“Mais de la Muzak, c’est de la Muzak!”
1 Catwalk 7:21 2 Birdwatcher's Dream 6:52 3 Little Blond in the Park of Attractions 6:57 4 Living in A Fountain Pen 6:59 5 Stratosfear 1994 5:08 6 Bride in Cold Tears 4:53 7 Haze of Fame 8:30 8 Tyranny of Beauty 6:35 9 Largo from "Xerxes" 4:12 Miramar 0 9006-23046-2
(CD 57:27) (E-Rock, New Age, Easy Listening)
Une autre chronique à propos de Tangerine Dream qui va m'attirer ma part de merde parmi les inconditionnels de la xième image sonore du désormais controversé groupe phare de la naissance du Berlin School, au berceau des années 70. Que l'on veuille ou non, les différentes versions du Tangerine Dream d'Edgar Froese soulèvent beaucoup de passion. Et ce n'est pas ce TYRANNY OF BEAUTY qui va calmer les débats. Après un album difficile à attribuer une note de passage, soit Turn of the Tides qui m'avait assez plu en passant, les subalternes du renard blanc et le renard blanc lui-même nous reviennent avec un autre album qui est un genre de fourre-tout. Des rythmes en boîtes, des orchestrations trop faciles, le saxophone de Linda Spa (dont personne explique la présence ni la pertinence), des riffs de clavier et de guitare, des pads de synthé, des percussions (beaucoup de percussions), des effets percussifs (certains même géniaux) et de bons (comme des moins bons) solos de guitare par 2 guitaristes qui ont le mandat de remplacer le très talentueux Zlatko Perica. Beaucoup de rythmes, de bribes de mélodies et de bruits qui se jettent sur des structures érigées sans trop grandes convictions. Voilà l'essence du 50ième album de la version 6 (ou 8 comme 5) de Tangerine Dream. Pourtant, TYRANNY OF BEAUTY débute du bon côté de la musique avec Catwalk et ses effets de voix flottant dans des nappes brumeuses qui débloquent son introduction. On note la présence du séquenceur ici qui tisse des ions vibrionnant sur place, amenant une belle approche mélodieuse sur les lobes de nos oreilles. Évolutif, le rythme emmagasine dès lors une pléthore de percussions électroniques très variées, de même que des séquences percussives alors que la mélodie sifflote ses airs nimbées de nuances. Une guitare, genre flamingo, agite nerveusement ses cordes alors que des orchestrations rehaussent ce passage latino avec des envolées du genre disco des années 70. La force du titre est sa constante évolution qui lui donne beaucoup d'étoffe. Et même si parfois on sent une trop grande diversité dans la structure, le tout respecte une certaine homogénéité tout en ayant une certaine profondeur au niveau recherche. Catwalk deviendra un classique du nouveau répertoire de cette période de Tangerine Dream. Ce sont les guitares, jouées par Gerald Gradwohl et Mark Hornby, qui donnent un peu d'âme à Birdwatcher's Dream. Mais son rythme est comme la plupart des maquettes mathématiques exploitées par père et fils Froese avec un peu plus d'ingrédients percussifs vers sa finale. C'est froid et trop calculé dans un genre Rock & New Age! J'aimais bien le début, assez mélodieux, de Little Blond in the Park of Attractions. Même le son du saxophone, dont je n'ai encore jamais compris la signification dans la musique du Dream, rentrait au poste assez bien. Puis arrive cette épisode mélodique trop New Age sans saveur et cette avalanche de percussions qui déboulent avec une vision à la Rockoon. Inattendu, ça passe! Mais la froideur… Comment expliquer Living in A Fountain Pen? Jeter des riffs de guitare acoustiques, quelques bons solos de l'autre guitare qui sont assez juteux. Lancer pêle-mêle des percussions et effets percussifs, ainsi que des pads aux vieilles armoiries du Dream des années Schmoelling. Moduler un rock sans âme et ne pas oublier le saxophone avec sa chansonnette très Easy Listening. C'est comme avoir de bons ingrédients mais un mauvais chef d'orchestre pour diriger tous ces sons. Et cette observation est un peu normale. Jerome est encore jeune et sa capacité de composition reste à peaufiner. Linda Spa ... c'est Linda Spa, alors qu'Edgar semble épuisé. Et les musiciens qui vont et viennent sans créer de chimie au sein des différentes versions du groupe ajoute à cet effet de stérilité créative. N'empêche que j'aime bien Stratosfear 1994! C'est le prélude de ce que nos oreilles entendront quelques années plus loin avec la série Dream Mixes. Mais avant il reste des titres tel que Haze of Fame et ses ambiances morphiques submergés par d'autres bons solos de guitare. Ça reste du bon New Age, mais même à ce niveau, il se fait mieux. Bride in Cold Tears? Trop d'effets et le style fait aussi très ERA. Il y a de bonnes idées, mais elles ne sont pas assez développées. Un peu comme si tout était fait à la vitesse… Une sensation qui m'a agacé plus d'une fois depuis la fin des années Jive. Et que dire de Largo from Xerxes qui sonne comme du Kenny G. Le genre de truc que l'on ne s'explique pas venant d'un musicien de la trempe d'Edgar Froese. Je ne crois pas que George Frideric Handel aurait apprécié, ni consenti à une telle reprise de son classique. Ce même saxophone sans saveur arrive même à me faire rager dans la pièce-titre qui sonne littéralement comme un titre instrumental d'un film pour ados dans les années 80. Thompson Twins, Tears for Fear, Simple Minds et même Eurythmic auraient fait 10 fois mieux avec ces technologies du Dream. Ça aussi c'est un autre constat agaçant. Ma version n'a pas le titre-boni Quasar. Et je ne suis même pas intéressé à l'entendre. De la Muzak! Rien que de la Muzak… Sylvain Lupari 23/04/19 **½***
Comments