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Writer's pictureSylvain Lupari

TANGERINE DREAM: Turn of the Tides (1994) (FR)

Updated: Apr 21, 2020

“Contrairement à bien des opinions, Turn of the Tides est un bel album mélodieux qui vaut ses quelques dollars, surtout avec la présence de Zlatko Perica”

1 Pictures at an Exhibition 3:01 2 Firetongues 6:32 3 Galley Slave's Horizon 7:47 4 Death of a Nightingale 5:30 5 Twilight Brigade 9:45 6 Jungle Journey 6:34 7 Midwinter Night 4:38 8 Turn of the Tides 7:40 9 Story of the Brave 5:17 Miramar CMPCD 2806 (1994)

(CD 51:27) Eastgate ‎– 232651 (2009)

(Digipack 56:44) (Electronic Rock & New Age)

Ça fait longtemps que je veux revenir à chroniquer les vieux disques de Tangerine Dream. Idem pour Schulze et Vangelis ainsi qu'Ashra/Göttsching, mais le nombre effarant des demandes d'autres artistes, parfois ce sont mes demandes, me détournent de cet objectif si important à mes yeux et pour mes oreilles qui ont cette tendance à oublier ou à avoir manqué de vieux albums qui valent, ou non, le détour. Je vous le dis d'entrée de jeu, ce TURN OF THE TIDES vaut un petit détour. Moins froid et moins corsé que le trop insipide Rockoon (je m'excuse auprès de ceux qui ont aimé) ce 49ième (sic!) album de Tangerine Dream a positionné la musique d'Edgar et ses sbires dans l'échiquier du New Age sur le marché américain. L'album était d'ailleurs en nomination pour cette catégorie aux très prestigieux Grammy's de 1995. Ce faisant, Tangerine Dream visait un nouveau public qui connaissait très peu la MÉ, encore moins le Berlin School, et ses innombrables possibilités créatrices. Non! La gang à Froese visait la rentabilité et la notoriété sur l'autre continent au profit de la créativité.

Des sabots sur le pavé et des hennissements de chevaux donnent une approche théâtrale à Pictures at an Exhibition. Acclamée par une nouvelle génération de fans, cette pompeuse version jette aux oubliettes la très forte interprétation d'Emerson Lake & Palmer dans les années 70. Ces années sont très loin de la nouvelle direction artistique du tandem Froese qui maximise leurs compositions avec la froideur du digital et le métallique des boites à percussions. Firetongues suit justement avec une rythmique du genre ballade plutôt confortable et des accords de clavier mélodieux sur un pattern de percussions qui jumelle le rock à une approche plus tribale. Le titre atteint une lourdeur avec des effets pigés dans l'intérieur de sous-marin et embrasse une furieuse approche de Flamingo dans un mode rock avec une merveilleuse guitare latine de Zlatko Perica et dont la vitesse sur les cordes peu couper le bec à n'importe quel synthé. Ce titre composé par Jerome Froese fait partie des bons coups dans cette section de carrière du Dream. Galley Slave's Horizon débute par une structure lourde et lente qui évolue par phases, avec un petit milieu mou de tendresse, avant d'atteindre ce rock électronique que Tangerine Dream servira pour les quelques années à venir. Entendons-nous! Ce n'est pas de la bouette, c'est même hyper mélodieux, mais il y a tellement de sons, de tonalités compressés que ça devient trop pour rien. Death of a Nightingale est une belle ballade qui met en vedette le saxophone de Linda Spa. Une addition controversée qui charmera le public américain amateur de New Age.

Death of a Nightingale est un titre que je ne déteste pas à cause des doigts agiles et magiques de Zlatko Perica qui nous en met plein les oreilles avec des séries d'accords, de riffs et de solos qui extirpent ce titre de son lourd embourbement sonore qui rend la musique aussi pleine de futilités que dans Galley Slave's Horizon. Et ça va suivre les prochaines années du Dream qui démontre que la MÉ est plus une histoire de sons métissées par-dessus des boites à rythmes effarantes qu'une histoire de passion, d'âme et d'ingénieuse créativité. Jungle Journey est un bon rock un peu plus épuré avec juste ce qu'il faut de percussions et dont les roulements croisent des mouvements de séquences débridés, sauf que la symbiose est bien cimentée. Les guitares sont très bonnes avec un bon dosage de solos et d'harmonies. C'est sans doute le premier titre composé par Jerome à m'avoir séduit aussi facilement. Il est impossible de ne pas aimer la très belle ballade qu'est Midwinter Night. Je ne suis pas un grand fan de Linda Spa mais son sax sonne très bien ici. La pièce-titre est un truc bizarre avec une structure sautillante où la guitare fuzz wah-wah est trop loin des années funk dans un style qui fait plutôt fiesta mexicaine. Edgar Froese tente de souffler le chaud et le froid sur une structure de 8 minutes en proposant des changements, de la diversité sur un truc qui ne cimente jamais. TURN OF THE TIDES fut réédité quelques années plus tard, notamment sur TDI en 1999, avec un titre en prime; Story of the Brave composé par Edgar et Linda Spa. C'est une belle ballade très mélancolique avec des nappes de chœur de jeunes vierges sur un rythme assez entraînant. La basse sonne bien, comme du Patrick O'Hearn, alors que les synthés sont en mode prudence. Il y a du sax, mais ce n'est pas pire. C'est comme entendre de belles orchestrations. Et il y a beaucoup de masse de sons…Comme si Edgar n'arrêtait jamais de finir une pièce de musique.

Tout compte fait, ce TURN OF THE TIDES avait tous les outils pour faire percer Tangerine Dream sur le marché de l'Ouest Américain. Il y a du rythme, beaucoup de sons au pouce carré, des mélodies, de grosses percussions, de la guitare et du synthé. Mais peu ou pas de ligne de rythmes animées par des séquences ni des solos de synthé. Ça bouge, c'est vivant et ça s'écoute assez bien. Les nostalgiques du Dream des années Virgin et Jive ont toutes les raisons aussi de ne pas aimer, alors que la nouvelle clientèle a toutes les raisons de ne pas détester. Bref, un éternel débat qui s'étirera jusqu'à ce que Thorsten Quaeschning ne débarque en 2005. Mais il y a eu des bons coups d'ici là! TURN OF THE TIDES en est un.

Sylvain Lupari (01/10/17) *****

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