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Writer's pictureSylvain Lupari

TANGERINE DREAM: The Island of the Fay (2011) (FR)

Sans aucun doute, The Island of the Fay est un puissant album et l'un des très bons produits par Tangerine Dream depuis des siècles

1 Marmontel Riding on a Clef 7:46

2 Breath Kissing Matter's Mouth 8:59

3 Beauty of Magic Antagonism 5:58

4 Fay Bewitching the Moon 11:01

5 Cycle of Eternity 6:461

6 Death in the Shadow 9:08

7 Moment of Floating into the Light 9:27

8 Darkness Veiling the Night 8:44

(CD/DDL 67:52)

(Electronic Progressive Rock)

Wow! Je dois admettre que je suis impressionné. Inspiré d'une œuvre de Edgar Allan Poe, THE ISLAND OF THE FAY est le premier d'une obscure série de poèmes musicaux. Un autre ambitieux projet musical de Edgar Froese qui démontre que le vieux renard possède encore beaucoup de cordes à son arc. Comme plusieurs fans de Tangerine Dream j'ai été subjugué par la richesse musicale de cet album. Et c'est pour cela que j'ai pris mon temps avant de le chroniquer. Plusieurs écoutes plus tard, j'ai compris que ce dernier album du Dream sonnait exactement comme les œuvres mielleuses qu'Edgar nous offre depuis les années TDI et le début des années Eastgate. Sauf qu'il est accompagné par Thorsten Quaeschning à la composition et à l'enregistrement. Ce dernier et sa vision théâtrale de Picture Palace Music amènent une profondeur inouïe à l'album qui est aussi supporté par 6 musiciens qui enrichissent une structure sonore qui aurait sonné exactement comme Views From a Red Train, Chandra et quelques œuvres de la série Nagasaki si Edgar avait été seul et qu'il surmonte sa crainte de sonner comme le vieux TD des années Franke et Schmoelling (Beauty of Magic Antagonism et Death in the Shadow) tout en faisant un clin d’œil à Klaus Schulze (Fay Bewitching The Moon). Ce faisant, THE ISLAND OF THE FAY entre dans une zone que Edgar Froese semblait vouloir renier à tout prix; celle de Tangerine Dream.

Une ondoyante ligne de synthé introduit un frénétique mouvement séquentiel dont les pulsations et palpitations hybrides forment une étrange fusion avec les vagues sonores et les sinueuses lignes de synthé qui initient le très vivant Marmontel Riding on a Clef. Absolument géniale cette lourde intro aux multiples lignes séquentielles, qu'une ligne de basse mord de ses accords secs, est ornée de délicates nappes d'un synthé discret aux sonorités toujours aussi divisées entre les approches symphoniques et vocables devenues si chères à Edgar. Cette approche mélodieuse s'insère par bribes timides sur une titanesque structure séquentielle qui défile à vive allure et se nourrit de sa structure frétillante avec l'ajout de doublons nerveux, d'accords au débit saccadé vrillant en furieuses spirales rythmiques, de bonnes percussions sèches et de cliquetis variés qui fortifient une étonnante et stupéfiante approche rythmique circulaire dont la mélodie synthétisée reste stationnaire. Marmontel Riding on a Clef est un superbe titre dont la profondeur ténébreuse se dissipe dans les furieux mouvements séquentiels alors que Breath Kissing Matter's Mouth offre une approche rythmique plus tempérée, voire statique. L'intro est sombre et empreinte de mystère avec ses lourds accords pulsatifs et ses notes qui circulent en boucles sur des effets sonores et percussions papillonnant. Lent, le rythme rencontre un mouvement séquentiel nerveux dont les limpides accords voltigent en un staccato débridé dans des spirales rotatoires. Avec ses 2 structures rythmiques parallèles Breath Kissing Matter's Mouth bouillonne sous ses séquences qui dansent d’une fureur circulaire sur des couches de synthés aux chœurs astraux et aux sinistres lamentations violonées. Beauty of Magic Antagonism est une belle mélodie métallisé au goût du Tangerine Dream des années Le Parc et Hyperborea. Le rythme est lent et métallique, arqué sur de bonnes frappes de percussions et des séquences nerveuses. Le synthé y est très mélodieux et laisse couler une belle approche aux harmonies du Dream des années 80-90, tout comme Cycle of Eternity qui est par contre plus nerveux et plus près des sonorités contemporaines du Dream avec les percussions très enlevantes de Iris Carmaa. Fay Bewitching the Moon est l'un des moments forts avec son intro ondoyante aux superbes arrangements orchestraux où les mélancoliques envolées d'instruments à cordes glissent sur une peau de chagrin. Un mouvement qui n'est pas sans rappeler Klaus Schulze sur X. Par la suite on pénètre dans le sombre univers du Dream des années Cyclone avec un rythme sautillant sur des nappes de synthé aux réminiscences que l'on ne peut nier. Les percussions de Iris Carmaa ajoutent une profondeur irréelle aux nappes de synthés métalliques si uniques à Froese. Le violon de Hoshiko Yamane caresse ce rythme sautillant et saccadé qui est vraiment aux portes musicales des 2 antipodes de Tangerine Dream. C'est un superbe titre qui sent le génie plein les oreilles.

