“De la très belle musique pour rêveurs, imageurs de souvenirs et romantiques”
1 Red Night 7:40
2 Another Rising Day on the Shore 6:20
3 H.de Monfreid 8:44
4 Maharam Bilqis 4:23
5 Far in the Awwam Sands 9:03
6 Mystery Cave 3:50
7 Mountains of Habala 8:53
8 Queen of Sheba 4:48
9 Looking for the Golden Throne 11:40
(CD/DDL 65:26)
(Cinematic Orchestral EM)
L'onde qui initie Red Night est de brume ocrée. Elle vibrionne et fait trembler nos haut-parleurs, témoignant de sa profondeur et de sa puissance tranquille lorsqu'elle subdivise sa portée sonore entre la noirceur et sa pureté. Des ombres d'un hautbois, des caresses de violons et violoncelles ainsi que des accords de guitare pincés avec mélancolie constituent l'essence de ce lent amalgame de lignes qui ondoie comme la sensuelle danse d'un serpent des sables. Une pincée de souffles flûtés, des textures de voix et des effets percussifs de shaman du désert ajoutent une vision sibylline à cette lente ouverture dont le côté électronique se met à survivre à l'orée de la 4ième minute avec des accords qui scintillent dans un mouvement processionnel finement saccadé. Croquant doucement un peu plus nos émotions avec une latente intensité, la langueur de cette procession est quasiment lyrique. Traînant sa nostalgie dans les mélodies évasives des flûtes des marchands de sable, elle s'agrippe à des accords qui tintent comme une promenade de sabots sur un sol mou. La mise en scène musicale qui enveloppe Red Light, enveloppe aussi les 8 autres titres SECRETS OF THE RED SEA qui est la toute dernière offrande de Sylvain Carel. Fidèle à sa signature et à son esthétisme musical, le musicien enveloppe ses compositions de nappes orchestrales dont les lentes envolées sont parfumées des essences du Moyen-Orient et sont destinés à procurer des frissons aux plus grands rêveurs et romantiques d'entre nous. Il ajoute une panoplie d'instruments acoustiques, dont ces flûtes de synthés qui émiettent leur poésie sur les cordes de violons, ainsi que des textures de voix dont les différents diapasons d'émotions sont l'apanage d'une musique électronique (MÉ) raffinée de par sa vision lyrique. Les rythmes sont pour la plupart légers et lents, épousant à merveille les visions d'un univers de rêves et de milles merveilles. Sa vision cinématographique coule sur les imaginations qui rêvent toujours de ces dunes et de ces routes de sables qui ont marqué l'histoire et écrit les légendes de cet univers de romance et des contes des 1001 nuits. Ce nouvel album de Carel s'inspire des aventures et des contes qui ont donné naissance à ces histoires vécues et/ou racontées dans les majestueuses terres qui bordent la mer Rouge.
C'est avec une escalade d'arpèges aux tonalités limpides que Another Rising Day on the Shore s'accroche à nos oreilles. Le mouvement carillonnée évolue en forme de spirale ascendante sur de souffles flûtés, des arabesques de violons chimériques et des nappes de synthé brumeuses. Délicat, le mouvement devient une belle ballade éthérée qui tournoie à la verticale entre des effets sonores scintillants. Sylvain Carel ajoute de tendres orchestrations romantiques et des textures de voix qu'il contrôle au gré des émotions que la musique fait couler. Une ombre de basse se met à palpiter après la 4ième minute, structurant un lent downtempo qui se meut lascivement sous des complaintes d'un saxophoniste égaré dans le creux d'une dune. Henri de Monfreid est un iconoclaste aventurier pour le moins attachant qui naviguait en toute insécurité sur son célèbre voilier arabe. C'est en son honneur que H.de Monfreid déploie sa structure cinématographique avec une intense ouverture orchestrale aux forts parfums du Moyen-Orient. Le clavier tente de dicter une cadence qui refuse de s'envoler, constituant plutôt une mélodie qui s’incruste entre les effets chatoyant du synthé et ces grosses percussions orchestrales qui injectent une dose d'intensité passive à une musique tantôt stimulée par les voix, tantôt par les envolées des violons. Entre agitation et tranquillité, H.de Monfreid évolue comme son boutre sur cette dense orchestration qui simule à la fois les vents et les courants marins. Les orchestrations sont dignes des prises de vue consacrées à l'épopée des voyages sur une mer tumultueuse. Bien que légèrement animé par des percussions sans vie, Maharam Bilqis est un titre lent qui coule avec un mélange d'orchestrations et de voix qui flottent sur une surface lisse. L'intensité croissante des orchestrations amène une vision plus poétique et cinématographique que purement atmosphérique.
