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Writer's pictureSylvain Lupari

TANGERINE DREAM: The Sessions V (2019) (FR)

The Sessions nous arrive avec cette amère sensation de déjà-vu dans la très grande histoire de Tangerine Dream

1 09.12pm Session - IJ 33:27

2 02.28pm Session - Gruenau On The Other Side 43:59

3 11.15am Session – Regattastrecke 20:49

4 11.15am Session - Regattastrecke (Video) 21:52

Eastgate ‎ 086 CD

(CD Digipack 98:15) (V.F.)

(E-Rock, Improvised EM)

Après un The Sessions IV qui m'avait carrément laissé sur mon appétit, THE SESSIONS V nous arrive avec cette amère sensation de déjà-vu dans la très grande histoire de Tangerine Dream. Rappelons que les membres du trio Quaeschning, Yamane et Schnauss ont tous connu deux grosses année en solo depuis la parution de Particles. Hoshiko Yamane a produit ses 4 premiers albums en solo. Thorsten Quaeschning y est allé d'un bande originale, l'excellent Cargo, et de Munich en plus d'avoir collaboré avec Paul Frick, Ulrich Schnauss et tout dernièrement Harald Grosskopf. De son côté Ulrich Schnauss a collaboré avec Nature Of Wires en plus d’avoir assemblé une immense œuvre rétrospective. Tout ceci laisse peu de temps au trio pour souffler sur les voiles du vaisseau musical de feu Edgar Froese. Et c'est correct comme ça! Tangerine Dream n'a aucune raison d’exister, même si mon ami Thorsten peut être considéré comme le dernier lien entre Edgar et Tangerine Dream. Ce qui laisse aussi peu de temps pour bien s'impliquer dans cette série de Sessions que le management de Tangerine Dream a essorée jusqu'à ce que le canevas en soit totalement émietté. Ce qui nous amène à ce THE SESSIONS V!

Le contexte est propice à cette longue introduction de nappes entrecroisées dont les couleurs bleuâtres laissent filtrer les riffs flottants et les pulsations sans organisation de 09.12pm Session – IJ. Les 3 musiciens sont en concert et doivent trouver une façon d'harmoniser leur vision dans un schéma qui nous séduira autant que dans Particles ou The Sessions iii. C'est donc un ruisselet d'arpèges vrillant sur lui-même que le rythme ambiant tente une approche entre mes oreilles. Le rythme qui est sort est lourd avec une approche saccadée comme dans tout bon Berlin School improvisé qui a un timide lien avec les tournées de 81-82-83 du Dream avec Johannes Schmoelling à bord. Le synthé lance des arcs avec des parfums arabes et psychédélique alors que le séquenceur sculpte la route d'une structure lourde et vive qui fait un premier arrêt autour des 21 minutes. Une petit phase atmosphérique et pouf! Le rythme revient avec plus de vigueur. Tout ça c'est bon. Mais il y manque quelque chose. Trop long? Manque de pratique, de complicité? La passion? Oui la passion et l'âme n'y est juste plus. C'est en studio que 02.28pm Session - Gruenau On The Other Side a été couché sur bobines numériques. Son introduction est très similaire à celle de 09.12pm Session – IJ et on décerne mieux les lentes agonies du violon. La foire au tapage se met en branle tandis que la portion rythme se laisse toujours désirer. C'est une longue introduction, nous sommes dans les studios de Betonwerk in Berlin, qui me porte à croire que le trio fait du remplissage alors que graduellement vélocité et fureur au niveau des séquenceurs et de la ligne de basse amènent la musique vers un noyau rythmique moins passionné que dans 09.12pm Session – IJ. En fait, les deux structures sont quasiment identiques avec plus de lourdeur et une phase atmosphérique plus longue dans 02.28pm Session - Gruenau On The Other Side. Maintenant 11.15am Session – Regattastrecke!

Petit coup de génie au niveau marketing ici avec une version audio et une autre en vidéo de ce titre qui est le plus beau titre de THE SESSIONS V. En noir et blanc, la vidéo jette un regard très intimiste sur les 3 musiciens avec des plans détaillés de leurs gestes et même de leur états d'âme, notamment l'excitation d'Ulrich Schnauss et Hoshiko Yamane qui semble flotter dans ce minuscule local de pratique. La musique? Elle est taillée dans le même moule que les deux premiers titres et c'est là que l'on constate toute l'étendue et l'emprise de la violoniste japonaise sur la direction musicale. Elle qui remplace littéralement les synthétiseurs, tant dans les harmonies que les solos et les effets. Je dois souligner qu'elle est très talentueuse dans l'art de triturer ses cordes, extirpant des tonalités inaccessibles aux synthétiseur. Souvenez-vous de Bernard Xolotl! Son violon pleure sur des jets de séquences et d'éléments percussifs qui nouent un rythme chaotique et plutôt séduisant pour les oreilles. Peu à peu, cette longue structure s'organise pour tisser un rythme aussi lourd que vivant. Au final, nous avons du violon sur un lit de pulsations séquencées, de séquences et autres éléments percussifs auxquels se greffent les multiples effets sonores d'un autre synthé. Pas de solos de synthé, ni de guitare! Bref, un titre qui ressemble aux deux autres titres du CD 1, mais en mieux. Ça vous rassure? Moi ça me fait peur, et ça m'amène à penser que ce The Quantum Years étire une agonie déjà trop longue où s'ajoute un autre pénible chapitre avec Recurring Dreams.

Sylvain Lupari (24/02/20) ***½**

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