“Un album phénoménal qui doit se retrouver dans le Top 10 de 2010 et dans votre discothèque”
1 Open Your Eyes 33:30
2 Floating in an Ocean of Discords 23:45
3 This wasn't meant to Happen 22:19
(CD/DDL 79:32)
(Berlin School)
Le Berlin School aura toujours de nouveaux adeptes qui renouvelleront et perpétueront le genre, années après années. Qui n'a pas entendu parler de l'affaire Roswell? Ce supposé crash d'un OVNI près de Roswell au Nouveau Mexique à attiser la curiosité du peuple Américain et de bien d'autres curieux depuis 1947. Ça fait parti des mythes et légendes contemporaine. Eh bien…Il y a aussi une autre affaire Roswell et le Crash origine cette fois-ci de la Belgique, avec comme extra-terrestres les frères Buytaert. Constitué de 3 longs titres puisés dans les influences de la Berlin School, THE CRASH, de The Roswell Incident, est un superbe album moulé dans les empreintes créatrices de Klaus Schulze et Tangerine Dream. Un album qui est passé totalement inaperçu en 2010, comme quoi qu'il n'y ait pas seulement que les O.V.N.I. que l'on ne voit pas!
De puissantes couches mellotronnées dessinent un lent et sombre mouvement morphique pour mouler une superbe atmosphère pré-apocalyptique et ouvrir Open Your Eyes. Elles flottent et dansent avec une lenteur onirique, perturbées par des percussions et des pulsations éparpillées ainsi que des séquences qui zigzaguent de façon déroutante. Un synthé chante et psalmodie un dialogue à peine audible, où l'on peut entendre la phrase Open Your Eyes, dans une symbiose synthé et mellotron qui atteint son point culminant vers la dixième minute. Là, une basse pulsation lourde sautille avec vélocité créant un mouvement séquencé aux accords nerveux qui se dédoublent avec férocité, appuyé par des percussions au débit martelant et galopant. Les percussions/pulsations résonnent sous les souffles d'un synthé qui crachent des stries menaçantes sur un intensif rythme pulsatoire. Une fine séquence, nettement plus limpide, se démarque et ondule au-dessus de ce rythme aux frappes et sonorités éclectiques. Nous approchons les 15 minutes et Open Your Eyes subit une autre transformation rythmique avec une approche séquentielle cristalline qui ondule maladroitement, comme une multiplication de boucles aux contours légèrement imparfaits. Des solos de synthé juteux et torsadés survolent cet étonnant parcours séquentiel hypnotique, ajoutant une superbe approche mélodieuse à une structure séquentielle qui parade avec une agilité déconcertante. Koen et Jan Buytaert nous offre un bref et fulgurant solo de séquences avant que Open Your Eyes plonge dans le mysticisme cosmique avec des ondes et couches de synthés autant spectrales que spatiales qui flottent et ululent parmi des effets sonores syncrétiques. Et ce superbe mouvement séquentiel aux discrètes modulations arythmiques s'éteint graduellement, réalisant un subtil voyage musical vers le retour de ses harmonies et accords pour s'endormir dans les noirceurs de son introduction.
Floating in an Ocean of Discords est un long boléro cosmique débutant dans un intense maelström de couches et ondes synthétisées qui s'entremêlent dans une très belle symbiose aux sonorités syncrétiques tissées à mêmes les dialogues intergalactiques de Klaus Schulze. Malgré l'impétuosité des élans, il y a une infinie tendresse dans cette fusion d'ondes synthétisées où l'absence de rythmes est compensée par de belles modulations (où l'on croirait entendre le magique Farfisa) qui valsent dans les délicates ardeurs implosives des arrangements philharmoniques. Cela nous guide vers une fine tempête aux pulsions échoïques d'où une fine séquence émerge et entreprend une marche solennelle dans ce tourbillon statique. Elle trace une pénible progression cosmique, telle une caravane de pèlerins astraux, traînant le poids des modulations synthétisées et des réverbérations irisées qui s'y rattachent. Ce long boléro séquencé hypnotique défie le temps et les étoiles dans un univers aux subtiles variations pour éroder la limpidité de son mouvement sous l'immensité des métalliques couches synthétisées et des vents noirs qui rugissent et mugissent dans une ambiance tétanisée, laissant des empreintes cristallines d'un monde cosmique combler le vide astral. This wasn't meant to Happen est une lente spirale séquentielle débutant avec une série de 5 accords qui sonnent comme des notes d'une guitare Kyoto que l'on pince sèchement. Un cercle se forme, reflétant l'écho des séquences qui hoquètent parmi des vents sombres, des lamentations hybrides et d'éparses implosions pulsatoires. Graduellement le mouvement accélère la cadence pour se transformer en une énorme spirale séquencée avec des séquences lourdes et résonantes qui s'entrecroisent dans une furieuse ritournelle où elles alternent parmi des souffles et des voix synthétisées. This wasn't meant to Happen évolue avec une puissance inouïe où les coups des séquences forment une étonnante course ovale aux tonalités et aux formes variables qui errent dans cette dance aux mouvements saccadés. Des séquences qui défilent et s'entrecroisent dans un rythme circulaire augmentant constamment sa puissance, tel un ouragan séquentiel engloutissant tout sur son passage. Un peu après la 13ième minute, le puissant rythme se dédouble et offre une étonnante danse séquencée. Une immense spirale qui tournoie d'une puissante vélocité dans un mouvement fléchissant sous le poids de ses résonances, alors que les synthés façonnent de belles harmonies avec de brefs solos acuités sifflant dans ce vaste délire séquentiel pilonné constamment d'un tempo lourd et insistant. Et This wasn't meant to Happen tourne et tourne, telle une tornade musicale qui n'en peut plus de maintenir tous ses accords dans les sillons de ses ribambelles, entraînant ce dernier titre de THE CRASH vers les pénombres d'une quiétude qui hoquète de ses dernières séquences pour finalement aboutir d'un calme après une véritable tornade séquencée.
Ouf! Ce dernier titre de THE CRASH décoiffe et fait décoller la tapisserie de sur les murs. Il dépeint toute la puissance que l’on retrouve derrière les 3 compositions qui flottent entre le psychédélico-électronique post apocalyptique et les rythmes hypnotiques de la Berlin School qui meublent ce premier opus de The Roswell Incident. J'ai adoré cet album qui est principalement axé sur les séquences. Des séquences qui tournoient dans de puissantes atmosphères me rappelant Redshift et [´ramp] mais qui laisse surtout entrevoir un immense potentiel derrière ce duo plutôt discret de la Belgique. Un très bel album qui doit se retrouver dans le Top 10 de 2010 et dans votre discothèque.
Sylvain Lupari (09/09/11) ****½*
Disponible au The Roswell Incident Bandcamp
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