On accroche dès la première écoute au rythme de Far in the Awwam Sands qui est un surprenant rock électronique imbibé d'une vision Électronica à saveur berbère. Emporté par une solide batterie aux frappes lourdes et résonnantes, le rythme est sec, nerveux et saccadé avec de bons effets staccatos. On dirait une fiévreuse danse tsigane des sables. En contrepartie, les orchestrations et les textures de voix sont en mode lento. Un contraste qui s'invite très bien entre nos oreilles. Comme son titre l'indique, Mystery Cave est une toile musicale imprégnée de mystère avec son ouverture ciselée par des effets de drones réverbérants et d'ondoyantes ondes de synthé aux arabesques de nébulosité. De premiers effets sonores chevrotent alors qu'une structure de rythme se met à clopiner candidement. La musique est plus électronique sur ce titre avec un synthé qui éparpille ses boucles mélodieuses. Les effets sonores, plutôt percussifs, et les lamentations aux teintes contrastantes, comme les souffles de synthé, sont parmi d'autres éléments qui attisent l'écoute. Mountains of Habala est un long titre qui se développe lentement. Des brises creuses et des ondes se gonflant de réverbération composent son début. Des souffles de flûte et des prismes émiettés dans ces courants sonores ajoutent une touche séraphique que le synthé agrémente avec une ligne de mélodie cadencée. Réverbérations grondantes et accords de guitare acoustique, voix célestes et caresses de brises chaudes, comme des souffles flûtés, sont au diapason de cette ouverture onirique qui suit la cadence harmonique. Des arpèges miroitent comme une eau vive cernée. Le synthé laisse partir des chants plus aiguisés, ajoutant un élan de romance à ce titre qui développe une seconde partie plus intéressante avec une texture Électronica assez raffinée. Les percussions restent aussi sobres que ces chants exaltés. On y entend de bons effets percussifs, une ligne de basse un brin stroboscopique et des tintements arabes. Queen of Sheba propose une superbe ballade lente dont les fragrances du Moyen-Orient respire l'extase de la contemplation. Répondant à de splendides orchestrations, son rythme est lent et envoûtant. Ces orchestrations pharaoniques, les souffles des diverses flûtes et les textures de voix font courir les poils de nos émotions sur les bras. De par ses reflets miroitant qui simulent une mer et ses flots tranquilles Looking for the Golden Throne est le titre le plus électronique de ce SECRETS OF THE RED SEA. Ça n'exclut pas pour autant ces lentes orchestrations arabiques qui courtisent nos oreilles avec enchantement depuis les premiers instants de Red Night. Le mouvement et ses ambiances est comme dans Maharam Bilqis et suit une tangente qui découche vers une finale animée par une bonne ambiance de techno arabe.
SECRETS OF THE RED SEA vogue assez bien sur les sillons océaniques de Atlantide avec une vision musicale qui divise assez bien les approches acoustiques des orchestrations de Sylvain Carel et les textures électroniques qui injectent plus de couleurs tonales aux 65 minutes d'un album qu'on écoute les yeux rivés vers le néant, à la recherche de ces images que notre cerveau a capté lorsque tout petit, nous regardions religieusement ces merveilles histoires de Moise ou encore de Edward Lawrence alias Lawrence d'Arabie et autres. De la très belle musique pour rêveurs, imageurs de souvenirs et romantiques.
Sylvain Lupari (25/10/22) *****
Disponible au Sylvain Carel Bandcamp
(NB : Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
Comments