Le mouvement séquentiel et les percussions de l'intro de Death in the Shadow ne sont pas sans rappeler le rythme accrocheur de Warsaw in the Sun. Peu à peu le rythme devient plus nerveux et est survolé de couches de synthé hybrides. Un peu comme partout dans cet album le rythme est stationnaire, même si bouillonnant, et est axé sur une fusion séquences/percussions qui tambourine une cadence nerveuse, toujours sur le bord d'exploser mais qui retient son implosion auprès d'une ligne de basse aux longilignes notes roucoulantes. Les couches de synthé épousent des vocalises angéliques alors que des nappes éparses ajoutent une profondeur emplie des effluves musicaux des années Pinnacles et Stuntman à un titre qui gagne en férocité à mesure qu'il progresse. Moment of Floating into the Light est une longue ballade qui glisse sur de belles séquences nerveuses mais stables dont les superbes solos de guitares du vieux renard trahissent sa nostalgie. C'est une très belle ballade poignante où le rythme lourd ne déborde jamais et la fusion synthé/guitare coule tout au long d'un mouvement séquentiel légèrement sautillant. Darkness Veiling the Night est l'autre moment très fort. Un titre qui nous amène dans des territoires encore plus sombre et mystérieux que Breath Kissing Matter's Mouth avec un rythme langoureux qui amorce sa croissance avec des percussions dont les résonnances feutrées frappent dans un étrange monde aux ambiances et sonorités éclectiques. Des accords d'une guitare errante couvrent la foulée de cette curieuse marche diurne où des accords d'un piano solitaire croisent les frappes d'une percussion de style xylophone dans une ambiance où la romance côtoie l'apocalypse. C'est un délicieux mélange de Picture Palace Music et Tangerine Dream sur de somptueux arrangements orchestraux qui ajoutent une profondeur romanesque à ce titre lourd et puissant, tant de par son tempo langoureux que de ses suaves arrangements à faire fondre une roche. Un superbe morceau qui dépeint la noirceur du personnage qu'est Thorsten Quaeschning.

À ne pas en douter, THE ISLAND OF THE FAY est un solide opus et l'un des très bons fait par Tangerine Dream depuis des lunes. En fait c'est l'album attendu par les fans du Dream qui, année après année, espéraient entendre une mouture où l’esprit du vieux Dream rôderait au-dessus des nouvelles idées d'Edgar Froese. C'est maintenant chose faite. Certes THE ISLAND OF THE FAY n'offre pas ces longues pièces où le Dream changeait ses structures rythmiques en un tour de main, mais il offre 8 solides titres où les avalanches séquentielles se moulent à de superbes mélodies qui cadreraient fort bien dans l'ère Franke, Froese et Schmoëlling. Des rythmes lourds et nerveux entourés de synthés aux couches hybrides et de guitares suaves qui trempent dans de beaux arrangements orchestraux. Bref, un solide opus d'une MÉ qui traverse les décennies du Dream pour plonger de plein fouet dans une histoire qui devrait se poursuivre avec un volume 2. Tout simplement magique et exquis, c’est un retour aux sources fortement espéré depuis des lunes et que l'on n’attendait plus.

Sylvain Lupari (05/05/11) ****½*

Disponible au Groove nl

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