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Writer's pictureSylvain Lupari

SYNDROMEDA: KALT (2020) (FR)

Du gros séquenceur, des bons solos de synthé et des ambiances un peu chaudes pour représenter du froid; c'est un très bon album de Syndromeda

1 Hreyfing einn 16:50

2 Hreyfing tvö 17:00

3 Hreyfing þrjú 13:28

4 Hreyfing fjögur 11:44

5 Hlýjan vetur 10:40

(CD-R/DDL 69:43)

(Berlin School)

Qu'on le veuille ou pas, un nouvel album de Syndromeda attire la curiosité des amateurs de Berlin School. Pour le plaisir, j'énumère les phases qui m'amène à la dernière étape. Soit là où je suis finalement séduit. La première phase est l'étonnement avec des sourcils froncés. Par la suite c'est; heille c'est pas mal. Ensuite; wow quel solo. Et enfin; heille c'est bien bon cet album! Avec KALT, qui signifie froid, j'ai passé par ces étapes assez facilement, puisque d'entrée de jeu, Hreyfing einn nous séduit assez facilement.

Pourtant ses vents sombres qui l'initient semblent plutôt sortir des enfers avec des brises écarlates qui tranquillement se mutent pour des vents glaciaux où le frimas remonte à la surface. Ce premier mouvement s'initie dans une lourdeur et lenteur implacable. Des zones de réverbérations jaillissent entre les craques d’oxygène sur ce mur du Nord, dessinant des gros rots qui se transforment en bourdonnement mécanique. Avec les gazouillis électroniques, s'ajoutent d'épaisses nappes chthoniennes qui ramènent cette musique d'ambiances nordiques dans des territoires plus connus de Syndromeda. Surtout lorsque le séquenceur commence la danse de ses ions en les faisant avancer et trébucher dans cette masse de voix. Ces voix grelottantes épousent avec fascination ce mouvement dans une ambiance où le froid se décompose. Le séquenceur fait résonner le poids de sa lente charge rythmique en se dandinant dans un décor plus électronique trahit par ces multiples effets lorsque le Cosmos et le psychédélisme converge en un point de créativité. Là où les solos sifflants et ronflants font fondre Hreyfing einn. Le deuxième acte de KALT s'introduit par le caractère très séraphique des nappes de synthé qui prennent les formes et les teintes des aurores boréales. Une ligne de voix flottent à l'intérieur de ces nappes, injectant une présence autant séraphique que nébuleuse à ces ambiances d’où tentent de se greffer des élans de bourdonnements. Le séquenceur active le rythme aussitôt que la barre des 3 minutes est franchie. Le mouvement est sautillant avec des boucles qui se touchent quasiment, et où l'impression de monter un escalier circulaire sans jamais s'essouffler est à portée d'imagination. Des solos de synthé se mettent à chanter avec un beau timbre, un timbre enchanteur j'insisterais, avec ce petit côté Bianca Castafiore. Cette structure de rythme dissimule assez bien l'aspect vorace du séquenceur avec des effets de résonances qui vont assez bien avec une certaine écho dans les solos. Ce séduisant mouvement perd de son éclat autour de la 7ième minute. En mode survie, le séquenceur respire à peine alors que le synthé imite la ligne de basse en accentuant une présence artistique où l'on perd de vue, le caractère principal de KALT.

Et ce n'est pas la tortueuse introduction de Hreyfing þrjú qui va changer la donne. Ici, les nappes de synthé roucoulent avec un état d'ébriété dans les airs, comme dans le ton. Le séquenceur avance et recule avec ce pressentiment qu'il va se mettre à courir bientôt. Mais il ne courra pas! Du moins pas tout de suite. Il injecte un peu plus d'ions sauteurs qui donne une ligne plus nourrie avec des effets de résonances. Les voix chthoniennes se greffent aux effets tordus du synthé, dont cette voix organique qui gémit sous des frappes de percussions basses qui eux donnent cette impression de vélocité rythmique. Des arpèges volètent dans une comptine irréelle, devenant possession d'une ligne minimaliste qui étend sa domination dans un décor et une vision méphistophélique du synthé et de ses capacités à dessiner des panoramas irréels. Lourd, lent et envoûtant, les 45 premières minutes de cet album sont un pur délice. Et il y a encore de la place pour un titre comme Hreyfing fjögur et son rythme cosmique qui oscille paresseusement dans une galaxie près de chez moi. Le synthé est juteux avec des airs de satyres dans cette structure qui évolue continuellement afin d'atteindre un point d'ébullition pas vraiment compatible avec une vision que je peux avoir du froid. Il y a du Vangelis, pour les rayons circulaires, et du Jean-Michel Jarre, pour les corridors cosmiques, dans une musique où le rythme chthonien du séquenceur porte le sceau Syndromeda. Et moi j'aurais arrêté là, mais que serait un album de Syndromeda sans une courte symphonie de vents sombres? C'est ce qu'offre Hlýjan vetur! Un petit moment de musique d'ambiances noires dans un grand album de MÉ signé Syndromeda.

Sylvain Lupari (20/04/20) ****¼*

Disponible au SynGate Bandcamp

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