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Writer's pictureSylvain Lupari

THE ROSWELL INCIDENT: Hunted (2013) (FR)

Hunted est un gros album de Berlin School qui sonne comme quelque chose de nouveau, même si on reconnait facilement les influences du groupe

1 Hunted Down on a Misty Morning 27:42

2 A Stranger in a Strange World 24:07

3 Dark Hiding 26:49

(CD-r/DDL 78:38)

(Retro psychedelic Berlin School)

Le seul album de The Roswell Incident, The Crash, avait pris la petite communauté des amants de la Berlin School par surprise. C'était un puissant album, un des meilleurs de 2010, axé sur de lourdes séquences et des rythmes noirs avec des ambiances électroniques extraterrestres et qui dépeignait la très célèbre histoire, ou légende, d'un crash d'une navette spatiale au Nouveau Mexique en 1947. Presque 3 ans plus tard HUNTED remue les cendres froides de The Crash avec un 2ième volet d'une trilogie à compléter où le Berlin School noir et expérimental se réinvente avec 3 longs titres aux odeurs de paranormal. Cette fois-ci, les frères Jan et Koen Buytaert exploitent un peu plus les ambiances étranges que les rythmes de plomb. Mais le charme du mysticisme l'emporte sur ces ambiances particulières qui sont exposées avec une brillante approche exploratrice.

Composé en 2008 dans la foulée de The Crash, Hunted Down on a Misty Morning amorce HUNTED avec une lente intro ambiosonique. Des bruits, des gouttes soniques et des murmures spectraux tissent une toile ectoplasmique alors que d'oblongues lignes de synthé dessinent des courbes soniques dont la musicalité se confond avec des vents aux profondeurs gutturales. On croit entendre les faibles chants d'un Théramin qui flottent sur une plaine engloutie de brumes cosmiques. Une fine pulsation émerge un peu après la 4ième minute. Elle palpite d'un faible pouls solitaire à travers vents et carillons, tandis que de sinueuses lignes de synthé forgent des ombres menaçantes qui chantent comme des spectres nostalgiques. Une enveloppe industrielle s'accapare les mystérieuses ambiances de Hunted Down on a Misty Morning un peu après les 11 minutes avec des gargouillements métalliques qui peu à peu font place à une structure de séquences dont les ions ondulent avec de subtiles interversions dans le mouvement. Ces ions s'empilent et sautillent dans leurs ombres, forgeant une délicieuse chaîne de rythme cahoteuse qui hoquète dans des brumes irisées et de fins solos torsadés de synthés aux arômes toujours spectraux. Un peu plus de puissance dans le volume et ça serait le paradis. Plus contemporain, tout comme Dark Hiding, A Stranger in a Strange World est un long titre ambiosphérique aux ambiances soniques très intrigantes. L'approche fusionne les genres industriels et organiques ambiants avec des bruits mécaniques, des pulsations sordides, des lamentations ectoplasmiques et des gémissements organiques qui tissent une dense enveloppe sonique ambiante. Une enveloppe qui graduellement se recouvre d'éléments bruitaux plus électroniques à mesure que les secondes passent au compteur, notamment avec un noir mouvement de séquences statiques dont les pulsations étouffent dans un sombre bouillon ambiant. Dark Hiding emprunte un sentier introductif un peu similaire avec des bruits d'une jungle cosmique où les eaux suintent et des cerceaux soniques flottent à travers maints bourdonnements et gémissements organiques. Au-delà des bruits composites, les ambiances sont assez cinématographiques avec une trame de fond bourrée de suspense, notamment avec ces chants d'aliens (ou de baleines?), alors que tranquillement une fine ligne de pulsations fait onduler ses névrotiques accords chevrotants. Le rythme de Dark Hiding offre sa fluidité un peu après la barre des 11 minutes avec des touches de séquences qui hoquètent fébrilement dans les maillages des pulsations et au travers un mince filet de bruines bleutées. L'univers proposé par les frères Buytaert s'apparente alors à celui d'un Tangerine Dream des années Phaedra avec des séquences basses qui papillotent nerveusement, tambourinant un vif débit hachuré où chaque saccade respire comme de frétillants coups de ciseaux dans une feuille de soie. Un délicat synthé recouvre de ses chants nasillards ce rythme statique qui s'agrippe continuellement à cette ligne de pulsations basses, alors que tranquillement le rideau rythmique tombe dans les ambiances cybernétiques évasives d'un long titre qui vole avec adresse tous ses charmes aux splendides années de la MÉ analogue. C'est très bon, mais j'aurais aimé plus de tonus dans le volume.

Moins lourd, moins explosif au niveau de la sonorité et plus ambiosphérique que The Crash, HUNTED réussit cependant plus sa percée dans l'imaginaire des mythes extraterrestres avec un très bel album où les ambiances confondent à merveille la croisée entre des univers parallèles. J'ai bien aimé. C'est de l'excellent Berlin School rétro qui sonne comme du jamais entendu, même si parfois on reconnait aisément les influences de The Roswell Incident.

Sylvain Lupari (18 Février 2014) *****

Disponible au The Roswell Incident Bandcamp

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