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Writer's pictureSylvain Lupari

Syndromeda Time Will Never Be The Same (2012) (FR)

Updated: Oct 11, 2022

Cet album est brodé dans des structures de MÉ progressive avec un doux parfum d'ambiance psychédélicosmique propre aux œuvres de Syndromeda

1 Glad they Finally Arrived 9:56

2 On and On 12:32

3 Iceland Memories 14:02

4 Homeless 11:11

5 Boiled Brain 11:45

6 Back to the Tribe 9:00

7 With a Sparkle of Light 7:00

(CD-r/DDL 75:28)

(Prog and psy Berlin School style)

Empruntant son costume de raconteurs d'histoires psychotroni-cosmiques, Danny Budts offre une nouvelle œuvre de littérature musicale qui contrairement à Waiting for the Second Sun, et ce même si les structures sont assez similaires, est plus terre à terre. Sauf que si l'histoire est tirée des souvenirs d'un voyage du synthésiste Belge dans les territoires Arctique de l'Islande et de la Norvège, et ses îles de Lofoten et Spitzberg, TIME WILL NEVER BE THE SAME reste brodé à l'intérieur des structures d'une MÉ progressive au doux parfum de psychédélicosmique unique aux œuvres de Syndromeda.

De délicats arpèges tintant et scintillant de froideur ouvrent l'album. Une ligne de séquences feutrées se faufilent entre ces tonalités de cristal froid, moulant un rapide pas de trois qui instaure l'approche rythmique de Glad they Finally Arrived. Une autre ligne de séquences, avec des ions plus furtifs, approfondie un pattern rythmique minimaliste qui danse sur place tel un tango amputé avançant et reculant entre ces lignes de séquences entrecroisées. Un synthé ajoute son zeste de charme avec une mélodie sifflotée par des bruants lyriques dont les chants flottent dans des brumes bleutées et un ruisselet d'arpèges argentés. Et, dans le jeu des comparaisons, on peut dire que deux phases bien distinctes de Tangerine Dream s'affrontent, alors que tranquillement le rythme change de forme, embrassant un doux mid-tempo qui tente une percée vers un techno morphique. On and On présente un bruyant et bouillant mouvement de séquences qui oscillent lourdement, tissant les pans d'un rythme pesant qu'une autre ligne de séquence à la mélodie robotique confine à une approche stationnaire. Des brises de synthé plus organiques qu'harmoniques sillonnent ce rythme passif, l'entraînant vers un lourd passage ambiant où menacent ces brises rauques alors que le rythme hoquetant et la mélodie toujours pleine de candeur cybernétique dansent jusqu'à l'oubli. Les ambiances sombres et ténébreuses envahissent l'introduction très ambiosphérique de Iceland Memories et ses chœurs chthoniens qui fredonnent avec les lourds et sombres souffles creux, soulevant des particules prismiques qui étendent une ambiance de froideur cosmique sur une intro dont la multiplicité des souffles et de leurs tonalités métissées dessinent les métalliques bourdonnants des navettes spatiales filant à basse vitesse. Une ligne de basse pulse furtivement, dessinant peu à peu les formes sphéroïdales d'une ascension éthérée où un mélange de voix célestes, de chants sombres et de mugissements industriels recouvrent cette intrigante marche minimaliste qui trouve une alliée en des séquences plus limpides qui virevoltent avec harmonie spiralée dans un tumulte chthonien.

Homeless adopte le même pattern de noirceur ambiguë sur une ossature rythmique décousue. L'approche puise ses inspirations dans Glad they Finally Arrived avec une structure rythmique bipolaire. L'intro baigne dans une ambiance de suspicion avec ses lourdes brises tonitruantes et ses vocodeurs aux sermons un brin satanique qui nous plonge dans les délires psychotroniques de Neuronium. Le rythme s'embrase ensuite avec des boums-boums lourds et noirs qui pulsent dans une frénésie hypnotique parmi des lignes de séquences ondulatoires et des souffles de synthé aussi rauques et nasillards, amenant l'auditeur dans un outre-monde unique à la signature gothique de Syndromeda. Et le rythme de changer de formes et les ambiances de couleurs, entremêlant leurs phases pulsatoires et oscillatrices dans un savoureux techno lunaire où les nappes de synthé nasillardes, les lignes étoilées de songes aussi cosmiques que les solos torsadés et les voix éthérées se fondent dans une ultime symbiose psychédélicosmique des années vintage. C'est un très bon titre dans le répertoire de Syndromeda qui nous souffle les oreilles avec le puissant et déroutant Boiled Brain et ses bras tentaculaires aux pulsations arythmiques dont les accords hésitants vacillent dans une bruyante faune dessinée par les stries multi-soniques d'un synthé aux solos chanteurs et aux tonalités cybernétiques. L'ambiance est noire et tissée dans l'univers du paranormale avec ces ululements spectraux qui s'engorgent de brume et de chœurs noirs. Si le rythme est d'abord brouillon il prend une forme plus intense avec un mélange de pulsations et percussions qui en érigent une structure linéaire que des synthés malveillants sillonnent de solos rotatoires, de chants stridents et de brumes imprégnées de voix chthoniennes, un peu comme les grosses lueurs d'un phare éclairant une banquise inondée de créatures spectrales. Back to the Tribe est une intense transe tribale avec des tam-tams tempétueux martelant un rythme fluide qui est étouffée par les cris et lamentations de la frénésie cérébrale des danseurs, les murmures des sorciers et les souffles rauques des didgeridoo qui instaurent un climat de psychose tribale qui irait bien aux œuvres de Steve Roach, si ce n'était pas de sa subtile approche démoniaque. With a Sparkle of Light continue l'exploration des rythmes et ambiances tribales avec une fête païenne au rythme plus près de l'hypnose collective où tous les éléments des chants et oraisons de Back to the Tribe sont présents, en plus des incantations transiques de Papajeahja.

TIME WILL NEVER BE THE SAME n'est pas facilement accessible. La musique est soit lourde, statique ou fluide et est inondée de synthés aux solos toujours incisifs mais dont les tonalités et lamentations sont sculptées dans un alliage sonique aux harmonies diabolisées par des sulfureux patterns de lignes de séquences entrecroisées où le rêve devient facilement cauchemar. Bref, un bel album dans la lignée des très bonnes œuvres de Syndromeda où les structures d'un vintage Berlin School sont inondées de cette approche parapsychique que Danny Budts aime laisser ses empreintes dans le sillon de nos oreilles.

Sylvain Lupari (16/04/13) ***¾**

Disponible au SynGate Bandcamp

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