“Lilly on the Beach est un album décevant qui comprend de bons petits titres qui font fredonner mais qui resteront toujours vides de sens”
1 Too Hot for my Chinchilla 3:51 2 Lily on the Beach 4:16 3 Alaskan Summer 3:33 4 Desert Drive 3:47 5 Mount Shasta 4:26 6 Crystal Curfew 4:57 7 Paradise Cove 3:45 8 Twenty-Nine Palms 3:19 9 Valley of the Kings 5:05 10 Radio City 4:04 11 Blue Mango Cafe 4:12 12 Gecko 3:33 13 Long Island Sunset 7:11 Private Music | CD 260 103
(CD 55:59) (Pink E-Rock)
Ouf que j'étais sévère! J'ai relu ma chronique (Guts of Darkness 9557) et j'ai l'impression d'être un vieux grincheux qui part en guerre contre une icône. Remarquez que je n'ai pas changé d'idée! LILY ON THE BEACH est toujours un album sans âme. Un album très moyen! Eh bien, avec le temps et une autre écoute pour une critique, j'ai trouvé que je frappais fort sur Edgar Froese. Et pour une bonne raison! Aujourd'hui, c'est connu, mais à cette époque, nous rêvions encore. Cet album reste celui qui a divisé les fans et surtout une époque. Nous rêvions d'un possible retour aux sources, mais Edgar en avait décidé autrement. Désormais, le Dream irait vers un EM plus américanisé, plus accessible et plus mélodieux. Une sorte de Peter Bardens ou Yanni. C'était l'époque de la technologie numérique et des synthés chantants. Ainsi, terminé ces solos de synthé plein de passion! Le séquenceur et son effet imprévisible de rythme? Son rôle est désormais devenu deuxième. Les percussions des baguettes électroniques et leurs sons de batterie bongo avaient la préférence. Le résultat, soyons honnêtes, est un album plutôt terne rempli de rythmes électroniques et de mélodies de synthé sans véritables âmes qui respirent beaucoup plus certaines approches de synthés pop-cinéma ainsi qu'un rock électronique sans inspiration. Le genre de MÉ créé par des tonnes de groupes inconnus dans les années 80-90. Et même encore de nos jours!
Too Hot for my Chinchilla débute les choses du bon pied. Le rythme est nerveux. Interrompu par des fils harmonieux, il bat de ses baguettes électroniques qui tamponnent comme une dactylo avec quelques tubes cristallins et avec ses séquences de verre qui tintent plus en mode harmonique qu'en rythme. C'est vivant, près du rock et on finit par l'apprécier. Ces rythmes vifs et bouillonnants sont plus nombreux que d'habitude sur cet album et cela ne veut pas dire qu'ils sont forcément géniaux. Mise à part ce titre, j'aime l'ardeur et la nervosité de Paradise Cove. En revanche, des titres comme Desert Drive, Radio City (cette première apparition de Jerome m'avait laissé de glace) et l'insipide Gecko me restent toujours d'une totale incompétence. Nous sommes dans les années 80. Le pinky -rock est la nouvelle tendance avec beaucoup de films pour adolescents, donc la MÉ de TD suit cette tangente avec de nombreuses ballades synth-pop. Cela commence par la chanson-titre et ses éclats de percussions dramatiques. Cela se poursuit avec Alaskan Summer, Crystal Curfew, que j'aime bien, le bon Valley of the Kings et ses parfums arabes, et le très so/so Blue Mango Cafe. Au niveau des jolis petits joyaux des ambiances il y a Mount Shasta, le romantique Twenty-Nine Palms et son piano mélancolique, ainsi que Long Island Sunset avec une première présence de saxophone qui deviendra un instrument d'accompagnement des synthés dans les années à venir.
Malgré quelques beaux petits morceaux de musique, qui auraient pu provenir de n'importe quel nouveau groupe assez gêné pour démontrer un caractère plus expérimental, LILLY ON THE BEACH reste un album très décevant où le tandem de Froese -Haslinger ne montre aucune audace, favorisant même un certain facilité. Les rythmes sont défendus par des structures très ordinaires de la basse, de boîtes à rythmes sans âme et de bongos virtuels qui feront bientôt partie intégrante du monde de Tangerine Dream, reléguant les séquenceurs à un rôle bidon, préférant les boîtes-à-rythmes sans punch ni imagination. Il y a aussi l'apparition d'un premier saxophone sur un titre de Tangerine Dream. Sax, instruments à vent et percussions manuelles auront désormais leur place privilégiée dans l'univers du Rêve. C'est tout un monde qui bascule et je pense qu'Edgar Froese aurait dû changer le nom de son groupe. Mais c'est un autre débat! Mais le vieux renard a couru la tête la première pour aller chercher une nouvelle génération de fans et à terme réunir certains anciens dans sa nouvelle vision artistique. Mais si nous écoutons attentivement la nouvelle musique de son rêve, nous remarquons qu'il y a un parfum de Peter Baumann mais d'une manière beaucoup plus froide et moins imaginative. Quoiqu'il en soit, LILLY ON THE BEACH est un album décevant qui comprend de bons petits morceaux à faire fredonner mais qui resteront toujours vides de sens.
Sylvain Lupari (26/12/13) **½***
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