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Writer's pictureSylvain Lupari

SYNDROMEDA: Eternal Destination (2018) (FR)

“Ça doit être le meilleur, certainement l'un des plus accessibles, album de Syndromeda depuis des années”

1 No Fear of Failure 8:11 2 Purity 11:59 3 Nothingness 9:04 4 Moving In 14:23 5 The Core 15:22 6 Here and There 12:09 SynGate CD-R SS25

(CD-r/DDL 71:11) (Berlin School a la Syndromeda)

Des séquences imbibées de tonalités caoutchouteuses initient le vif galop de No Fear of Failure. Des nappes de chœurs chthoniens grossissent à mesure que ce rythme débridé s'éloigne de nos oreilles et revient toujours avec force. Des arpèges grassouillets se greffent à ce virulent mouvement du séquenceur qui n'arrête jamais d'interroger le sens de notre écoute avec différentes couleurs tonales. Statique et furieusement entraînant pour les neurones, le rythme poursuit son approche de rock acide sous les flagellations de lignes de synthés dont les longs gargouillements flirtent avec une approche autant psychédélique que post apocalyptique. No Fear of Failure amorce ce 31ième album solo de Syndromeda, et son 25ième suron SynGate, avec force et fureur. Danny Budts ne perd pas de temps à capter instantanément l'attention de l'auditeur avec un rythme vif, riche en séquences disloquées, et un décor toujours aussi près des racines maléfiques du Dark Ambient. Sans aucun doute son meilleur album, et certainement l'un des plus accessibles selon moi, ETERNAL DESTINATION amène l'auditeur dans ce monde de tonalités très particulières de Syndromeda où les séquences dansent comme des pieds de jeunes cerfs sur un étang glacé, ou encore dans une délicieuse incohésion, sous les morsures et/ou les caresses d'un synthésiste dans ses habits de Mr Hyde et Dr Jekyll.

Et Purity nous le rappelle avec son introduction cousue dans le mysticisme. De multiples lignes de synthé ondoient et élargissent des cercles dominés par la noirceur et qui dominent une pulsation dont les tonalités glauques finissent par engendrer ces rythmes sournois de l'univers Syndromeda. Une séquence plus limpide sautille en amont, éveillant ce synthé dormant qui lance maintenant de lents solos anesthésiants. C'est du pur Syndromeda qui coule ici avec une intensité lourde de sa richesse tonale et de sa structure rythmique sédentaire où traine toujours cette empreinte de John Carpenter dans Halloween. Nothingness est coulé dans le même moule, mais avec une lenteur plus aphasique. Chaque album de Danny Budts ouvre sa fenêtre dans l'univers d'ambiances et de méditation ésotérique. La longue introduction de Moving In nous le rappelle aussi avec ses nappes d'orgue anesthésiantes où tente de résister un mouvement du séquenceur. Mais contrairement à The Core qui est juste d'ambiances, même si une séquence nage afin de survivre, un rythme ambiant où deux mouvements du séquenceur progressent à contre-courant nous amène vers une finale remplie de tintements harmonieux. Pour le reste, le décor est toujours d'ambiances noires avec des ondes réverbérantes et des souffles poussiéreux qui flottent dans un sourd tintamarre venant des enfers. Here and There termine cet album avec une approche plus animée. Moins violent que dans No Fear of Failure, le rythme couche une approche végétative dans un bassin sonore rempli de poussières d'étoiles. Les résonnements d'une basse séquence sautillent dans avec plus d'entrain, dessinant ces rythmes zigzagants de la Berlin School. Syndromeda déploie l'arsenal de son synthétiseur avec des multi lignes aux arcs de réverbérations et des solos aussi mélodieux qu'un chant de rossignol englouti dans les interstices de ce synthé. Ça fait très Edgar Froese, dans les habits de Syndromeda! Here and There progresse dans ces visions de Danny Budts où tout est figé dans l'éclectisme, tant au niveau des rythmes que du décor de ses ambiances.

Disponible en format CD-r de l'usine SynGate ou en format téléchargeable, ETERNAL DESTINATION propose plus de 71 minutes de MÉ à la fois captivante et intrigante qui pourrait certainement élargir le public de Syndromeda. L'éventail est large et les rythmes dominent plus que ces ambiances conçues dans le mysticisme ou cet art que possède Dany Budts pour relever d'un cran les horizons de la musique ambiante ténébreuse. Du très bon Syndromeda!

Sylvain Lupari (19/10/18) *****

Disponible au SynGate Bandcamp


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