“Solide, entrainant et créatif de la première à la dernière seconde”
1 Pharaoh's Curse 3:30
2 Endless Corridors 6:16
3 Trapped in a Labyrinth 8:07
4 Chased by Giant Spiders 5:35
5 The Maze with 13 Ninches 9:24
6 Pharaoh's Key 7:15
7 The Inner Sanctum 8:09
8 The Sacred Jewel Scarabaeus 6:44
9 The Gate of Eternity 8:16
(DDL 63:15) (New Berlin School & Electronica)
Thaneco & Romerium font partie de ces artistes émergents dans les sphères de la musique électronique (MÉ) du genre Berlin School et de ses dérivés qui attise constamment ma curiosité musicale. Si Thaneco à une vision plus mélodieuse de la musique, son partenaire Hollandais propose une texture plus cinématographique. Ensemble, ils n'ont pas leur pareil pour mettre leurs styles en symbiose dans d'étonnants albums qui transcendent leur style respectif. Pensez à Machine par exemple! Comme ce génial THE MAGIC SCARAB qui propose plus d'une heure d'une musique énergique qui flirte abondamment avec les frontières de l'Électronica, tout en restant bien ancrée dans le Berlin School nouveau genre. Un peu plus et je dirais que c'est une fusion des styles de Dark Force et Machine avec un peu plus d'énergie dans les phases de rythme. Cette 7ième collaboration de Thanos Oikonomopoulos et Rene Montfoort vient d'une idée de Romerium, soit composer une musique inspirée d'un vieux jeu vidéo sur le Commodore 64, Scarabaeus. Nos oreilles pénètrent dans un surprenant univers musical rempli de ces pastiches et clins d'œil sonores propres à l'environnement du jeu et de ses mystères. Le style est d'ailleurs assez cinématographique avec de bons arrangements inspirés du Moyen-Orient.
Pharaoh's Curse met la table avec un titre nourri de vents et de nappes orchestrales. Les nappes flottent dans une enveloppe sonore analogue qui n'est pas sans rappeler les ondes ambiantes de Adelbert Von Deyen. Les poussières de sables s'y greffent et font siffler ces longs wiisshh qui servent de texture à une voix mécanique qui récite un poème composé par l'Intelligence Artificiel. Des séquences limpides dansent en cercle dans les drones gutturaux qui initient Endless Corridors. La musique ici reflète à merveille le sens de son titre avec une ligne de basse séquences dont le mouvement zigzagant erre sous de bons effets sonores et des expirations de ces drones qui donnent une texture légèrement organique aux ambiances. Des percussions manuelles, genre tam-tams tribaux, se mettent à danser de la claquette sur ce rythme dont l'évolution caresse les rythmes semi électronica de Jean-Michel Jarre. Les pads/riffs de synthé ont quant à eux une texture plus près des territoires de Tangerine Dream, de même que l'écoulement du flux de séquences à certains passages qui rappellent l'ingéniosité de Chris Franke. Ces points de référence dans la musique de cet album se retrouvent assez souvent à travers ses 8 autres passages. La musique et son rythme exploitent de brefs passages atmosphériques, nimbés de voix éthérées, ainsi que son lot d'effets sonores dans une structure de rythme électronique soutenu et ses brefs passages en zigzag. Ce modèle polyrythmique qui renoue avec ses origines est aussi assez fréquent dans THE MAGIC SCARAB. Nous sommes littéralement plongés dans l'univers Électronica avec Trapped in a Labyrinth et ses modulations rythmiques toujours imposées pour un mode techno/électro. C'est un croisement entre Leftfield et The Chemical Brothers ainsi qu'un un léger flirt avec les rythmes entraînants de Jarre. Chased by Giant Spiders est dans la même veine avec un beat assourdissant. Les riffs de clavier à la TD ajoutent une dimension plus musicale à ce très lourd Électronica, alors que les effets sonores injectent une dimension plus organique. Il y a beaucoup de bribes d'harmonies très Berliner dans le titre. The Maze with 13 Ninches revient à une structure plus près des racines du New Berlin School avec une structure de rythme hyper oscillante qui trace de longs slaloms spasmodiques. Des pads/riffs de synthé et autres effets sonores flirtant avec une texture organique entourent son évolution rythmique qui s'embrase dans une forme plus technoïde avec des percussions en mode rock et des boom-booms un peu après la 4ième minute. Le séquenceur émiette alors une ligne d'arpèges convulsif et une autre plus fluide qui sonne comme du Tangerine Dream du début des années 80 dans une finale où les nappes de synthé brumeuses ont une horizon cosmique à la JMJarre.
