“J'ai découvert la profondeur de cet album après une bonne demi-douzaine d'écoutes et chacune d'elle amenait sa ou ses trouvailles”
1 Ejection 5:44
2 Aurora Borealis 5:34
3 Solar Storm 3:09
4 Liberation 6:07
5 Vigil in the Dark 4:30
6 Reunited 4:37
7 Offline 1:38
8 Total Blackout 2:21
9 A Sky Full of Stars 7:33
10 Solar Wind 4:09
11 The Carrington Event (Flashback: 1859) 6:52
12 A New Dawn 3:01
13 1989 (Flashback: Second Warning) 9:00
14 Final Warning 1:39
15 Ejection - Sunspot Remix 5:35
(CD/DDL 71:30)
(Soundtrack, E-Rock, EM)
Lorsqu'on découvre un nouvel artiste, nos horizons semblent se rétrécir. Cette soi-disant ouverture d'esprit culturelle s'évapore pour afficher une suspicion, cherchant inévitablement à établir des parallèles avec un tel ou une telle. Ce sont ces parallèles qui souvent permettre d'établir une meilleure connexion avec l'objet de notre découverte. Et lorsqu'il n'y a rien pour établir ces liens, on semble perdre nos repères. Ça explique en grande partie le temps que j'ai eu de besoin afin d’écrire cette chronique. Des liens avec The Amnis Initiative? Mis à part les structures de Vangelis dans sa musique de films, il y en a peu. La musique de cet album est sombre avec une vision ancestrale qui correspond à l'idée que je me fais de cette époque où même les Amish étaient au même niveau de tous les habitants de cette planète. Et cette réflexion n'est pas gratuite puisque j'ai clairement ressenti l'esprit Amish à bien des endroits dans cet album, notamment au niveau des chants. Très orchestrale, on début je pensais aux derniers albums de Mannheim Steamroller ainsi qu'à leurs hymnes de rock électronique sur Fresh Aire III et Fresh Aire 4, la musique proposée sur EJECTION est en tout point conforme avec son histoire, soit cette tempête solaire qui a frappé le Terre au 18ième siècle. Surnommé événement de Carrington, cette tempête a produit de très nombreuses aurores polaires visibles jusque dans certaines régions tropicales et a fortement perturbé les télécommunications par télégraphe électrique. Elle est considérée comme la plus violente tempête solaire enregistrée ayant frappé la Terre. Cet événement est censé se produire à tous les 150 ans. Imaginé les conséquences d'un tel cataclysme en 2020!?
La pièce-titre n'est fait dans le timide! Une ligne de basses séquences trépignent vivement dans un rapide mouvement oscillatoire où se jette une mélodie spectrale du synthétiseur. Son chant est comme celui d'une araignée jouant les pieuvres sur une masse d'air qui monte et descend. Les percussions qui s'invitent, nous invite à un très bon rock électronique alors que des voix gothiques accompagnent le chant initial du synthé. Ejection arrive à ce point où les ambiances jouent avec les tumultes avant que le rythme ne reparte avec une présence accrue du synthé qui lance ainsi de très bons solos. Comment survivre à une pareille introduction? Aurora Borealis y parvient pourtant avec son air synthétisé sifflant une mélodie affûtée. Des basses pulsations érigent un rythme stoïque alors que des arrangements empruntés à l'univers de Vangelis nous conduisent dans un secteur plus rock progressif. C'est l'envol de la musique avec de bonnes percussions, un séquenceur déliant une limpide ligne de rythme harmonique statique, alors qu'encore une fois le synthé nous surprend avec sa vision et sa tonalité à mille lieus de ces nappes aux limites du rock progressif croisant Vangelis. Une nappe de voix monastérielle expire dans une finale qui nous laisse sur le qui-vive. Solar Storm est le premier titre d'ambiances de INJECTION. Son ouverture vient d'un souffle réverbérant dont les sinuosités nourries son déplacement par de muettes implosions. Des effets dramatiques se greffent à ce qui devient la membrane de ce titre dont le deuxième partie devient survolée par des drones extraterrestres dans une ambiance cinématographique pour films de haute-tension. Liberation propose une vision mélodieuse du séquenceur dérivée de cet air pour Michael Myers dans une lourde enveloppe électronique avec de sinistres mélodies sibyllines qui flottent de leurs longues ailes de vautour sur une structure minimaliste. D'ailleurs, l'art du minimaliste nourri les titres plus longs de cet album, et chaque nouveau tour du