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Writer's pictureSylvain Lupari

Sylvain Carel Salammbô (2016) (FR)

Sylvain Carel nous invite à un autre majestueux conte musical sur une histoire de la légende de la sultane de Tanit

1 Invocation 8:52 2 The Sacred Veil 9:39 3 Priestess of Tanit 9:24 4 Beneath the Wall 9:04 5 The Gardens of Megara 9:04 6 In the Arms of Salammbô 10:25 7 Three Miles from Utica 8:20 8 Walk to the Temple Gates 6:34 9 Eclipse 7:10

(CD 78:52) (V.F.)

(Symphonic, tribal and cinematographic EM)

Sylvain Carel me fait penser à David Wright, ou encore Vangelis! Dans ce sens qu'il n'a pas son pareil pour moduler des histoires en musique. Bien assis dans son studio et avec l'expérience de ses concerts enrobés d'aspects théâtraux, il a su au fil des ans composer une musique qui épouse parfaitement les formes de ses fantaisies avec un judicieux choix des instruments invisibles qu'il forge dans les interstices de ses synthés. Des voix brumeuses, des parfums de flûtes exotiques, des nappes de violon qui volent avec la grâce des pélicans, des percussions tapageuses forgeuses d'ambiances dramatiques et un habile maillage entre des instruments à cordes et un piano hyper mélancolique sculptent de lents mouvements qui peu à peu grignotent nos émotions. C'est le lit de SALAMMBÔ! Toujours tiré dans ses contes des mille et une nuit du monde Arabe, Sylvain Carel nous invite à une autre majestueuse histoire de légende sultane mise en musique avec son dernier album. Inspiré de la prêtresse de Tanit, SALAMMBÔ met en relief sonique un pan de l'histoire de cette divinité lunaire qui a été vénérée autant pour sa beauté et son pouvoir enrichissant. C'est un peu beaucoup comme la musique...

Une délicate guitare humidifie les poussières de sables et les lignes réverbérantes qui nous initient à Invocation. La première structure de rythme est pensive et se balance avec la douceur des tic-toc des percussions de bois. Une voix séraphique murmure un dialogue berbère alors qu'une ligne de basse (je ne sais pas pourquoi je pense à The Wall de Pink Floyd ici) et les percussions donnent plus de vigueur au rythme qui reste toujours fidèle à une belle ballade sculptée dans une six-cordes acoustique. Des effets donnent une enveloppe un brin dramatique à une musique qui dégage des beaux parfums de voix éthérées. Les arrangements qui suivent épousent un peu l'effet de saccade de la ligne de basse sans pour autant propulser Invocation qui reste toujours aux portes d'un mid-tempo symphonique qui se laisse cajoler par de beaux effets de flûte et de somptueux arrangements qui peuvent dessiner une larme sur le coin de notre œil. On aime? On va dévorer le superbe The Gardens of Megara dont le mélange de rythme légèrement électronique et de riches ambiances cinématographiques (et cette guitare qui danse dans les filaments de séquences) en font le plus imposant titre de SALAMMBÔ. C'est très poétique...Immensément onirique! Évidemment, nous nous sommes pas dans les terres de la Berlin School, sauf que le musicien Français nuance ici ses approches tribales Arabes avec une présence plus accrue des synthés, il ajoutera même de délicats mouvements de séquences, comme dans Three Miles from Utica qui fait vraiment musique Perse électronique, et le puissamment lent Eclipse. Pour le reste, SALAMMBÔ privilégie plus les structures douces et rêveuses qui connectent directement nos oreilles à la boîte à images de notre cerveau. The Sacred Veil est un titre très ambiosphérique où l'on sent l'odeur du sable au travers des lignes gorgées de flûtes et des chants de prisme qui enveloppent les voix morphiques. Ça fait très Kitaro, mais un Kitaro Arabe. Des accords de clavier traînent la pesanteur des émotions de Sylvain Carel dans des harmonies sino-arabes qui sont délicatement perturbées par de délicates implosions de rythme vers la finale. C'est très tranquille et la lenteur des orchestrations est exquise. Et c'est encore plus délicieux dans le très Arabique et serein Walk to the Temple Gates et dont l'essence cinématographique ici ne fait aucun doute quant au talent de Sylvain Carel. Avec sa nuée de cloches qui flottent au vent, Priestess of Tanit nous amène dans le mysticisme du monde oriental. Un piano dépose ses songes sur le lit des violons et violoncelles aux soupirs très Sarrasins. Si les 6 premières minutes sont aussi sereines qu'oniriques, le rythme qui s'échappe épouse un genre de doux Électronica avec des percussions aux tonalités de crotales qui secouent leurs grelots sur un rythme vivant qui est aux limites d'un Jazz festif. In the Arms of Salammbô est sculpté un peu dans le même genre, mais avec un crescendo un peu plus poignant. C'est un titre qui est très cinématographique avec de très beaux arrangements, mais j'ai l'impression de me répéter. Beneath the Wall reste accroché à ce segment de rythmes sans frontières de SALAMMBÔ avec des percussions feutrées qui murmurent un tempo qui actionne seulement mes neurones. Ici comme ailleurs les arrangements sont riches et denses, dessinant des images d'un monde dont la beauté n'a de limites que notre imagination. Une imagination qui suit par contre les couleurs soniques de Sylvain Carel.

Avec une musique aussi inspirée qu'inspirante et qui chatouille ce petit lien qui nous porte à rêver, SALAMMBÔ est sans doute l'œuvre la plus accomplie de Sylvain Carel. Placardée dans 9 titres qui avoisinent les 9 minutes chaque, la musique respire l'inspiration de son auteur qui prend bien soin d'utiliser chaque seconde afin d'enrichir des sculptures soniques qui rejoignent tantôt le diapason de nos émotions et tantôt l'émerveillement devant tant de justesse pour définir un lieu ou une vision. Chaque titre possède un petit quelque chose qui nous attire dans une musique que nous avons appris à découvrir et à aimer depuis les nuits de Caravansary. Oui! Sylvain Carel mérite sa place parmi les plus beaux conteurs de musique. C'est un artiste à découvrir car ici, la musique porte vraiment son nom.

Sylvain Lupari (03/04/16) ***½**

Disponible au Sylvain Carel Bandcamp

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