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Writer's pictureSylvain Lupari

THE GARWIN PROJECT: Two But Not Two (2020) (FR)

Une belle trouvaille qui nous fait voyager en moins de 40 minutes dans un juste aperçu de l'évolution de la Berlin School

1 Live at the Church of Sound 36:18

(Nottingham UK 19 April 2018)

2 Live at Weird Garden 40:40

(Bootleg Mix Bonus Track - Lincoln UK 4 May 2018)

(DDL 76:58)

(Berlin School, EDM)

Je n'ai pas beaucoup d'informations sur The Garwin Project. Je sais qu'il s'agit du projet d'un seul homme, Peter Waring et qui est actif depuis 2012 avec une série de parutions de singles jusqu'en 2017, date du premier album Can We Make It Back To Earth. TGP a aussi participé à l'album compilation E-Scape 2020 avec 2 solides titres dont Run Four qui semble être la principale ossature de TWO BUT NOT TWO, notamment avec Live at the Church of Sound. Interprété en concert et sous forme d'improvisation, les deux titres de cet album sont dans le pur modèle Berlin School avec la vision rock de la England School qui s'apparente à des groupes tel que RMI, Air Sculpture et surtout à The Cosmic Smokers. Les introductions sont vaporeuses avec des tonalités pour la plupart vintage alors que les finales n'en finissent plus de finir. Et entre les deux, c'est du miel pour les oreilles…

C'est une ambiance sombre et chtonienne à la Jim Kirkwood qui occupe l'ouverture de Live at the Church of Sound qui est un solide titre de MÉ. Des ions sauteurs, et leur amusante tonalité, pépient sur les derniers souffles d'une orgue fantomatique. Leur démarche cabotine est envahie par des séquences plus résistantes dont la tonalité basse et austère épouse cette allure de zigzag titubant. Nous sommes au cœur d'une masse de séquences aux directions contraires où deux lignes établissent leur domination. Une ligne finie par sautiller vivement sur place, dirigeant cet amas rythmique désordonné vers un mouvement plus fluide, autour des 12 minutes. Les percussions qui s'invitent restructurent une rythme lourd et linéaire recouvert par une boule de réverbération corrosive. Ça sonne comme un immense sitar qui a raison de cette incohérence rythmique et qui plonge Live at the Church of Sound dans une phase d'ambiances patchoulis où l'herbe interdite nous fait voir les étoiles à travers une brume occulte où le sitar sonne comme une boule de radiations avec ses multiples éclairs se chamaillant entre le bleu ou le blanc. Un moment psychédélique qui ne franchit pas les 17 minutes, car le séquenceur libère une ligne sautillante dans une phase de réverbérations qui n'a plus rien à voir avec l'amour infini de Ravi Shankar. Une bulle pulsatrice saute fermement, libérant aussi un nid de radiations électroniques qui nous promène dans le psybient trance avant que le séquenceur nous balance ce délicieux rythme analogue, genre Tangerine Dream. Live at the Church of Sound devient alors un pur EDM vêtu des parfums de la Berlin School. Un bassin d'arpèges en fait dandiner un qui court dans le même archétype oscillatoire et spasmodique de cette ligne principale de rythme qui change continuellement de peau dans ce pattern de EDM, nous traînant sur une piste de danse virtuelle dont le plafond change constamment d'enduit sonore. Tel un train qui sent qu'il a déraillé, Live at the Church of Sound arrive à ce point de non-retour un peu avant la 30ième minute explorant ainsi un territoire d'ambiances éclectiques qui remplissent les oreilles de ceux qui espèrent une autre irruption rythmique débridée.

J'aime l'humour Anglais! Il y a une petite pointe de sarcasme dans à peu près tout. Comme sur Live at Weird Garden dont le Bootleg Mix est tout à fait approprié. Le son semble directement venir d'un enregistrement de première génération d'un spectateur qui semble seul dans sa rangé…et devant et derrière lui. Et comment c'est? L'ouverture possède tout pour plaire à ceux qui raffolaient de ces visions d'éther planant de Klaus Schulze. Le rythme est similaire à Live at the Church of Sound enregistré sur un 4 pistes. Ça fait l'étrange sensation d'entendre une version acoustique du titre. Il y manque l'intensité, probablement à cause de la mauvaise qualité de l'enregistrement où on peine à discerner le Mellotron autour de la 22ième minute. Un beau moment d'ambiances qui se fait secouer le pommier avant la 26ième minute lorsque le séquenceur enclenche sa course débridée. Dommage que l'enregistrement soit à ce point faible, car c'est un beau moment violent où la EDM est à l'honneur sans cette masse de radiations électroniques qui lui mangeait le dos dans la pièce d'ouverture de ce TWO BUT NOT TWO qui au final est l'album d'un titre avec en bonus une interprétation médiocre de Live at the Church of Sound dans un enregistrement d'un manque de qualité sans nom. Mais le talent est là! Il ne reste juste qu'à le découvrir avec ce très bel album de The Garwin Project qui en 36 minutes fait un juste survol de l'évolution du Berlin School. Très bon pour le recommander sans hésitations.

Sylvain Lupari (22/10/20) ***¾**

Disponible au The Garwin Project Bandcamp

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