“Probe 8-6 est une invitation honnête à l'album Raum qui sortira en mars prochain”
1 Raum 14:54
2 Para Guy 5:43
3 Continuum 7:11
4 Raum (Grand River remix) 6:18
5 Continuum (Barker remix) 5:48
(CD/DDL 39:57)
(E-Rock, Driving Sequencer-based EM)
Je n'ai lu que de bons commentaires sur le Web concernant ce tout dernier effort de Tangerine Dream. Et oui, il s'agit bel et bien de Tangerine Dream puisque Raum et Para Guy sont composés et performés par Edgar Froese, Paul Frick, Thorsten Quaeschning et Hoshiko Yamane. Comment est-ce possible? Magie noire?? Nah, rien de cela! Edgar a laissé en héritage des bouts de musique, et/ou des structures complètes dans ses voûtes, pour permettre à Thorsten Quaeschning et Hoshiko Yamane d'approfondir et/ou de composer autour. Ayant remplacé Ulrich Schnauss, Paul Frick a aussi participé à terminer les compositions Raum et Para Guy. Le résultat?! Eh boyboy…
Ma première rencontre avec Raum fut avec le single de plus de 7 minutes. Après une couple d'écoutes je ne comprenais toujours pas cet étonnant engouement des fans dévots de ce qui reste de Tangerine Dream. Et puis vient ce PROBE 6-8. Et, heureusement, le déclic s'est fait! Raum établit son diabolique plan de séduction par de somptueuses nappes de synthé ayant cet ascendant Edgar Froese. Si on écoute attentivement, il y a un filet de luminosité qui s'en échappe. C'est suivi d'un pattern percussif stationnaire, mais aussi de délicieux pads de synthé qui ajoutent une dose de mélodie sombre et dramatique. L'ouverture flotte avec une envie d'exploser qui se fait sentir à chaque nouveau tour où s'ajoutent constamment des couches de musique et d'ambiance. Un filet de mélodie nasillarde avance même un parfum arabique sur ce bouillonnant tapis de séquences percussives. La charge est émotive et se poursuit sur une distance de plus de 5 minutes avant que nos oreilles puissent se mesurer à ces battements impulsifs tenus dans un état stationnaire depuis la tombée de ces somptueuses nappes de synthé. Dès lors, le titre se met à vibrer sur ces éléments percussifs assemblés sur un convoyeur et séquencés comme tel dans une explosion rythmique à faire saliver notre vieil ami Chris Franke. La puissance est telle que le mouvement secoue son ossature rythmique violement spasmodique jusqu'à ce que les séquences deviennent des boucles oscillatrices après près de 4 minutes de violence rythmique. La 3ième phase de Raum jumelle ses deux premières dans un destin harmonisant son rythme aux mélodies ambiantes de son ouverture jusqu'à frapper une finale, apparue trop vite, qui agonise dans les larmes des cordes de Hoshiko et d'un vent artificiel, nous rappelant les premières manœuvres de Tangerine Dream dans Zeit. Un très beau titre que l'on trouve encore meilleur les écoutes suivantes.
La mélodie spectrale soufflée par un mellotron flûté en début de Para Guy est du genre à nous visser à notre chaise. Les boucles qui s'en détachent s'étiolent en de brindilles sonores alors que le rythme, noué encore sur des bijoux d'éléments rythmiques et d'un mélangeur à séquences percussives, sursoit son développement afin de mieux profiter des gémissements des synthé et du violon. Restant sur cette position, Para Guy se développe en intensité avec un savoureux aria mexicain dans les souffles des synthé aux vieilles trompettes de Dream de l'ère Peter Baumann. Continuum est le titre le plus facilement accessible sur PROBE 8-6. Les percussions qui chassent les nappes de brume de son introduction sont en more E-Rock avec un débit très entraînant. Une série d'accords de clavier en épouse la cadence alors que des accords plus graves résonnent quelque secondes plus loin. Mais l'essentiel tourne autour de cette fusion clavier et percussions. Paul Frick est étonnant sur ce titre très dynamique. Cet E.P. qui frise les 40 minutes inclut deux versions remixés de deux de ses trois titres. Usuellement, je ne suis pas un fan de ces remixes. Ils ont tendance à dénaturer l'œuvre originale. Raum (Grand River remix) est proposé par Aimée Portioli qui donne une apparence plus spasmodique, plus saccadée au rythme. Et tout tourne autour du rythme qui explose encore plus violemment après la 3ième minute. On reconnait à peine Continuum lorsque Sam Barker, cofondateur de Leisure System, lui donne une apparence rythmique minimaliste qui vise un public de EDM. Nan, je ne suis pas fan de ces exercices de style!
Tout en rythme avec des bribes de musique qui lient la vieille époque à la nouvelle vision des Quantum Years, PROBE 8-6 est une honnête invitation à l'album Raum qui devrait paraître en mars prochain. J'ai beau essayé amis lecteurs de trouver ce qui exalte à ce point les aficionados du mythique trio berlinois, mais rien ne me vient aux oreilles. C'est bien fait, c'est très rythmé avec un peu d'ouverture sur les harmonies. Et pourtant, il n'y a pas de solos de synthé. Autant que je pense que des solos de guitare auraient été les bienvenus sur ces pulsions rythmiques.
Sylvain Lupari (18/12/21) ***½**
Disponible chez Groove nl
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