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Writer's pictureSylvain Lupari

THE REDUNDANT ROCKER: Hearth (2009) (FR)

Ouf! Affûtez vos oreilles car ça risque de passer serré!

1 Gold 4:52

2 Hypostasis 6:20

3 Compress 4:48

4 Renée as Yoko 4:33

5 Omnipotence 5:09

6 Odilon 5:38

7 Heavily Dependent 4:52

8 Alluvium 6:41

9 A Change of Heart 13:26

(CD/DDL 56:19)

(E-Rock, Psyrock, Prog EM)

Ouf!!! Affûtez vos oreilles car ça risque de passer serré! Bernhard Wöstheinrich est un personnage haut en couleur qui migre entre les différentes sphères de la MÉ; IDM, ambiant et expérimental avec un doigté assez audacieux. Son projet, The Redundant Rocker, consiste à créer une MÉ avec une approche plus rock, progressive et industrielle qu'ambiante où une palette de styles se promène dans des rythmes et ambiances à la fois lourds et éclectiques. Avec de lourdes et fluides structures rythmiques où les percussions et la basse forment une intense structure rythmique, HEART est moulé dans ce concept. Tandis que les synthés sifflent de belles bribes harmonieuses, la guitare de Markus Reuter est fumante et mâchonne les rythmes et mélodies de superbes solos lorsque ce ne sont pas avec de lourds riffs à la Robert Fripp.

Gold ouvre le bal avec un rock électronique bipolaire où accords pincés et tranchants coulent sur un rythme fluide et quelque peu saccadé pour danser sur des riffs de guitares et un synthé aigu aux chants sifflotant alors qu'une voix de Castafiore qui semble perdue tente de suivre la parade. Il n'y a pas 30 secondes au chronomètre que déjà une symphonie un peu anarchique de sons s'empare de nos oreilles. Et les percussions tombent. Elles sont lourdes et harponnent ce tempo limpide. Gold devient alors un lourd rock postmoderne qui flirte entre l'approche mélodique et cacophonique sur un rythme devenu sec, acéré et fort déjanté. Un rythme martelé de lourdes percussions, mordu par une basse aux accords incisifs et trituré d'une guitare aux solos langoureux. Ces éléments convergent vers cette voix aux psaumes délirants dans un rythme au tintamarre fragmenté par de douces bribes mélodieuses. Hypostasis est un peu plus doux et présente une approche jazzy-lounge avec un doux clavier qui échappe ses notes sur une belle structure sculptée par des percussions, leurs échos et une ligne de basse légèrement ronflante. Le rythme sied à une structure oscillante où les synthés libèrent de belles couches rêveuses et soyeuses qui permutent en chants un peu plus solennels alors que des percussions de styles enclumes pilonnent de brèves refrains. Plus discrète la guitare échappera quelques bons solos aux boucles bien garnies sur une structure qui saura garder sa touche harmonieuse tout au long de ses 6 minutes. Avec son approche mélodieuse noyée dans une avalanche de percussions Compress offre une excellente facette de la dualité rythmique qui prime dans HEART. Les accords de claviers dessinent des arcs circulaires et virevoltent en spirale dans une limpidité harmonieuse alors que Compress est vite happé par de vives percussions. La basse est lourde, les percussions tapageuses et le rythme puissant mais on souffle un peu avec les intermèdes de synthé sifflotant et les accords de clavier qui tournent en spirale. Et le rythme lourd et déboulant reprend sa chevauchée sous un délicat serpentin cristallin qui roule en ondulant de ses accords limpides accompagné d'un synthé aux couches résonnantes. Renée As Yoko est ce qu'on pourrait appeler une belle ballade qui égrène sa mélancolie dans une ambiance lourde. Une douce intro carillonnée nourrie d'accords limpides nous dirige vers la rêverie lorsqu'une batterie échappe lourdement ses bâtons sur une peau résonnante. Fluide et suave, Renée As Yoko tournoie avec la légèreté de sa lourdeur sous de belles couches mellotronnées et un synthé aux souffles tendrement hybride. Un très beau titre qui oscille entre la tendresse et sa noirceur, tout comme Alluvium.

