“Cet enregistrement montre à quel point ce concert était totalement fou, mais le son, pour un album officiel maintenant, est très en-deçà d'un enregistrement professionnel”
Disc One
1 First Movement (19:12)
2 Second Movement (23:42)
3 Third Movement (24:18)
Disc Two
1 Fourth Movement (23:40)
2 Fifth Movement (11:33)
4 Sixth Movement (12:28)
BOOTMOON002CD (CD 126:26)
(Berlin School)
Les concerts de la tournée Nord-Américaine de 1977 furent parmi les prestations les plus endiablées de Tangerine Dream, notamment à cause du contact avec le public qui découvrait le phénomène Froese, Franke et Baumann pour la première fois et par l'enthousiasme de la presse qui encensait sans cesse l'album Stratosfear et la tournée en cours. Cette presse, orale et écrite, vantait le show laser ainsi que cette musique bizarre, expérimentale et psychédélique qui était somme toute plutôt entraînante, voire même mélodieuse. Phénomène nouveau, réactions disproportionnées! De quoi attiser la curiosité des plus téméraires, comme moi. J'y étais! En Avril 1977 j'étais bien assis à La Place des Arts pour entendre, et surtout voir. Comme plusieurs, j'avais entendu Stratosfear à la radio. En 77, CHOM-FM, la radio rock et progressive de l'époque à Montréal, tournait du Tangerine Dream, Klaus Schulze (eh oui, du Schulze), Kraftwerk (Radio Activity), Jean-Michel Jarre (Oxygene) et du Vangelis. Montréal, déjà assez avant-gardiste au point de vue culturel, battait aux étranges pulsations de la musique faite par synthétiseur et séquenceur. Quoique j'aimais beaucoup Jarre et Mike Oldfield, je n'étais pas réellement un fan du genre. Au contraire! À l'aube de ma majorité, je défonçais mes caisses avec du Queen, Led Zeppelin, Yes, Supertramp et Pink Floyd. Mes oreilles avaient tenté l'aventure Stratosfear, Phaedra et Rubycon sans trop grands succès. Mais, quelle mémorable soirée j’ai passé. Quand Encore fut sur les tablettes, et après avoir apprivoisé Phaedra et Stratosfear, je m'y suis précipité, mais il y manquait quelque chose.
J'ai pu mettre la main sur l'intégral du concert, qui fut diffusé simultanément sur les ondes de CHOM-FM, avec la complicité d'un ami. Ce qui allait devenir plus tard le bootleg Patrolling Space Borders. Des bootlegs! Seigneur, combien peut-il y avoir d'enregistrements pirates sur Tangerine Dream? Je ne suis pas certains, mais je crois que tous les concerts ont été enregistrés. Depuis quelques années, des fans irréductibles ont mis sur pied un gros projet intitulé; Tangerine Tree. Ce projet consiste à amasser les enregistrements des concerts de Tangerine Dream. Un comité sélectionne ces enregistrements en les divisant en deux catégories; les Trees pour les meilleurs enregistrements, ce sont généralement des tapes qui proviennent de la console ou des stations de radio (soundboards) et les Leaves pour les enregistrements de moins bonnes qualités, soit des enregistrements de l'audience. Le tout est fait avec le consentement d'Edgar Froese. Cette immense collection, qui comprend 8 séries et près de 90 volumes, est disponible gratuitement et circule aisément parmi les fans. MONTREAL- APRIL 9th, 1977 provient de cette source; Tangerine Tree Volume 18: Montreal 1977. Et c'est le label Bootmoon qui en a acquit les droits pour un pressage de 10 000 exemplaires qui sont vendus dans une pochette de carton. Pas de remastering, ni dépoussiérage. C'est exactement la même chose, mais vendue à gros prix…
La musique est sensiblement celle d'Encore pour les 3 premiers mouvements. Le son est différent, mais les ossatures structurelles sont similaires. C'est donc le CD2 qui retient l'attention. Pour la musique, et pour d'autres choses puisque les dirigeants de Bootmoon ont dormi au gaz en envoyant le CD1 du concert d'Aachen, sorti au même moment. Une erreur impardonnable qui démontre que faire une piastre vite dépasse le respect de l'art. L'erreur fut corrigée, et cela engraisse encore plus les histoires et légendes derrière Tangerine Dream. Côté musique, le CD2 est littéralement fumant. La musique est du pur délire électronique avec des séquences et des éléments de percussions qui tissent des lignes de rythmes parallèles et divergents dans des carrefours entraînants qui défient n'importe quels bras de percussionnistes. Ces rythmes servaient de base à des ondes de synthé et de mellotron dont les solos et harmonies sont les amis sans âmes des furieux solos de guitare d'Edgar, tel que je me souviens.
Cet enregistrement démontre comment ce concert fut totalement déjanté. Le son, pour un album officiel maintenant, est évidemment en deçà des attentes. On trouve tous ces détails qui font sourire sur un bootleg; murmures, cris de joie spontanés, froissement, applaudissements trop forts et autres (ici il y a une voix radiophonique qui fait la promotion de CHOM-FM au 97,7). Bref, un excellent bootleg mais un piètre niveau de qualité sonore pour un album officiel. Je ne comprends pas pourquoi vous devriez payer pour un résultat tellement non-professionnel. Je crois que le Tangerine Tree existe toujours, mais il est plus discret à la suite d'une demande d'Edgar. Donc, si vous êtes chanceux vous pouvez tomber sur une véritable mine d'or. Et si vous êtes un fan de la tournée 77, le concert de Washington au Lisner Auditorium, aussi retransmis à la radio, est encore meilleur. Tant au niveau son, que du contenu. C'est le Tangerine Tree Volume 4. Il y a des rumeurs à propos des concerts de Seattle et de Los Angeles…
Sylvain Lupari (13/07/2010) *****
Comments