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Writer's pictureSylvain Lupari

THE JUPITER 8: Songs from the Engine Room Part 1 (2005) (FR)

Un bel album qui plaira aux amateurs de prog et électronique des années 70

1 Fifth Blob From The Sun 16:56

2 Sea Of Tranquility 14:41

3 Red Spot 24:22

(DDL 55:59)

(Progressive EM, Krautrock)

The Jupiter 8 est un projet musical entouré d'une aura de mystère. Un musicien anonyme (OJ) qui niche sur le même label qu'Andy Condon (A-frame Media), l'homme derrière The Glimmer Room, et qui a participé à un concert de The Glimmer Room en juillet 2005, Stages Echoed. Un personnage énigmatique, mais sympathique, qui aime expérimenter ses intrusions sonores dans un monde musical divisé entre le conventionnel et le non-conventionnel, soit guitares et basses versus synthés, séquenceurs et logiciels. SONGS FROM THE ENGINE ROOM Part I est une réflexion et une expérimentation sur les genres électronique et psychédélique des années 70. OJ habillent ses sonorités d'un mélange des genres sur des structures minimalistes, donnant un résultat aussi fascinant que captivant. Ouvrez grandes vos oreilles et entrez dans l'univers de The Jupiter 8.

Fifth Blob From the Sun débute avec une ligne de synthé qui oscille frénétiquement dans un inquiétant vide intersidéral. D'étranges effets sonores circulent en arrière-plan, initiant une rythmique façonnée par de bonnes percussions. Une batterie percutante aux frappes arythmiques est jointe par une bonne ligne de basse. Et la structure de Fifth Blob From the Sun est en place. Un synthé vient étaler ses soyeuses strates qui ondoient tels des masses spectrales sous des effets sonores galactiques. Le rythme est constant et oscille entre une techno hypnotique et un jazz débridé avec les solos de guitares qui surplombent un long mouvement minimalisme où les nappes de synthé s'empilent et ondulent. C'est un long titre hypnotique, comme ces longs titres répétitifs des années psychédéliques, bourré de subtiles modifications et oscillations qui cloue l'auditeur à ses hauts parleurs afin d'y saisir toutes les nuances. Sea of Tranquility est construit selon le même principe. Un long titre groovy installé sur une superbe structure, toujours aussi hypnotique et minimaliste, bien ancrée sur une belle ligne de basse dont les accords chevrotent dans une lourde résonnance. Encore ici, les nappes de synthé coulent comme de tendres chants spectraux. Elles sillonnent cette structure langoureusement envoûtante avec des strates moulantes qui meuvent au ralenti, tissant de longs cercles giratoires et créant une fine ligne syncopée qui se greffe vers le milieu de Sea of Tranquility. Une guitare à la Manuel Göttsching vient y jeter ses accords qui traînent avec une belle désinvolture sous des sinuosités synthétisées spectrales. Un superbe titre hypnotique, qui envoute de la première à la dernière note.

Des effets sonores simulent un étrange monde aquatique. Des notes égarées se figent dans l'espace-temps, créant un curieux délire cosmique qui évolue sur une structure atone. Des lointains roulements de tambours métalliques se font entendre et la structure rythmique de Red Spot s'anime tout comme l'intro de Fifth Blob From the Sun. Mais Red Spot est plus long, plus corrosif et plus expérimental avec des boucles résonnantes qui voltigent sur une structure qui prend racine sur une bonne basse coulante. En fait, The Jupiter 8 s'amuse sur Red Spot qui évolue sur un lent mouvement aux teintes d'un groove ondulant dans une ambiance cosmique. Un mouvement minimalisme divisé par des arrêts où des passages ambiants sont secoués par des percussions et une basse aux longs accords sinueux, alors que le synthé subdivise ses strates enveloppantes tout en échappant quelques bribes mélodieuses. Hypnotique et minimaliste, le titre caresse tous les styles musicaux explorés sur SONGS FROM THE ENGINE ROOM Part I, faisant de ce long titre une aventure musicale audacieuse où les rythmes envoûtants caressent les atmosphères galactiques sur un canevas sonore contemporain.

Le but visé de The Jupiter 8 est atteint. SONGS FROM THE ENGINE ROOM Part I est une étonnante virée cosmique dans les lentes et longues improvisations plus psychédélique qu'électronique des années 70. Fifth Blob From the Sun et le superbe Sea of Tranquility pourraient faire le répertoire de Ashra sans difficulté. Quand à Red Spot, il est un peu lent mais tendrement hypnotique. Un bel album qui plaira aux amateurs de prog et électronique des années 70, où les improvisations se collaient à des structures minimalistes bien nourries. Ça devrait aussi plaire aux amateurs d'une MÉ plus vivante et moins conventionnelle, genre groovy, hip-hop et house.

Sylvain Lupari (06/11/10) ***½**

Disponible au Jupiter 8 Bandcamp

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