“Un autre album fascinant aux parfums du Moyen-Orient dans des structures musicales beaucoup plus proches du paradis que nos propres pensées”
1 Aurora Fields 11:48
2 Gone with the Red Clouds 8:53
3 The Legend of Ranik Devi 6:02
4 Ritual Dance 6:42
5 The Nawab Begum Song 11:16
6 Shalimar Gardens 5:08
7 Daughters of the Mughal King 9:07
8 Empire and Dynasty 7:17
(CD-R HQ/DDL 66:45) (V.F.)
(Cinematographic orchestral EM)
Une ombre cuivrée initie les premiers balancements du séquenceur dans une ouverture où gémissent le synthé et ses violons. Les cymbales accompagnent ces souffrances séraphiques avec de longs frottements métallisés qu'une flûte survole par de brèves apparences pour éventuellement éveiller une ligne d'arpèges dont le débit rythmique se parfume de Logos. Nous perdons la flûte d'oreilles pour entendre le chant nasillard d'un synthé qui nous mène à la porte d'une première texture rythmique de SUNRISE ON PANIPAT. Je dis texture parce que les rythmes ici sont délicatement tambourinés dans une sorte de maillage de cordes acoustiques, donnant souvent l'impression d'entendre des pincements d'accords secs d'une guitare, comme des feutrements de mains sur des peaux tendus. Aurora Fields est un premier exemple des rythmes fascinants ici avec des sautillements acoustiques où s'ébattent des arpèges libres de toute étreinte électronique. La flûte domine les ambiances de ce titre avec des harmonies qui cachent les décorations électroniques du synthé, alors que tout doucement Aurora Fields augmentent la cadence. Sa potion harmonique est subitement devenue un duel entre un synthé et le plug-in de sa flûte onirique. Après une brève phase d'ambiances méditatives, la structure de rythme revient plus vivante accompagnant ainsi le crescendo des arrangements orchestraux qui respectent les visions de Sylvain Carel. J'ai déjà loupé l'album Semiramis! Et romantique comme je suis, il était hors de question que je manque un autre album de Sylvain Carel! Et quel album est-ce! Tissé dans les complexes arrangements du Peuple des Sables, SUNRISE ON PANIPAT est un album aussi séduisant qu'un couché de soleil sur la Méditerranée. Premier album du musicien-chorégraphe français sur SynGate, SUNRISE ON PANIPAT possède ces beaux parfums Orientaux dans des structures musicales plus électronique que jamais, mais toujours guidées par l'innocent romantisme des adorateurs de Sindbad!
Disponible autant en CD-R HQ et qu'en téléchargement numérique chez SynGate Bandcamp, ce dernier album de Sylvain Carel propose 67 minutes de musique éparpillée sur 8 titres qui sont cimentés dans les visions de Aurora Fields. Gone with the Red Clouds se fait entendre par un beau piano caressé par des voix de nymphes berbères avant de fondre dans d'intenses et éphémères soubresauts rythmiques. Le synthé tisse de bons solos qui donnent plus de mordant au piano et aux arrangements. Un par un, le synthésiste Français impose sa vision en signant des éléments qui engraissent la texture de ses structures sans pour autant modifier son parcours, comme des chuchotements et divers ornements percussifs. Dominant, le piano reste ancré dans sa vision de romance et de rêve sur une structure qui quitte son cocon ambiant un peu avant les 4 minutes. Des séquences sautillant avec une volonté harmonique animent ce rythme ralenti par de denses orchestrations, comme aussi accentué par la cadence des percussions qui viennent de s'ajouter. Poussé par des riffs et ralenti par les lentos mouvements des violons, Gone with the Red Clouds arrivera au bout de ses 9 minutes…comme Aurora Fields y est parvenu. C'est un violon lançant ses solos chantants dans une nuit peinte de soie noire que The Legend of Ranik Devi fait entendre ses étoiles pleurer. Les nappes de voix qui se joignent à cet air tzigane entraînent un rythme lent, alors que des murmures se transforment en chants flûtés ou en pads de synthé dont les violons traînent une mélancolie rejointe par une guitare pensive. Ritual Dance est un titre vivant qui offre un habile mélange entre la MÉ et tribale où les guitares et les voix de femmes compétitionnent avec un séquenceur et des percussions électroniques à la fois rock et tribales.
Construit sur un modèle de musique théâtrale chorégraphique, The Nawab Begum Song étale ses 11 minutes à travers différentes sphères où le non-rythme verse dans des rythmes lents pour finalement épouser une structure animée par un léger staccato. Les chants bédouins sont déchirés entre une vision pieuse et une autre moins virginale. La musique est intimement cinématographique avec une forte essence arabe dans les orchestrations, autant vives que lentes. Si la lenteur est séraphique, les percussions sont de splendides bijoux pour les oreilles. On avance dans cet univers d'enchantement avec une autre chorale séraphique qui tisse les ambiances introductives de Shalimar Gardens. Un synthé complète le décor tonal avec des poussières d'arpèges qui deviennent des taches d'encre sur du papier buvard. Ces tâches dessinent d'évasives mélodies lunaires alors qu'un rythme ambiant pousse pour une mélodie minimaliste que le piano orne de ses notes vivantes. Doucement, Shalimar Gardens étend sa musicalité qui deviendra un rythme lent, entouré d'une pléiade d'instruments acoustiques et à vents. Daughters of the Mughal King nous arrive avec une structure de danse tribale électronique. Moins tribal que Ritual Dance, mais délicieusement plus rock et danse électronique avec séquenceur et percussions, sans oublier la basse, qui servent de canevas à diverses approches mélodieuses de l'Orient. J'ai été super étonné par ce titre très électronique de Sylvain Carel. Introduction sournoise, comme des malfrats se sauvant doucement avec tout le butin, Empire and Dynasty est un autre titre qui offre différents panoramas musicaux où une panoplie d'instruments de l'Orient offre ses charmes sur une structure en mouvement. Un mouvement lent, très cinématographique et orchestral nimbé de tous les bijoux sonores et musicaux du Peuple des Sables.
Un autre majestueux album de Sylvain Carel, SUNRISE ON PANIPAT est pour les rêveurs et les romantiques qui ont grandi avec les films de Sinbad à Alladin en passant par Lawrence d'Arabie. Mais au-delà de ça, le musicien de France a réussi à transposer en musique, qui se transforme très bien en images, une vision électronique et acoustique tribale d'une justesse digne d'un orchestre d'une bonne vingtaine de musiciens. Un travail de moine par un passionné, pour les passionnés.
Sylvain Lupari (24/07/20) ****¼*
Disponible chez SynGate Bandcamp
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