qui composent ce premier album de Steve Smith & The Tylas Cyndrome. Les séquences chatoyantes y abondent. Elles ouvrent d'ailleurs la porte à Somewhere out There qui rayonne avec les multiples approches du séquenceur. Sur un rythme circulaire et ascendant, les lignes de rythme ambiant s'entrecroisent et tissent un canevas musical à la fois mélodieux et intrigant, fouillant les pénombres de Redshift et Mark Shreeve. Des influences qui sont le cœur de ce bel album, comme sur Instand Recognition et Anticipation Long Distance. Sobres, les guitares et les synthés font couler de délicats solos et sculptent de belles mélodies qui chantent et s'accrochent aux différentes approches du séquenceur. Suivant ce pattern de structure rythmique progressive et divisée, Clockwork Freries embrasse les airs d'une innocente comptine un brin maléfique avec des séquences interposées qui sautillent délicatement sous les souffles d'un synthé légèrement fantomatique. Ambivalent, le rythme court sur des frappes de percussions sèches alors qu'une guitare rêveuse laisse filer des doux solos à la Al DiMeola, alliant un rock jazzé à des ambiances spectrales.

Furieux, Inner City épouse quelque peu la puissante chevauchée de la finale de Spanish Storm avec de vigoureuses séquences qui ondulent vivement et de solides percussions qui martèlent un lourd rythme infernal. Délicieux, le synthé lance de belles lignes mélodieuses qui ressemblent à des lamentations spectrales alors que la guitare nous parle sur un rythme emphatique où des séquences miroitantes ajoutent une profondeur cadencée aux passages plus nuancés. C'est un titre puissant, comme une lourde chevauchée dans un Western apocalyptique. Tout comme Instand Recognition qui palpite sur une délicate approche spasmodique où les airs prennent les apparences de lamentations spectrales. On devine une influence très Redshift ici. Des chuchotements perdus dans une intro bigarré amène Anticipation Long Distance vers une belle structure mélodieuse qui s'apparente à l'univers des ballades de Tangerine Dream. Hybrides, les séquences épousent les souffles flûtés d'une fascinante comptine surréelle alors que le synthé, très mélodieux, laisse partir de beaux solos harmonieux. Le tout s'appuie sur une belle structure rythmique où basse et percussions supporte sobrement une structure mélodieuse qui dévie vers une finale apocalyptique, digne de l'univers de Mark Shreeve et son album Legion. Parlant ballade, Deep Depression en est une superbe. Tout est dans le ton. Le rythme est lent et supporte une approche mélodieuse très mélancolique, un peu comme dans l'univers de David Wright. La guitare est sublime. Elle flotte au-dessus de cette structure onirique, libérant de fins solos qui dansent et chantent sur des accords en perdition. Le rythme finement hachuré et hésitant, Deep Depression évolue avec la tristesse de son appellation pour s'échouer dans une superbe finale orchestrale où les solos de guitares fouettent les chœurs de mellotron qui embrassent un rythme lourd et lent avant de replonger dans les accords résonnants d'un piano romanesque. Après une lente intro planante les séquences de Phoenix Arising s'agitent nerveusement, dessinant un rythme sautillant. Une autre ligne avec une tonalité de basse se joint à ce carrousel frétillant, préparant une autre chevauchée rythmique progressive qui se conclut dans les souffles d'un synthé philarmonique et d'une guitare aux sobres solos.

Solide, percutant et teinté d'un romantisme cinématographique, PHOENIX ARISING de Steve Smith & The Tylas Cyndrome est une très belle surprise. Sur des rythmes et ambiances en constant mouvement, le groupe tisse un imposant scénario musical où les bases de la MÉ flirtent avec les lourdeurs de l'England School et les structures parfois complexes et déstabilisantes que l'on retrouve dans une musique plus progressive. Voilà un beau coup de cœur et un album qui s'écoute à tout moment.

Sylvain Lupari (4 Janvier 2012) *****

Disponible chez Groove NL

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