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Writer's pictureSylvain Lupari

Tangerine Dream Exit (1981) (FR)

Exit est une belle collection de 6 titres à qui il ne manque que ces ponts musicaux pour les relier en un grand morceau de MÉ

1 Kiew Mission 9:18 2 Pilots of Purple Twilight 4:19 3 Choronzon 4:07 4 Exit 5:33 5 Network 23 4:55 6 Remote Viewing 8:20 Virgin CDV2212 (CD 36:32)

(New Berlin School)

C'est avec de l'équipement renouvelé, à la fine pointe de la technologie, et avec des poussières de Thief que Tangerine Dream amorce un nouveau virage avec EXIT. Et qu'on le veuille ou non, c'est une amère déception. Habitués, sauf pour les trames sonores qui avaient en contrepartie la chaleureuse saveur analogue, que nous étions aux longs titres qui parfois transpiraient l'improvisation, EXIT offre une collection de 6 titres qui ensemble ne dépassent pas les 40 minutes. De quoi faire blêmir les purs et durs. Pourtant, aussi courtes que les pièces pouvaient être, Franke, Froese et Schmoelling en mettaient encore plein les oreilles avec une sonorité métallique froide, quasiment cryogénique, des nouveaux équipements numériques.

Des explosions métalliques ouvrent le sas de Kiew Mission. Les percussions roulent dans une introduction qui a sans doute inspiré la musique de Vangelis pour Blade Runner. Nerveux le séquenceur roule si bien ses pulsations parmi les percussions électroniques, qu'on se demande lesquelles sont lesquelles. Un synthé mélodieux boucle le rythme qui s'estompe pour laisser place aux murmures soufflés par une actrice Russe qui récite des paroles d'espoir et de paix pour son peuple vivant une tension internationale inquiétante. Devenue une musique narrative, des solos de synthé survolent les ambiances statiques de Kiew Mission qui s'anime sur des notes plus incisives nous conduisant vers un superbe passage mélodieux où le synthé prête son souffle à des sonorités qui se mélangent aisément à des voix hétéroclites. C'est un très bon titre qui roule sur un séquenceur génial et des belles couches de synthé métallisées. Un titre qui est devenu un classique et qui meuble encore les concerts de Tangerine Dream. Pilots of Purple Twilight est un titre statique sur un fond métallique en suspension. Transpercé de lances sonores, il bourdonne d'intensité autour d'un séquenceur lourd et nerveux. Un titre lourd avec un synthé mélodieux, Chorozon est fumant! Accroché à des percussions symétriques, le rythme est évolutif avec un séquenceur faisant claquer ses éléments percussifs qui semble honnir les habituelles percussions électroniques. Le synthé plonge dans des ingrédients atmosphériques avec des strates harmonieuses qui découpent une superbe mélodie accrocheuse nourrie de chœurs célestes sur fond de folie passagère. C'est un titre court et superbement divin, tout comme le fabuleux Network 23 et son beat à la Kraftwerk. La musique est hyper-entraînante avec un rythme fluide et orageux qui crache des secousses vibratoires. La complexité du rythme fait un peu d'ombre à une approche mélodieuse qui est à sa place dans son contexte hors-champs. La pièce-titre est une superbe mélodie qui deviendra légion dans le répertoire à venir de Tangerine Dream. En souplesse et en harmonie, les mouvements circulaires sont du bonbon mélodieux confortablement installé sur une section rythmique légère. Remote Viewing conclût EXIT en nous ramenant un peu dans les ambiances que nous nous attendions avant les premières notes de Kiew Mission. C'est un peu comme les intrigantes atmosphères de Invisible Limits et œuvres du genre du début des années 70, avec ce son plus métallique et des parfums que nous retrouvons aussi sur Thief.

Avec EXIT, Tangerine Dream tente une approche qui me semble plus accessible et commerciale de ses œuvres. De courtes pièces, qui sont bonnes faut l'avouer (ne jouons pas aux modestes blasés) et qui démontrent un sens innée des harmonies. Est-ce l'effet Schmoelling? J'ai toujours pensé que oui puisqu'avec le recul, le départ de Schmoelling a amorcé la chute du Dream. Mais revenons à EXIT, puisqu'après Tangram, les amateurs attendaient, et avec justesse, une œuvre plus complexe et plus raffinée d'où cette déception généralisée. En ce qui me concerne, EXIT est un collage de 5 titres mélodieux et rythmiques, auxquels il ne manquait juste que les liens musicaux les soudant en une grosse mosaïque de 36 minutes. Et là, on aurait crié au génie!

Sylvain Lupari (03/09/06) *****

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