“Mind TRIPS est un superbe album où Syndromeda combine de superbes séquences et forge de délicieux rythmes hypnotisants”
1 Beyond the Horizon of the Mind 19:23 a) Flight to the Unknown b) The Unexpected Arrival 2 Hypnotic Dreams 15:30 3 The Dark Side of the Mind 14:14 4 Over the Edge 15:00 5 Asian Memories 6:10
SYNSIN 199701
(CD-r/DDL 70:17)
(Berlin School)
Si vous aimez la musique un peu plus compliquée qui se détache d'un noyau complexe afin d'évoluer dans des territoires à décoder, Mind TRIPS est l'un des grands albums de MÉ contemporaine à être passé inaperçu. Ce 5ième album de Syndromeda
est rien de moins que percutant avec des structures en constante évolution qui amènent des rythmes et des mélodies aux portes de l'inattendu.
Les premiers souffles de Beyond the Horizon of the Mind flottent dans une ambiance morphique avec une multitude de lignes de synthé qui vont et viennent paresseusement au-dessus d'une faune sonore riche d'une variété de tonalités tous autant cosmiques, organiques qu'électroniques. Une sourde pulsation assure un débit qui bat mollement sous ces de lignes, dont une se fait plus menaçante en balayant l'horizon d'une onde résonnante circulaire alors que d'autres sont plus lyriques avec des souffles et lamentations angéliques. C'est un lent remous planant qui épouse une fine gradation avec une ligne de basse qui enveloppe les pulsations dans ses fines courbes rondes. Peu à peu, le rythme sort de son hibernation cosmique pour exploser un peu après la 10ième minute avec un vif mouvement séquencé qui fait onduler ses accords nerveux sous de torrides solos torsadés. Des cymbales papillonnantes et des percussions aux frappes indisciplinées se joignent au mouvement du séquenceur qui subdivise sa ligne, forgeant deux structures rythmiques endiablées qui sautillent avec alternance sous de suaves solos poétiques. Un peu comme Edgar Froese dans Stuntman. Et le rythme continue son accentuation avec un mouvement rempli de courbes plus sèches et incisives qui gondolent sous des solos devenus plus électroniques. C'est tout simplement superbe! Et c'est encore mieux lorsqu'on augmente le volume. La deuxième partie est à faire décoller la peinture de vos murs. Hypnotic Dreams ouvre une ligne de synthé plus résonnante qui étend sa tonalité jusqu'au berceau des séquences qui ondule finement afin de créer un rythme minimaliste et hypnotique qui cimente sa fondation pour les 15 prochaines minutes. L'ambiance est envoûtante avec des solos acuités aux sonorités de trompettes angéliques. On pense à Tangerine Dream avec ces solos, et autres souffles, qui errent ici et là sur Mind TRIPS, apportant une touche symphonique quasiment apocalyptique qui sied très bien aux profondeurs de cet excellent opus. Des cymbales et des pulsations d'un bass-drum appuient cette étrange procession militaire qui accroît sensiblement son tempo avec des roulements de tambour. Un peu après la 7ième minute, la marche des aliens perd son souffle. Des effets de vocodeurs à la Neuronium (Chromium Echoes) réinitie la marche avec des séquences vives qui moulent un rythme plus saccadé. Et nous tombons dans un très beau canevas de séquences entrecroisées qui roulent et déboulent dans une faune aux diverses sonorités. Cette portion est gigantesque avec cet amalgame de séquences, de pulsations glauques et de percussions qui façonnent une approche rythmique complexe. Un rythme incertain qui avance à tâtons sous de beaux souffles de synthé et de belles nappes aux sonorités d'orgue. Après ses 4 minutes géniales, Hypnotic Dreams termine sa procession hallucinante dans les bras de ses séquences initiales qui bercent le rythme d'une délicate approche morphique. C'est un autre titre en béton!
The Dark Side of the Mind nous plonge dans les sombres ambiances lunaires de Syndromeda avec une approche ambiante qui embrasse un rythme stationnaire. L'intro est truffée de couches de synthé qui louvoient et flottent dans un état d'apesanteur. Les ambiances sont entourées d'une faune sonore éclectique et de furtifs chuchotements à peine audibles. Graduellement, il se forme une intensité gravitationnelle avec des nappes de synthé qui sursautent en boucles avant de se joindre à des séquences, des pulsations d'un bass-drum et des frappes de percussions. Ces éléments forgent un rythme incisif mais statique qui reviendra hanter la ténébreuse quiétude de The Dark Side of the Mind et de ses doux solos fugitifs. Segmenté en 3 phases, Over the Edge est un autre grand moment avec des lignes du séquenceur entrecroisés et en parallèles qui structurent des rythmes diversifiés. Un délicat mouvement oscillatoire allume l'introduction, éveillant une autre séquence dont les accords limpides sursautent sous de lourdes et résonnantes pulsations. Cette autre approche fragmente le noyau du séquenceur en initiant des rythmes et harmonies qui bougent à contre-sens et qui font entendre de sarcastiques et austères échantillonnages vocaux; I have a Dream et I still have a Dream. Des percussions du type queues de crotales hyper ventilées, d'autres percussions électroniques et des séquences limpides deviennent le lit d'accueil pour des solos de synthé torrides et langoureux. Ces solos, dans un ciel truffé de sonorités électroniques, inondent ce rythme se dandinant dans un mélange de candeur et de fureur qui finira par se perdre dans une phase plus électronique avec un violent mouvement du séquenceur (6:17 min.) qui accélère la cadence avec un autre sarcasme vocal (Or is it a Nightmare). Ce rythme s'arrête sec à 10:42 pour plonger dans une phase lunaire en se dandinant de nouveau dans ces éléments qui avaient construit son ouverture. Asian Memories conclut Mind TRIPS avec une délicieuse approche tribale où percussions tablas moulent un rythme enflammé. C'est une danse des sables qui se déhanche subtilement à l'ombre de solos timides, de doux souffles éthérés et de lourdes pulsations bourdonnantes, conduisant la finale de cet album vers des territoires plus claniques.
Mind TRIPS est un superbe album où Syndromeda créé de superbes séquences et forge de délicieux rythmes envoûtants qui bondissent et palpitent, avec douceur ou avec rage, dans un faune sonore électronique imbibée des solos uniques à la sonorité du synthésiste Belge. C'est un brillant album nourri de ces ambiances si sombres à l'univers de Danny Budts qui soutire de délicieuses mélodies dans ses approches hybrides et riches en rebondissements. Il n'y a pas une once de relâchement ici. Lorsque ce n'est pas une mélodie qui accroche et charme, ce sont les séquences et percussions qui attirent l'ouïe et excitent les sens, de même que les haut-parleurs. Du Redshift qui plane aux côtés d'un Tangerine Dream sombre et mélodieux avec Franke aux séquenceurs! Voilà de quoi est fait Mind TRIPS, un album à posséder qui est dorénavant disponible en téléchargement sur le site Bandcamp de SynGate.
Sylvain Lupari (December 3rd, 2011) *****
Disponible au SynGate Bandcamp
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