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Writer's pictureSylvain Lupari

SULA BASSANA: The Ape Regards His Tail (2017) (FR)

“Avec son mélange de Krautrock, The Ape Regards His Tail a cette fraîcheur insoupçonnée pour un album si près des années vintage”

1 Beginning 5:38 2 Dreams 2:30 3 Rocks 1 3:22 4 Desert 9:11 5 Sand Waves 9:46 6 Rocks 2 3:15 7 Water 20:03 8 Ending 4:58 Sulatron Records ‎– ST1705

(CD 58:43) (Ambient, minimalist, Cosmic Rock)

Voilà ce que j'appelle une trouvaille! Je ne connaissais pas Sula Bassana avant qu'il ne me contacte afin que j'écrive une chronique à propos de son dernier album, THE APE REGARDS HIS TAILS. Une trame sonore pour un film de Michael Yates à propos d'un homme sans mémoire qui se réveille dans un paysage désertique et essaie de découvrir ce qui se passe, cet album est un petit bijou de la MÉ des années analogues avec des paysages sonores qui enchanteront les oreilles de ceux qui ont dévorés les premières œuvres planantes de Klaus Schulze, dans une approche plus musicale, et les premiers mouvements de séquenceur de Tangerine Dream. Mais qui est Sula Bassana? Les amateurs de rock psychédélique Allemand, genre Electric Orange et Modulfix, reconnaissent ce nom qui en réalité est celui de Dave Schmidt, fondateur et guitariste du trio de rock cosmique et psychédélique Electric Moon. Avec une quarantaine d'albums à son actif, il est clair que nous avons affaire ici à un artiste complet qui est capable d'œuvrer dans n'importe quelle sphère musicale. Et pourtant, THE APE REGARDS HIS TAILS est une première pour le musicien Allemand. Une première trame sonore qui rejoint admirablement bien les images et les ambiances d'un film destiné à un public qui veut voir plus que du spectaculaire.

L'album débute avec une goutte de son qui tombe sur une pellicule métallique tendue au maximum, irradiant les dizaines d'arcs sonores de Beginning. D'autres gouttes tombent et leurs échos appellent un lointain monde tibétain alors que les arcs qui s'élargissent se fondent en des chants ambiants, fusionnant en un horizon sonique aussi pénétrant que les souffles arides du désert. Un pont aurait pu unir Beginning à Dreams, tant les ambiances des chants sibyllins s'apparentent. Et nous remarquons pour la première fois cette fragrance d'éther qui nourrissaient les premières œuvres de Klaus Schulze. Les gouttes de sons sont remplacées par de fins mouvements aussi tranchants qu'un scalpel sonique qui se déplacent en boucles. Rocks 1 instaure les premiers balbutiements d'un rythme poussé par des pulsations et des réverbérations de gong. On dirait de respirations de machinerie qui allient ses ombres menaçantes à des chants de Mellotron. Des larmes de six-cordes ajoutent une dimension psychédélique à cette fascinante marche vers l'inconnu. Nous venons d'entrer dans le cœur de cet album! Tel un vagabond dans le désert encerclé de mirages, Desert suit avec cette lourdeur rythmique hypnotique qui animait Rocks 1. Si le décor est plus musical, la marche pesante et assoiffée du rythme est du bonbon pour ceux qui raffolent des structures minimalistes tranquilles. Des structures qui servent de prétextes à jeter dans les airs des notes d'une guitare errante et des effets du vagabond des sons, le compagnon de l'homme sans mémoire, afin d'instaurer un climat Floydien pré-Meddle.

J'aime ce que j'entends car la musique est une sorte d'union libre entre les ambiances psychédéliques d'Ash Ra Temple, de Pink Floyd et de Tangerine Dream. Et c'est encore plus évident avec Sand Waves et sa structure de séquence rythmique à la Chris Franke. Ça fait très TD avec une habile insertion de boucles de guitare qui virevoltent comme Manuel Göttsching au sommet de sa vision psychédélique. Les boucles et les effets de réverbérations structurent une danse spasmodique que seul le séquenceur tempère avec son approche froide et sans nuance. Évidemment que j'aime! Et je pensais sincèrement que Sand Waves était le pinacle de cet album. Mais je n'avais pas encore entendu, au complet, Water. Ornementé de voix plus distinctes, Rocks 2 est comme le retour aux sources, aux ambiances de l'album. Un peu comme si notre homme sans mémoire tournait en rond. Du haut de ses 20 minutes, Water est un pur monument de musique d'ambiances et flottante unique au modèle de Klaus Schulze, période Cyborg. Les brises sombres qui accompagnent le lent mouvement du clavier sont un peu comme une communion entre la musique de Steve Roach et celle de Schulze dans un climat de sécheresse sonique que seules les délicates implosions animent d'une vie souterraine. Une entité plus industrielle étend des nappes de bourdonnements alors que tout tranquillement Water se dirige vers un merveilleux moment d'extase avec une multiplication de nappes d'orgue qui ajoutent une incroyable dose d'adrénaline à nos émotions. Intense, la finale étreint notre âme avec une fascinante immersion implosive. Les 10 dernières minutes de ce titre sont d'une extrême intensité sonore avec une tonalité très rétro. Après la noirceur, la sécheresse et le désespoir, la valse des arpèges miroitant de Ending, on croirait entendre du Steve Roach période Now & Traveller s'apparente à un baume pour notre nomade sans passé. Et pourtant, rien n'est aussi certain!

Sans tambour ni trompette, THE APE REGARDS HIS TAILS nous tombe dans les oreilles avec une fraîcheur insoupçonnée pour une œuvre aussi près des années analogues. L'approche minimaliste et ce lien entre le Krautrock et la MÉ des années 70 en font un album incontournable pour les amateurs du genre. Une superbe trouvaille qui mérite que je plonge un peu plus loin dans l'univers de Sula Bassana. Je vous en reparle. C'est une promesse.

Sylvain Lupari (31/07/2017) ****½*

Disponible au Sula Bassana Bandcamp

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