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Writer's pictureSylvain Lupari

Sylvain Carel Heritage (2015) (FR)

Voici un autre voyage musical de fantasmes et fantiaisie de Sylvain Carel, un maître des panoramas musicaux du Moyen-Orient

1 Last Song for a Vestal 6:18 2 Gladiator's Arena 5:57 3 Conquest for the Golden Fields 8:22 4 The Gates of Petra 6:09 5 Old Stones Memories 4:31 6 In the Court of the King 6:56 7 Here was the Pilgrim 7:25 8 Solar Priest 7:48 9 Exile 7:14 10 Jasmina Flower 5:09 11 Tribal Dance 7:19 Sylvain Carel Music

(CD/DDL 73:12)

(Cinematographic, orchestral EM)

C'est vrai que je suis gagné d'avance lorsque j'écoute une musique qui possède comme toile de fond le mysticisme des vieilles civilisations arabes. Je suis un romantique et le doux parfum poétique du Moyen Orient m'enivre. Donc, vous devinez que je suis tombé sous les nombreux charmes de ce dernier opus de Sylvain Carel. Pourtant c'est assez étonnant, puisqu'à chaque fois que j'entreprends l'écoute de la musique du musicien/synthésiste français mes oreilles se rétractent. Elles deviennent réticentes. Trop imbibées des complexités de la MÉ? Ou encore de la Berlin School? Comment expliquer! La musique de Sylvain Carel est tout, sauf simplet. Elle est brodée dans l'imagination d'un auteur qui a une vision très sophistiquée de la MÉ. Un auteur qui l'aborde avec une approche philarmonique réservée à des noms aussi prestigieux que Vangelis et, plus récemment, Bernd Kistenmacher. HERITAGE est une aventure musicale épique qui puise son inspiration dans les histoires anciennes où les arômes du Moyen-Orient, de l'Orient et de la Méditerranée se foulent dans de superbes orchestrations. L'œuvre a des saveurs Babyloniennes et très cinématographiques. Chaque intro possède un cachet ambiant teinté de romance et de mysticisme. Sylvain Carel y couche des mélodies évanescentes et évasives qui sont sculptées dans les divers charmes des flûtes, dans des brises aux couleurs astrales et dans des accords de six-cordes acoustiques rêveuses et solitaires. Les voix, que Carel a emprunté aux diverses chanteuses qui ont accompagnées sa musique au fil des ans, sont omniprésentes et ajoutent une dimension très ésotérique. Et chaque introduction suit son crescendo. Une courbe d'émotions qui débouchent sur une panoplie de ballades ou encore des rythmes comme du rock électronique à la Jerome Froese ou de l'électronica. Des rythmes et des romances qui sont empoignés par de suaves orchestrations qui sauront éternellement dompté par les violons d'Éden. Et ça débute en douceur.

Last Song for a Vestal met la table à HERITAGE avec une ouverture assez ambiante. Le synthé tisse des brises aux couleurs de l'abandon et les violons pleurent le ressentiment de ces brises. Une délicate voix onirique murmure sur les ombres d'un piano très méditatif. La mélodie s'enrobe d'une ligne de flûte un peu brouillonne. C'est un peu comme si les spectres voulaient nous faire sentir leurs présences. Le rythme s'éveille tout doucement. Il sautille lascivement dans des brumes astrales avant de recevoir les caresses d'emmitouflantes orchestrations. C'est doux sans être ambiant, c'est animé sans être rythmé. Gladiator's Arena propose un rythme tribal lent mais entraînant avec de bonnes percussions claniques qui moulent une danse suave et hypnotique. Les arrangements sont finement détaillés avec des caresses de violon et aussi avec de tendres coups saccadés. La structure déploie un lent staccato avec d'enivrantes voix spectrales et de superbes percussions, un trésor caché de cet album, où les violons dansent et se déchaînent aux aurores des brumes de flûtes. La richesse et l'enveloppe musicale est tout simplement stupéfiante. Comme partout ailleurs tout s'imbrique avec une étonnante dualité dans les ambiances, les ballades et les mélodies. Et on entend de tout; percussions claniques, guitares méditerranéennes, orchestrations babylonnesques, flûtes des charmeurs de serpents et un habile mélange de voix séraphiques et de voix spectrales berbères. C'est riche et séduisant. Conquest for the Golden Fields est mon premier véritable coup de cœur de HERITAGE. L'intro est forgée dans la soie avec des souffles célestes qui épousent les charmes ambiants d'une flûte païenne. Les violons qui s'invitent étendent une nuée de caresses soniques qui semble tomber des cieux. C'est très intense. Il y a des accords d'une six-cordes acoustique très discrètes qui unifie sa solitude à un mouvement qui dompte ses douces saccades dans la tendresse d'une voix éthérée et dans les tintements d'une clochette que seules les fées des déserts savent rendre autant mélodieuse. L'effet est très genre film biblique. Très babylonien avec une splendide richesse orchestrale. D'ambiante, l'intro devient une ballade finement nouée dans les saccades orchestrales où s'ajoutent des trésors de percussions et des trompettes que l'on entend dans les marches victorieuses. Après 3 minutes sculptées dans l'intensité, le titre plonge dans une phase atmosphérique où les synthés dessinent autant d'ombres menaçantes que de brises flûtées et où les voix spectrales et la guitare acoustique s'échangent leurs charmes.

The Gates of Petra suit avec une approche tranquille qui peu à peu se transforme en un rythme délicat brodé avec des riffs d'une six-cordes acoustiques, des éléments électroniques et toujours ces violons chimériques extirpés du East West/Quantum Leap. Old Stones Memories suit le même précepte. Une belle ballade douce et très ambiante naît des brises du désert et de ses charmes crécelliques. Un délicat piano étend sa mélancolie qu'une flûte enracine encore plus dans le pays de la nostalgie. C'est doux et c'est tendre, même lorsque les percussions et les orchestrations secouent les ambiances par un doux rythme et qu'une voix, ainsi qu'une guitare acoustique, caressent ces ambiances d'une mélodie un peu secrète. In the Court of the King propose une danse d'un genre Électronica après une intro très ambiante. C'est sans doute le titre le plus électronique de cet album et l'ajout d'un genre de Sitar ajoute une saveur très orientale. Here was the Pilgrim est un beau titre poignant. Un titre ambiant riche en orchestrations où les larmes de violons pleurent sur un piano autant mélodieux que songeur. Un violon chinois et une chorale angélique viennent amplifier la dimension de tristesse qui enveloppe le titre le plus émouvant de HERITAGE quoique Solar Priest n'est pas en reste, même avec son délicat rythme parfumé des charmes d'orient qui secoue ses dernières secondes. Encore là, les orchestrations sont savoureuses. Nous sommes sans doute dans la phase la plus tranquille de ce dernier album de Sylvain Carel. Exile suit avec une première portion très ambiosphérique avant de coucher une structure de rythme qui se parfume d'une approche très Électronica. Après une intro charmée par les chants d'une flûte Orientale, Jasmina Flower offre une finale où la douceur maîtrise un très beau jeu de percussions. Tribal Dance termine avec force et en beauté avec une structure endiablée où le rock électronique et l'Électronica nous bourre les oreilles dans un mélange de Tangerine Dream, années Jerome Froese, et d'Enigma. Intense, furieux et très enlevant! C'est toute une façon de conclure une autre belle aventure toute en musique de Sylvain Carel.

Sylvain Lupari (24/07/15) *****

Disponible au Sylvain Carel Bandcamp

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