“The Sessions 1 commence par une simple note, générant deux tornades de sons et de rythmes qui ont été chaleureusement accueillies par les fans purs et durs de Tangerine Dream”
1 Blue Arctic Danube 31:42 (10pm Session at A38 Budapest) 2 Gladiatorial Dragon 27:49 (9.35pm Session at AC Hall Hong Kong) Eastgate 080CD (CD 59:31) (Berlin School)
Mes oreilles ont dévoré l'excellent Particles. Constitué d'une musique jouée en concert et d'une version retravaillée de Rubycon, l'album portait aussi à nos oreilles un titre totalement improvisé en studio. Un titre qui reflétait cette approche des spectacles de Tangerine Dream durant les années 73-83. Devant le succès inattendu de 4:00 pm Session, Thorsten Quaeschning, Ulrich Schnauss et Hoshiko Yamane décidèrent de retenter l'expérience lors des concerts à Budapest et Hong-Kong au début 2017. Performés sous formes de rappel, ils se retrouvent sur le premier d'une série de Cup-Disc ou de double Cup-Disc intitulée THE SESSIONS I. Et comme je suis toujours à l'heure en ce qui a trait aux chroniques sur la musique de Tangerine Dream (Sic!) et répondant surtout à la demande de mes lecteurs, voici, en retard, la première d'une série de chroniques sur les derniers albums de Tangerine Dream des années Quantum. Dédié à la mémoire d'Edgar Froese, THE SESSIONS I s'évade à partir d’une simple note, engendrant deux tornades soniques qui ont été chaudement accueillies par les fans purs et durs de Tangerine Dream. Même s'ils ont longtemps décrié cette approche proposée par de nombreux imitateurs du mythique trio Allemand et même si les 3 nouveaux amigos de la Musique Électronique contemporaine sont aussi l'équivalent de ces groupes que ne pouvaient tolérer ces mêmes fans…Allez comprendre! Mais peu importe, c'est toujours très intéressant de tremper nos oreilles dans ces atmosphères qui sont remplies de surprises. Bonnes comme mauvaises.
Enregistré à Budapest le 28 Janvier 2017, Blue Arctic Danube est le rappel d'un excellent concert que j'ai eu la chance de visionner sur You Tube. Une ombre se dépose entre nos oreilles avec un mouvement circulaire. L'empreinte laisse des coussins flotter dans le néant, alors que tranquillement se dépose une multitude de pads dérivant à la recherche d'une structure plus homogène dans l'espoir d'y crécher. On peut déceler des impressions des années Jive, mais c'est à peine. Les ambiances sont enveloppantes, même avec un filet de réverbération qui étend une aura de bourdonnement inquiétant. Des nappes luxuriantes, dont les rayonnements sonores proposent une vision de contemplation d’aurores boréales, se posent ici et là, alors que les ambiances détachent de belles orchestrations éthérées. Eh oui, nous avons ces parfums de flûte qui coulent alors que des cliquetis multiplient leurs échos dans un portail d'éléments percussifs qui prennent de plus en plus le contrôle de Blue Arctic Danube. On arrive à la 9ième minute et j'ai l'impression que la musique débute. C'est à cet instant que le séquenceur se met en marche. Appuyé par des nappes de voix chthoniennes et par d'autres éléments de séquences et d'effets percussifs, le rythme est lourd et vif. Du pur Berlin School avec ses boucles ascendantes et ses ombres de résonances, Blue Arctic Danube roule comme un train entêté sous une avalanche de nappes nébuleuses, d'effets et de solos très stylisés. Une première chute ralentie la course du rythme autour de la 17ième minute, alors qu'une séquence perd sa boussole rythmique. L'effet est contagieux pour les oreilles. Amputé de cette séquence, le rythme perd de plus en plus sa vigueur jusqu'à clopiner avec peine au point des 20 minutes. Sans jamais disparaître, il lutte contre une enveloppe de voix, de brumes et de chants d'une flûte aiguë dans un espèce de flottement, comme un corps dérivant entre deux nappes de miroitements soniques. Un ballet d'effets et d'accords cristallins ainsi que d'effets percussifs flottants envahit nos oreilles. Les couches d'ambiances se multiplient et on discerne avec peine les lamentations du violoncelle de Hoshiko Yamane qui, honnêtement, semble perdue dans ce décor. Des nappes cathédralesques enveloppent cette possible éclosion rythmique, amenant la finale de Blue Arctic Danube dans un repaire ambiant.
Enregistré le 27 Février 2017 au Academic Community Hall d'Hong-Kong, Gladiatorial Dragon débute sous une salve d'applaudissements. L'écoute avec des écouteurs est priorisée ici, à cause d'une trop grande surcharge d’effets, dont ces innombrables sons de flûtes à coulisse. La tonalité et surtout l'approche sont assez différentes de Blue Arctic Danube. La première partie est d'ambiances avec des tonalités électroniques plus contemporaines qui sont très diversifiées et des embryons rythmiques qui vont et viennent dans des fureurs retenues par cette masse d'effets sonores. En fait, on sent plus l'empreinte de Tangerine Dream dans ce titre avec une vision qui embrasse les années Logos, notamment les concerts de 81-82. Je pense à des titres comme Undulation, Thermal Invasion ou encore Silver Scale, notamment à cause de la lente éclosion du rythme. Le séquenceur est très actif, mais en mode exploratoire avec diverses formules qui sont constamment repoussées ou amoindries par des sons et des tons de tous acabits. Il y a un très beau mélange de vieux sons, autour des 14 minutes, et de tonalités froides des années du MIDI dans cette structure où le piano rappelle que Thorsten Quaeschning est aussi l'âme de Picture Palace Music. C'est dans un véritable tintamarre de distorsions, qui ont agressées mes oreilles pour être honnête, que Gladiatorial Dragon tente une dernière percée dans les territoires de rythmes soutenus qui est aussi avortée par cette indélogeable masse de sons qui fait que ce THE SESSIONS I m'a laissé sur mon appétit. Trop, c'est comme pas assez! Sauf que Blue Arctic Danube est très bon et que les 20 premières minutes de Gladiatorial Dragon sont très respectables.
Sylvain Lupari 08/03/19 ***½**
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