Après un départ axé sur une mélodie cinématographique empreinte de suspense, Pharaoh's Key propose une amorce de rythme électronique stationnaire. Des arpèges virevoltent et papillonnent dans un axe circulaire avec une belle fluctuation dans le timbre des séquences, jouant sur les émotions dramatiques d'une musique dont les harmonies s'inspirent du Moyen-Orient. L'ajout des percussions et de quelques éclats symphoniques ajoutent une touche très Vangelis à la musique, alors que les pads de synthé ont cette essence métallique du Dream des années White Eagle. The Inner Sanctum suit avec une belle structure de rythme électronique du genre New Berlin School. Le séquenceur déroule une ligne d'arpèges aux tonalités limpides comme du cristal. Ils sautillent collés-collés dans l'ombre de l'autre, créant un mouvement fluide qui va-et-vient, qui monte et descend. Des pads de voix éthérées caressent ce rythme ondulatoire, alors que des basses pulsations, bien espacées, lui donnent des élans momentanés. Ces pads se transforment en nappes de brume orchestrale qui peu à peu structurent une délicieuse chorégraphie astrale avec une mélodieuse danse de poussières d'étoiles. Des filets d'harmonies ondulantes glissent dans le décor, apportant cette texture cosmique à une musique qui est dynamisée par l'ajout des cliquetis de cymbales (tssitt-tssitt) et des percussions (boom-boom) dans la 3ième phase du titre qui ne renie en aucun moment la vision Techno et Électronica du duo Greco-Belge. Une mélodie frappée sur un clavier de verre fait entendre ses tintements dans les vents acrimonieux de l'ouverture de The Sacred Jewel Scarabaeus. Les ambiances ont une texture de fantasmagorie avec des mugissements, des résonnances de cloches et des bourdonnements gutturaux. Nos oreilles croiraient être dans l'antre d'une bête difforme. Les arpèges en verre tintent et sautillent en solitaire autour de la 90ième seconde, appelant une structure de rythme ambiant qui bat de ses pas sournois. Les drones et les arrangements orchestraux accompagnent cette lente procession toujours dominée par cette mélodie méditative et ses tintements qui résonnent avec une sensation de percer le son. Le séquence active ses pas qui prennent une cadence plus soutenue, genre marche rapide, alors que les orchestrations prennent une texture de voix. La 3ième phase de The Sacred Jewel Scarabaeus vit sur un rythme qui va-et-vient sans explosion, roulant avec un effet de tituber sous les résonnances de cette mélodie de verre et dans des arrangements qui sont en symbiose avec l'ascension autant rythmique que cinématographique du titre. The Gate of Eternity termine cette aventure dans le cœur du jeu vidéo Scarabaeus avec une structure électronique virevoltante dont le fil rythmique du séquenceur s'accroche à un rythme technoïde (boom-boom) qui est dévoilé par un bon jeu de percussions et de basses pulsations saccadées. Les effets sonores intriguent notre ouïe, alors que les percussions claquantes stimulent autant l'écoute que les pieds dans une autre structure qui combine le rock électronique des années Miramar du Dream à de l'Électronica qui transcende le genre de Moonbooter pour même flirter avec le style de Element 4.
Inattendu, dans les styles visités, mais aussi divertissant que diversifié, THE MAGIC SCARAB est un solide album qui tient nos pieds, comme notre imagination, sur le qui-vive. Suivant cette route de rythmes soutenus dans leur précédent album Machine, Thaneco et Romerium créent un univers de fantasmagorie avec une musique vivante et ses essences qui conviennent très bien à l'histoire racontée en 9 titres. Les rythmes sont très entrainants avec des passages cinématographiques qui inspirent les neurones. Les essences de Jarre combinées à celles de Tangerine Dream ajoutent une dimension unique à cet univers musical qui déborde des frontières de la New Berlin School pour flirter avec une Électronica qui est juste assez agressive sans trop l'être. Solide et créatif de la première à la dernière seconde!
Sylvain Lupari (26/07/23) ****¼*
(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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