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Writer's pictureSylvain Lupari

Tangerine Dream Hyperborea (1983) (FR)

Une pure folie électro-métallique en avance sur son temps et qui mènera au magnifique Poland

1 No Man’s Land 9:08 2 Hyperborea 8:31 3 Cinnamon Road 3:54 4 Sphinx Lightning 20:01 Virgin CDV 2292

(CD 41:34)

(New Berlin School)

La première fois que j'ai entendu No Man's Land, j'avais l'air d'un gars sorti de nulle part. Quelqu'un qui n'avait encore rien entendu. Vrai que je débutais mon apprentissage de Tangerine Dream et de sa sonorité numérique avec White Eagle, mais No Man's Land! Wow! On doit admettre que HYPERBOREA était vraiment en avant de son temps. Des notes de synthé et des séquences qui sonnaient comme des percussions hétéroclites. Des percussions d'un monde tribal digital qui dansent dans une étrange hymne au dieu métal avec une curieuse ligne de basse à saveur funky qui échappe ses lourdes notes dans une frénésie clanique où flûtes et chœurs d'une Amazonie intergalactique pavoisent avec des murmures d'une paranoïa refoulée. Intense? Absolument! Délirant? Tout à fait! Et le déluge d'accords digitaux continue de meubler une jungle froide aux sonorités enchanteresses, faisant de No Man's Land une hymne à la perdition pour une terre glaciale et perdue. Froid et numérique, HYPERBOREA assaille nos oreilles avec une panoplie de sons et d'effets sonores qui rehaussent d'un cran l'univers de plus en plus avant-gardiste de la MÉ.

Toujours sous le charme de ses nouveaux équipements digitaux, Tangerine Dream mâche ses réflexions, investit un peu plus dans les recherches sonores, s'amuse avec des échantillonnages et innove aux niveaux des percussions et des rythmes de métal en fusion. Mais au travers ces équipements à haute teneur en froideur synthétique, Tangerine Dream dose sa musique avec la chaleur de ses émotions et ses exaltations. Hyperborea, la pièce titre est un exemple parfait. À la fois nostalgique et troublant ce slow électronique flotte sur un lent rythme flottant orné d'accords scintillants. Un rythme qui se danse, comme deux corps perdus dans la douleur, avec ses deux temps qui progressent dans des nappes de brumes et de superbes solos empreints d'une sensuelle mélancolie. C'est un pur joyau! Si nous sommes à la recherche d'un titre qui pourrait décrire de la meilleure façon ce qu'est un rock électronique, Cinnamon Road serait surement en tête de liste. Entraînant le rythme est constant et harmonieux. C'est carrément du rock électronique mélodieux avec ses gros riffs de guitare et ses percussions claquantes qui allait faire les lignes de Le Parc et qui cadrait bien avec le New Berlin School.

Fuyant les frasques d'une enclume céleste, Sphinx Lightning démarre avec des résonances métalliques qui résonnent dans un néant acoustique. Un lent tempo s'installe avec de fines percussions qui tombent et tambourinent dans un étrange univers glacial où les synthés forgent des lamentations autant spectrales qu'irisées. Dissonant, l'intro reste tout de même assez captivant avec ses éclats métalliques qui se frottent à des gongs cosmiques et à des souffles de synthé qui survolent une terre aride, comme des vautours cherchant une issue à un monde sans vie. Mais peu à peu, tempo et mélodie émergent pour frayer avec ces spectres opalins qui roucoulent sur des roulements de percussions, des lignes de basses gutturales et des bonnes séquences sautillantes. L'univers du Dream s'installe avec ce rythme à élaboration lente qui se réfugie dans un superbe passage ambiant truffé de souffles flûtés et d'accords d'une guitare solitaire. C'est un bref passage errant qui tranquillement sort de ses rêveries avec un étrange dialecte synthétisé alors que tams-tams reprennent du service et roulent avec plus de puissance, que les lignes de synthés se gonflent en symbiose et, tels des riffs de guitares, les accords tombent avec puissance et fracas, terminant HYPERBOREA avec force et fureur.

HYPERBOREA ou comment survivre à White Eagle! Ces deux derniers albums du Dream complète à merveille la trilogie amorcé avec Exit pour une MÉ plus mélodieuse mais toujours expérimentale, pour l'époque. Ça sera aussi le dernier album d’une fructueuse collaboration avec Virgin. Et finalement, c'est aussi le dernier des grands albums studios de TD où le trio explorait encore les longs titres aux dénouements qui frisaient le génie. Par la suite, mis à part Poland, Tangerine Dream exploitera des thèmes musicaux plus concis, enfermant le génie dans une bouteille jetée à la mer et qui, quelques fois, refera surface le temps d'un éclair de nostalgie.

Sylvain Lupari (22/05/08) *****

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