cadran des ambiances et des rythmes, il y a gradation dans un des décors. Comme ici, où le rythme progresse plus lentement que les ambiances dans un titre qui au final ne respire pas cette joie de vivre liée à une libération. À date, j'aime ce que j'entends! Ces lentes aigles orchestrales s’emparent de l'intro de Vigil in the Dark où les synthé sont en mode apocalypse dans des vents rempli de particules cosmiques. D'ailleurs des effets cosmiques flirtent avec cette chorale Amish qui donne toujours un ton macabre aux histoires de cet album et à la marche funèbre de Vigil in the Dark. Reunited danse lascivement au son de ce saxophone lié au synthétiseur dans ce qui devient le titre le plus accrocheur de EJECTION. Autant par son rythme bondissant mollement que de sa mélodie synthétisée influencée par le style de Jean-Michel Jarre, ce titre serait le 45 tours idéal à cet album. Très bon! On siffle son refrain des heures plus loin…
Offline met en vedette la chorale synthétisée de The Amnis Initiative. Érigé sur un large éventails de percussions électroniques, Total Blackout est un autre gros titre cinématographique qui irait assez bien aux ambiances d'un film comme 300. Ambiances pharaoniques sur une structure parfois sans rythme, mais juste animé par un tonnerre de percussions de fanfare, comme parfois saccadé Total Blackout avance dans des arrangements orchestraux digne du musicien Grec dans une structure qui ne dit pas non à de très bons solos. Impressionnant! Plus séraphique, A Sky Full of Stars propose une longue structure semi ambiante où le séquenceur passe à deux niveaux de rythme dans un univers d'ambiances à la Blade Runner. Les ailes de synthé dominent les battements, alors qu'un petit carrousel d'arpèges miroitant fait contraste ici et qui donne un petit quelque chose à A Sky Full of Stars. Même dans sa mutation organique. Solar Wind nous jette dans des ambiances sibyllines, un peu comme Solar Storm l'a fait. Sauf qu'ici, les ambiances des orchestrations nous plonge dans un croisement entre Cocoon et E.T. pas vraiment songé pour les enfants. The Carrington Event (Flashback: 1859) propose un bon rock électronique nerveux avec des effets cinématographiques et des éruptions rythmiques qui me rappelle l'univers de Andy Pickford dans ses premières années. A New Dawn est un titre lunaire qui fait très Vangelis rétro pour ne pas en parler. Tant pour le souvenir, que pour les arrangements, c'est d'une tendresse à faire pleurer un oignon! 1989 (Flashback: Second Warning) est un bon rock électronique forgé dans un séquenceur qui fait sauter ses billes de rythmes jusqu'à ce que les percussions les attrapent pour nous entraîner dans un rythme aussi pur que la pièce-titre. Le synthé épouse cette structure rapide en adoptant un langage informatique adéquat alors qu'une autre ligne fait ses solos dans une structure qui roule sur l'autoroute des rythmes électroniques, incluant tunnels et passages à niveau, dans un 9 minutes bien structuré. Parfois j'ai l'impression d'entendre des soucoupes volantes virevolter, me ramenant aux ambiances de Rencontres du Troisième Type. Suis-le seul? Après un Final Warning qui fait aussi très Vangelis, les larmes en moins, Ejection - Sunspot Remix termine cet album comme il l'avait débuté. Sauf que cette fois-ci, le rythme fait Trash Electronic dans une structure vivifiée par de très bonnes percussions et par ses vigoureuses saccades.
Oui mes amis, une excellente découverte que ce EJECTION! J'ai découvert la profondeur de cet album par The Amnis Initiative après une bonne demi-douzaine d'écoutes. Chaque nouvelle écoute amenant sa ou ses trouvailles! Et lié à cette fantastique histoire de science-fiction, qui est arrivée pour vrai, cet album dépasse les 70 minutes sans une de trop. La musique de l'artiste Hollandais Dennis Lodewijks, l'homme derrière The Amnis Initiative, est riche et les rythmes sont cousues dans le complexe de la sophistication, donnant ces incroyables couleurs à cet album qui accroche un gros sourire à mon visage en me faisant dire; oui la musique électronique est toujours vivante et surtout novatrice. À ne pas manquer…
Sylvain Lupari (13/08/20) ****½*
Disponible au The Amnis Initiative Bandcamp
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