“C'est définitivement un des meilleurs albums de la période post-Franke”
1 Towards the Evening Star 6:16
2 At Darwin's Motel 7:22
3 On Crane's Passage 4:28
4 Rising Haul in Silence 7:33
5 United Goblins Parade 5:44
6 Lamb with Radar Eyes 8:39
7 Elf June and the Midnight Patrol 4:40
8 Sad Merlin's Sunday 10:50
8 Fort Worth Runway One 6:42
When!/Castle WENCD011
TDI CD038
(CD 55:32)
(E-Rock, New Age)
Heat Robinson devait être le titre de ce GOBLINS CLUB. Complété alors que les contrats liant Tangerine Dream à Miramar et Virgin, en Europe, étaient terminés,GOBLINS CLUB a transité sur l'étiquette Castle avant de devenir le tout premier album à paraître sur le nouveau label d'Edgar Froese et Co., Tangerine Dream International (TDI). Autant vous le dire d'emblée, je ne suis pas particulièrement fan de cette période plus commerciale que créative du vaisseau amiral de notre cher Edgar. La prolifération des albums et des compilations a dilué la créativité qui revenait à la charge le temps d'un album ici et là. J'ai pourtant adoré ce GOBLINS CLUB! On y trouve des titres évolutifs avec des patterns de percussions assez impressionnants, des guitares inspirantes et des mélodies accrocheuses. Ceci dit, la musique offerte ici n'a rien à voir avec celle des années Virgin et Jive, quoique qu'on y trouve quelques influences bien dissimulées un peu partout. Sauf qu'elle est nettement supérieure aux albums des périodes Miramar et Private Music. Un excellent album avec des ouvertures un brin mystérieuses et des développements inattendus, donnant une touche plus addictive à la musique. Les guitares, jouées principalement par Gerald Gradwohl et Mark Hornby, qu'on retrouvent aussi sur quelques albums de la période Miramar, ajoutent énormément de passion et d'émotion dans GOBLINS CLUB qui est définitivement l'album post-Franke le plus intéressant.
L'ouverture de At Darwin's Motel se fait comme du vieux TD avec des séquences luisantes qui scintillent comme une cascade d'eau en accéléré. Des accords viennent orner se mouvement vif de même que des pulsations de basse-séquences et finalement des percussions. C'est comme juste avant l'orgasme…Le rythme change de peau pour devenir un bon mid-tempo avec des riffs de clavier qui introduit un rythme lourd et une fascinante fausse voix chantant une homélie berbère. Fluide avec des passages en ostinato, le rythme est accrocheur et noyé sous une avalanche de couches de synthé qui rejoignent le vieux répertoire de TD. Un très bon titre! On Crane's Passage propose une mystérieuse ouverture digne de film du genre Indiana Jones. La structure dévie vers un rock électronique conçu pour solos de guitares qui parfois sonnent comme du synthé ou du saxophone. La guitare, qui est très rock, est le seul point d'intérêt de ce titre avec de très bons solos. De vrais percussions nous aurait mis sur le dos! Alors que c'est le jeu des percussions qui suscite l'intérêt de Rising Haul in Silence, ainsi que ses solos de guitare. Un bon titre avec de bons arrangements qui rendent nos oreilles addictes, surtout lors des passages plus mystérieux. La mélodie est évolutive et survit à de nombreuses mutations tout en conservant ce petit truc qui accroche. L'ouverture de United Goblins Parade tente de nous procurer une bonne dose de frissons avec ces voix artificielles qui recouvrent une délicate ouverture grattée par une guitare acoustique rêveuse. C'est le début de ces fausses voix qui imbiberont l'univers du Dream pour les années à venir. Ici ça passe bien, mais dès que le titre se mute en ballade c'est comme trop. J'aime ce floue atmosphérique qui encercle la musique, de même que ce magnifique solo de guitare qui fait irradier son cœur.
Lamb with Radar Eyes se défait de sa nébuleuse introduction pour offrir un rythme aussi nerveux que ses percussions en boîtes. Le titre est assez vivant avec des changements de directions rythmiques et harmoniques qui requièrent quelques écoutes avant de se dire; finalement, «c'est un bon titre!» Le solo de guitare est assez poignant tout en donnant une autre tangente à Lamb with Radar Eyes dont la mélodie synthétisée sur une membrane chevrotante tisse tranquillement son ver-d'oreille. Les arrangements orchestraux et les nappes de voix séraphiques qui entourent la lente procession de Elf June and the Midnight Patrol lui donne une succulente texture bucolique du temps où le style philarmonique régnait aux pays des rois. Ça passe assez bien. À noter que sur l'édition australienne de GOBLINS CLUB, sur Evolving Disks, sortie un an plus tard, Elf June and the Midnight Patrol est remplacé par Fort Worth Runway One, un titre composé par Edgar et Linda Spa. Un rock électronique assez froid, même avec un effet de crescendo qui n'aboutit pas à grand-chose. En fait, Fort Worth Runway One est un titre qui est hors du contexte créatif de GOBLINS CLUB et qui ressemble plus à ceux des albums Tyranny of Beauty et Turn of the Tides. Si vous y tenez absolument, TDI a réédité l'album en 2004 avec des versions écourtées de Forth Worth Runway One et de l'excellent Sad Merlin's Sunday ainsi qu'un nouveau mix de At Darwin's Motel. Avis aux collectionneurs qui devront avoir beaucoup de sous dans leurs poches afin de suivre tout ce qui sortira de l'usine TDI. Sad Merlin's Sunday est un superbe titre dont les multiples changements de peau lors des transitions autant rythmiques que harmoniques donnent ces foutus frissons. Son ouverture offre une guitare acoustique rêveuse dont les harmonies aériennes reflètent un peu la tristesse de Merlin. Un filet de voix fredonne sur les dernières secondes de cette guitare qui confronte sa nostalgie avec des éléments percussifs tout près de la 2ième minute. Une onde de synthé jette une aura de nébulosité sur ces effets, accroissant cette menace théâtrale qui s'est emparé de Sad Merlin's Sunday dont la première phase de rythme électronique est caressée par des jets de flûtes et des percussions sculptées sur une enclume et puis…Le synthé nous procure des frissons avec une splendide mélodie qui survivra aux apparences tant de styles ballade que de rock électronique toujours cernées par de bons arrangements, dont de très bonnes percussions tribales, qui font de ce titre une excellente réussite.
GOBLINS CLUB est une étonnante réalisation qui coupe définitivement les ponts avec la période Miramar. Ce qui saute aux oreilles est l'absence du saxophone de Linda Spa. Et on le doit à Jerome Froese qui s'est affairé à la réalisation de cet album puisque papa Froese travaillait sur le coffret 5CD, The Dream Roots Collection. Mélodieux et rythmé, c'est définitivement un des meilleurs albums de la période post-Franke.
Sylvain Lupari (29/01/22) *****
Disponible chez Groove nl
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