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Writer's pictureSylvain Lupari

THE PELS SYNDICATE: Cinematic Blue (2010) (FR)

Des structures mélodieuses inachevées sur des rythmes bouillonnants doivent être la meilleure façon de décrire Cinematic Blue

1 Searchlight 2:53

2 Tesla Baby 5:05

3 Eclectic Electric 3:20

4 Tribal Civilisation 4:13

5 Yellow in 64 3:00

6 Hardcore Vision 3:13

7 Metro Movie 3:33

8 Inner Life 2:59

9 End Games 5:00

10 Invisible Cinema 3:24

11 Smooth Night Life 3:43

12 City Sky Walker 4:16

13 Freedom's Call 3:00

14 Cinematic Blue 2:56

(CD/DDL 50:37)

(Melodious, EDM New Age)

J'ai découvert l'univers musical de Frank Pels par le biais de son second album Chemical Inconveniences. J'avais certes entendu CINEMATIC BLUE d'une oreille peu convaincue. Et c'est après avoir apprivoisé et chroniqué ce deuxième album de The Pels Syndicate et ses mélodies campées sur des rythmes ambivalents que j'ai décidé d'investir l'univers des 14 titres de cet album forgé dans une MÉ assez facile à apprivoiser. Même si ici les mélodies sont plus morcelées et divisées sur des percussions très diversifiées, tant dans les genres que dans les tonalités, où l'influence de Jean-Michel Jarre semble présente. En fait, le monde musical de CINEMATIC BLUE est concentré sur ces percussions et ces lignes de basse pulsatoires et vrombissantes, laissant peu de place aux claviers et ses accords mélancoliques ainsi qu'aux synthés qui tissent plus souvent qu'autrement des ailes de violons auxquels s'arriment des rythmes de plomb, des down-tempo et même des doux disco avec un zest de synth-pop. Bref; un canevas musical très diversifié pour un premier album qui a parfois le défaut de ses qualités.

Des accords hésitants flânent en ouverture de Searchlight. Flottant dans une ambiance éthérée, ils dessinent une sombre mélodie pensive qui s'accroche à un rythme lent, martelé de sobres percussions aux tonalités réverbérantes. Le rythme traînassant sa peau de chagrin, Searchlight valse mollement autour de ses accords solitaires qui épousent les frappes des percussions dans un univers de grésillements statiques où les ailes des violons dessinent des soupirs d'âmes. Les percussions pulsatoires de Tesla Baby nous extirpe de l'introduction morphique de l'album avec un rythme lourd et puissant. Un rythme de plomb que des couches de brume éthérée tentent de faire tournoyer autour de délicats accords de piano. Sauf que de violentes percussions s'abattent. Des percussions métalliques et claquantes à la JMJarre qui inondent un rythme furieux mais somme toute assez statique qu'un synthé enrobe de couches tant harmoniques que philharmoniques avec ses élans de valse cosmique. C'est très bon et très percutant. À haut volume, les tympans risquent d'en baver! Eclectic Electric poursuit cette dualité des harmonies sur des rythmes déroutants avec un doux piano léger et innocent dont les notes se perdent dans des valses de brumes irisées où des pulsations trébuchent et des percussions claquent et résonnent dans un rythme statique. Tribal Civilisation est un autre titre où des échos percussions tribales et claquantes tempêtent sur des accords aux oblongues boucles élastiques et des couches de violons volants. L'influence de Jarre crève les tympans. Trappé dans une spirale descendante et mordu par une lourde basse ronflante, le rythme de Yellow in 64 s'apparente à du vieux James Last sur un trip de disco sur acide et autres drogues dures alors que Hardcore Vision est plus punchy dans son un rythme lent qui s'appuie sur un riche métissage de percussions. Il ondule sur les courbes d'une bonne ligne de basse aux accords pulsatoires d'où s'échappe aussi quelques fines notes de piano.

Cette structure sert de base à Metro Movie qui est par contre plus vitaminé et qui vol sur des ailes de violons. Inner Life semble sortir des moules de Tesla Baby. C'est un très beau down-tempo avec une mélodie fracturée au piano. Oscillant entre le chill-out, l'atonie et la valse cosmique, End Games voyage à la recherche de rythmes et d'ambiances, embrassant de tendres violons et se bagarrant avec de puissantes percussions. C'est intense et déroutant, un peu à l'image de CINEMATIC BLUE. Une comptine irréelle qui traîne dans le fond d'une ruelle, Invisible Cinema quitte l'innocence de ses premiers accords et abandonne sa portion de mélodie pour étreindre le tumulte des percussions de métal, un peu comme dans Inner Life et Tesla Baby, des portions de mélodies très présentes dans l'album qui s'envolent dans l'oubli. Et même si les lourds violons tentent de tempérer le tout, le morphique down-tempo qu'ils dessinent démontre un étrange univers de séduction. Smooth Night Life vole sur ses ailes de violon. Comme un disco des années 70 auquel on a greffé une bonne ligne stroboscopique qui ceinture le beat et le transporte au-delà de sa mélodie flûtée, de sa mordante ligne de basse et de ses claires percussions résonnantes. City Sky Walker est une belle ballade sombre. Une ballade pour solitaire où les accords de guitare résonnent dans l'absolue solitude introvertie avant d'être harponnée par des percussions aux frappes et tonalités aussi variées qu'hétéroclites. Les percussions sont la force de cet album. Ça nous tombe dessus à tout instant et ça donne une toute autre dimension à une mélodie aussi rose-bonbon que Freedom's Call qui est un beau clin d'œil au synth-pop des années 80. Statique la pièce-titre conclut avec des percussions qui papillonnent autour d'une structure mélodieuse cherchant à éclore.

Des structures mélodieuses inachevées sur des rythmes bouillonnants, telle est la meilleure façon de définir CINEMATIC BLUE. Pour son tout premier album solo, le synthésiste Hollandais met la pression sur les percussions et les rythmes diversifiés au détriment des ambiances et des mélodies faisant de CINEMATIC BLUE un album qui rentre avec puissance dans les oreilles, oubliant d'en adoucir sa passion. C'est un album rude et lourd qui manque un peu de cette subtilité que l'on retrouve sur Chemical Inconveniences mais qui est idéal pour bien se défoncer les tympans et les murs. Et ceux qui aiment les percussions seront charmés par plusieurs titres sur cet album qui contient aussi quelques bons titres très inspirants.

Sylvain Lupari (21/03/12) *****

Disponible chez AD Music

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