“Logos est le classique parmi les classiques de la MÉ moderne”
1 Logos 44:39
2 Dominion 5:26
Virgin records
(CD 50:05)
(New Berlin School)
LOGOS est tout un opus! Une œuvre complète et sans faille enregistrée lors de la superbe et étonnante tournée de 81/82. Une tournée électronique où Tangerine Dream, alors dans la foulée de son apprentissage numérique, stigmatisait nos oreilles avec un maillage de structures expérimentales et progressives qui regorgeait de ces passages toujours aussi mélodieux uniques à la signature du Dream. Et c'est la force de LOGOS; des rythmes et ambiances qui changent constamment d'orientations, empruntant des tangentes insoupçonnées qui sont toujours en parfaite symbiose avec leurs dépendances mélodieuse.
Divisé en 4 grands thèmes subdivisés par des passages lourdement atmosphériques, LOGOS débute avec des gargouillis et des effets électroniques qui nous plongent en plein cœur des découvertes de l'ère digital du Dream. L'intro baigne dans une ambiance cosmique et électronique avec un rythme qui est tiraillé par ses arômes psychédéliques et cosmiques. Ce rythme est lent et rempli de gargouillis et nourri de percussions claquantes qui résonnent parmi des nappes de brume nébuleuse et des couches de synthé aux tonalités autant métalliques que spectrales si distinctes à la signature du trio Allemand. Nos oreilles déchiffrent une sorte de blues électronique où les solos de synthé roucoulent dans un univers truffé de mélodies qui meubleront les Risky Business et autres trames sonores à venir. Déjà 11 minutes au compteur, et cette approche mélodieuse plonge dans un trou noir. Les synthés dégagent des coussinets de brumes caramélisées. Et tranquillement nous sommes absorbés par cette étrange approche de vide intersidéral lorsque des percussions surgissent de nulle part, tambourinant un rythme flou qui roule sous les vapes d'un synthé où chœurs de Breakdance (shiqueshiqueshique-ankle) emplissent les ambiances de ces slogans synthétisés. Le rythme hoquète et sautille sur un séquenceur alerte. Il augmente la cadence sur des synthés aux lourdes réverbérations menaçantes. Le séquenceur est tout simplement sublime. Il récupère le rythme avec des nouvelles modulations de percussions, comme des tams-tams irréels dont les frappes frénétiques tracent une étonnante approche harmonique dans un dédale de frappes pleines de doubles et d'ombres intensifs. Logos poursuit sa processions spasmodique sous une avalanche d'étranges codes vocaux des effets de synthétiseur et de riffs qui accentuent leurs lentes courbes sinueuses et désarticulées.
Cette première tempête s'arrime à un port de tranquillité et d'harmonies de soie qui accompagnent Logos jusqu'à sa 2ième phase ambiosphérique. Cette courte de phase propose une pulsation qui étire son ondulation sous des souffles aux odeurs numériques. Les ambiances possèdent une présence sournoise avec des ondes résonnantes et un chant flûtée mécanique qui glissent sur un voile ténébreux. Des pétillements bruyants soulèvent un essaim de chauve-souris, dont le court vol reste un mystère. Des gouttes de sons résonnent et projettent des rayons sonores qui jouent avec les sombres brises. Le synthé propose alors une amorce mélodieuse très candide. Une ligne plus flûtée danse avec cette approche, alors que des percussions jouent à la claquette. L'éveil se fait au compte-goutte, avant que le séquenceur et des percussions électroniques structurent un rythme qui sautille, court et fait des culbutes. Bref, un rythme autant difficile à décrire que danser! Ce maillage de séquences et percussions électroniques engendrent une approche rythmique infernale qui sera harponnée par un solo de séquences et de percussions, clôturant une longue odyssée musicale qui sera coiffée d'une superbe finale harmonieuse. Dominion est un rappel exigé par un public en délire. C'est un titre vivant, structurant sur un rock électronique accrocheur et nappé par un synthé plus orchestral qui livre ici un refrain très accrocheur.
LOGOS est le fruit d'une symbiose et d'une complicité incroyable entre Chris Franke, Edgar Froese et Johannes Schmoelling. Chaque mouvement, LOGOS sera divisé en 9 parties quelques années plus tard, chaque transition entre ceux-ci est savamment calculée afin de construire des mélodies flottantes tisseuse de ver de l'oreille. Des mélodies qui font lever les poils des bras. Mais pas autant que les rythmes! Ces rythmes sont forgés par un superbe mélange de séquences et de percussions électroniques qui nous font sursauter de surprise, ici et là. Je pense que c'est l'album de MÉ le plus efficace qui a tout pour séduire tout amateur de musique. Je sais l'avoir expérimenté et amené de nouveaux dévoreurs de la musique TD. Un album intense et très stylisé avec un son d'une netteté incroyable, c'est le classique parmi tous les classiques de la MÉ moderne.
Sylvain Lupari (16/09/06) *****
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