Lourd et stationnaire, Omnipotence débute avec des nappes d'un synthé violoné alors que les percussions tombent et sculptent un rythme sec mais pesant et que la basse étire ses lourds accords. Nous entrons dans une sphère plus orchestrale avec des orchestrations en staccato dont les saccades structurent l'imprévisible. Un synthé enlace ce rythme alanguit qui évolue à l'intérieur des paramètres du paranormal avec une approche très sombre, schizoïde et empreinte de mystère. Les lamentations à peine perceptibles ululent en secret sous de résonnantes couches de guitares qui s'émiettent en fabuleux solos. Tantôt punchy, tantôt éthéré, le rythme de Omnipotence évolue sur une base permutant subtilement dans une faune sonore hétéroclite nappée de belles strates de synthé un peu métallique. Une lourde basse pulsatrice fait vibrionner ce titre inspiré par le répertoire de King Crimson. Plus rythmé et surtout très agressif, Odilon offre aussi une structure très près de celles du Roi Pourpre, notamment à cause de la guitare démoniaque et des frappes de percussions à la Bruford. Il y aussi cette basse qui harponne un rythme entre le free jazz et le post progressif de par ses structures aussi imprévisibles que psychédéliques modernes. C'est lourd, incisif, saccadé et parfois très fluide et c'est aussi trituré par une guitare très agressive. Il ne faut pas se fier à l'intro plutôt mielleuse de Heavily Dependent, car le titre bascule dans un univers des plus anarchiques où les structures rythmiques et harmonieuses de Omnipotence et Odilon sont revues et corrigées avec une approche plus audacieuse. Une approche lourde et tout autant imprévisible où les violons fictifs écorchent le rythme pulsatoire tout en le faisant valser entre la cacophonie et la mélodie. Disons que c'est le genre de titres pour oreilles bien audacieuses. Sélectionnée pour une publicité Autrichienne, Alluvium est la 2ième ballade dans HEART et une très belle à part cela. Une ballade électronique qui évolue par contre sur un rythme lourd et qui débute avec des délicats arpèges scintillants qui gambade sur une cadence alourdie et ralentie par de bonnes frappes de batterie. À la fois taciturne, sensuel et lourd Alluvium progresse avec de superbes notes carillonnées qui croisent de tendres et denses nappes d'un synthé plus docile qui échappe ses solos et ses boucles ululantes dans un tintamarre dompté par ces tendres arpèges qui vont et viennent, nous rappelant toute la douceur qui est à l'origine de ce superbe titre. Très beau! A Change Of Heart conclût ce HEART avec un titre aux orchestrations très élaborées sur des rythmes plus légers. Une structure rythmique qui est un peu moins complexe même si en constante évolution où tout repose sur l'étrangéité des sons et une approche philarmonique très progressive. Bien qu'évolutif, ce rythme reste vivant sur des frappes de batteries plus dégagées et les harmonies sont rendues par un synthé aux solos légers. Un synthé qui mélange à merveille l'approche symphonique à celle d'un rock progressif un peu plus tiède.

Je dois admettre que c'est avec une nette appréhension que j'ai abordé la musique de The Redundant Rocker. Je m'imaginais un univers musical abstrait où la faune sonore et les bruits hétérogènes empliraient les minutes, mais ce fut tout le contraire. HEART est un album puissant où les effets sonores accompagnent une MÉ qui sort de son lit pour flirter avec une approche plus rock, indie et progressive sur d'étonnantes structures rythmiques aux tournures imprévisibles. Des structures toujours mélodieuses, même dans les moments les plus anarchiques et intenses, où chacun des 9 titres de cet album possède une empreinte musicale d'un titre antérieur, poussant encore plus loin la réflexion musicale déjà très versatile du tandem Wöstheinrich/Reuter.

Sylvain Lupari (20/07/11) *****

Disponible au Bernhard Wöstheinrich Bandcamp

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