“Si l'ère Franke-Froese & Schmoelling est dans vos goûts, c'est un indispensable”
1 Enter 8:16
2 Zentropol 9:42
3 Sakura 6:12
4 Mist 6:26
5 Quantum Gravity 6:09
6 Saving my Memories 6:33
7 From Here to Eternity 5:15
8 White Desert Dream 8:57
9 Beauty of the Orient 8:53 (Video)
10 Angels Night 7:36
(DDL 74:01)
(Berlin School)
Les vents hurlent, comme ils plient leur menaces en ouverture de Enter. Une couche industrielle enveloppe le contour de ces vents érodés alors que le mellotron lance un jet de mystère à une musique qui se développe comme une vue imprenable d'un cimetière sous un ciel de novembre. Le mellotron disperse les ululements comme les gaz de brumes gothiques dans un environnement que la basse et ses nappes rendent dramatique, sinon affolant. C'est dans ce contexte que le séquenceur active une ligne d’arpèges mélodieux qui tintent en suspension, comme un métronome ajusté avec un peu trop de vitesse. Cette ébauche de mélodie se dandine dans les murmures d'un opaque décor brumeux un peu après la barrière des 3 minutes franchi. La basse fait gronder ses élans rampants alors qu'une ligne de pulsations oscillatrices presse un rythme sous-jacent de battre avec plus de vigueur, décousant ainsi ce fil mélodique qui laisse ses arpèges se fondre et se dissimuler derrière une des plusieurs figures de rythmes stationnaires de ce dernier album-téléchargement de Synth Replicants. Continuant sur la lancée des très bons The Umbrella Man et Time Walker, Per Thomhav propose en ZENTROPOL un album de style Berlin School
construit autour d'ambiances ténébreuses et des rythmes principalement en suspens dans une vision musicale encore fortement influencée par la musique de Tangerine Dream, période Franke-Froese & Schmoelling. Si c'est dans vos goûts, vous devez l'obtenir! Les ouvertures sont des mystères avec les visions d'une musique électronique (MÉ) ténébreuse, voire méphistophélique comme dans les ambiances des bandes sonores du célèbre trio Allemand.
Comme Enter, la pièce-titre se développe pour atteindre un rythme lent qui est bien martelé par un bon jeu des percussions électroniques. Le jumelage de celles-ci avec le séquenceur trace un rythme lent qui possède même un zest de sensualité luciférienne avec ce pilonnage massif des percussions. Le synthé libère de beaux solos harmonieux et obsédants. Titre cinématographique, Sakura propose une ouverture atmosphérique avec des pulsations qui étayent un lit de réverbérations où un mellotron dépose ses chants oniriques. La structure se développe avec un rythme pulsatoire qui reste stationnaire et qui est porté par de bons arrangements ayant une essence du Moyen-Orient. Mist élabore une stratégie de rythme ambiant, un genre de Berlin School avec une belle lenteur ascensionnelle, qui irait bien dans le milieu du cinéma. Son enveloppe est dense avec de beaux chants du mellotron, certains sont très poignants, qui bercent nos oreilles sur ce paisible mouvement ondulant du séquenceur où se greffent des arpèges plus lumineux qui scintillent en tandem. La nappe de basse conçoit de sombres élans dramatiques d'où son essence cinématographique. Finalement, la musique de Mist sonne comme du bon Tangerine Dream des années Sorcerer. Quantum Gravity est du même genre, peut-être un peu plus rapide de son rythme, avec une orientation musicale plus près des ambiances de la musique du film Wavelength, une autre bande-sonore du trio de Berlin. Le synthé ici verse des gémissement qui ont ce parfum sonore des Ondes Martenot. Saving my Memories démarre en rythme! Le séquenceur trace une course zigzagante où se greffent quelques arpèges mélodieux. Les deux éléments activent la vélocité du rythme qui galope en effectuant ces slaloms un peu serrés, comme ce coureur cherchant ses repères. Il zigzag ainsi dans une zone où la brume murmure un chant aérien que des souffles spectraux accompagnent et abandonnent tout au long de son périple hypnotique.
From Here to Eternity propose un rythme lent, toujours très mélodique, avec le séquenceur qui fait gambader ses ions sauteurs dans une ambiance tamisée par un mélange de solos de guitare et de synthé mellotronné. Le rythme et les ambiances éveillent des souvenirs musicaux de Near Dark, surtout lorsque les percussions structurent un rythme plus lent. Ficelée au séquenceur, la mélodie qui suit est tout simplement divine. On croirait vraiment entendre un titre inédit de TD de cette époque. Une flûte brumeuse fait entendre son chant dès l'ouverture de White Desert Dream. Le trémolo dans le chant ajoute une bonne dose d'émotion. Une ligne de rythme intermittente et pas complètement achevée y sautille. Sauf que le rythme vient d'une autre structure du séquenceur. Ce mouvement est plus fluide et dès que les bouts de rythme intermittent se greffent, ça donne une merveilleuse texture spasmodique qui fait du slalom sous les chants du mellotron dont la flûte brumeuse possède encore cette charge émotive qui lui donne cet effet vibrato. Beauty of the Orient est le titre le plus atmosphérique de ZENTROPOL. Des accords de clavier tracent une mélodie fantomatique qui se fond dans une épaisse banquise de brume remplie de voix fredonnant un air astral. La basse éparpille des nappes qui bourdonnent et injectent une dimension dramatique à une musique riche de ces nappes de voix et de brume où serpente une ligne de rythme aussi fantôme que ces accords métalliques qui vont et viennent enrichir ce décor surréel. Les ambiances deviennent un genre de happening musical qui peu à peu développe une structure de rythme plus accentué, plus vive et animée autour de la 6ième minute. Les arrangements, ces orchestrations qui coulent sur des cordes de violon brumeuses ajoutent un haut niveau d'émotivité et d'intensité cinématographique à une musique qui flirte beaucoup avec des ambiances de films d'horreur et/ou de tension, même dans leurs enveloppes de mélodies fantomatiques, de mélodies spectrales. Ils cernent le rythme claudiquant de Angels Night que le séquenceur étampe avec férocité alors qu'une ligne de basses pulsations lui injecte une belle fluidité. Et tranquillement, une belle mélodie circulaire entraîne ce rythme dans des orchestrations de soie où les violons ont perdus un peu de cette essence brumeuse.
ZENTROPOL est le résultat de 2 mots fusionnés en un seul. Zen, pour tranquillité, et Tropol qui vient de la racine du mot Grec Metropolis qui signifie territoire. Et pour Synth Replicants la musique ici devrait être un endroit où l'auditeur acquiert une énergie renouvelée et positive. C'est selon ce qu'on veut bien en faire! En ce qui me concerne, ce sont plutôt 74 minutes d'une MÉ qui n'a jamais été aussi près que celle de Tangerine Dream sans pour autant la copier. Vous êtes un aficionado de l'ère Franke-Froese & Schmoelling? De leur musique de films? Faites-vous plaisir!
Sylvain Lupari (23/07/22) ****¼*
Disponible au Synth Replicants Bandcamp
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