“C'est une MÉ hyper romantique avec des mélodies trop parfaites qui parviennent à soutirer un soupir, une larme et/ou un sourire”
1The Garden of Fables 6:38
2 Univers 3:27
3 Empyree 4:34
4 Night Ring 3:19
5 Spiral 6:55
6 Le Château de Feuilles 4:24
7 Animals Dance 3:32
8 In Fine 4:39
Quartz Music QM CD 701-2
(CD 37:44) (VF)
(Rock Cosmique, École de France)
Dans une ouverture à thématique dramatique, une ligne de bourdonnements accueille trois pulsations, et ses échos, de même qu'une ligne de sifflements dans une levée des sons qui éclipse celui du soleil, mais pas de ce cerceau de carillons acceptant la chaude brise matinale. Mon éternel page blanche! Chaque fois que je veux parler de cet album je peine à trouver les mots. UNIVERS de Thierry Fervant est un album coup-de-cœur que je traine dans mes iPhone et iPad en voyage depuis que le Walkman existait. Pourtant, le son a pris un coup de vieux comme la majorité des albums de cette époque. Et encore je l'écoute au moins une fois par mois. Sa plus belle qualité est d'offrir un 38 minutes gonflées à bloc par une intense texture théâtrale construite sur des gros roulements de caisses symphoniques et des arrangements orchestraux coulés dans l'eau-de-rose. Une musique électronique hyper romantique avec des mélodies trop parfaites qui réussissent à nous sortir un soupir, une larme et/ou un sourire selon notre état d'esprit lors de l'écoute. Pour un romantique comme moi, c'est l’album parfait! Mais revenons à The Garden of Fables qui passe à sa seconde étape avec ses carillons scintillant dans les wooshh et les wiishh alors qu'une nappe de synthé étend une tension émotive qui se fait percuter par les roulements des percussions orchestrales. Des nappes encore plus intenses ajoutent toujours plus de poids dramatique à The Garden of Fables qui s'en tire avec des effets de pépiements d'un synthé qui siffle par-dessus ce cadre électronique de beaux moments mélodieux et qui nous amènes jusqu'à Univers.
Né Thierry Mauley en 1945, Thierry Fervant est un musicien Suisse ayant étudié le piano et l'harmonie au Conservatoire de Genève. Il a composé une trame sonore en 1970, L'Aube Ne S'est Pas Encore Levée, où il fait montre de son immense talent de mélodiste et d'arrangeurs sur une musique qui est loin d'être dans la vague MÉ. C'est à la même époque qu'il se fait une réputation dans le milieu artistique en collaborant avec des artistes du Music-Hall Français et en écrivant pas loin de 300 chansons. À la fin des années 70, et suivant les succès de Jean-Michel Jarre, Space Art et Fédéric Mercier avec son immortel Music From France en 1979, il entrepris le virage électronique en faisant l'acquisition d'instruments à la fine pointe de la technologie. C'est en 1980 qu’il entrepris sa carrière de musicien électronique avec la parution de UNIVERS, le premier d'une série de 4 albums qui se terminera en 1988 avec Legends of Avalon. UNIVERS l'a littéralement mis sur la planète EM avec un album convaincant né de belles compositions et surtout d'une immense collection de synthétiseurs que Thierry Fervant s'était procuré au fil des ans. Et si vos aimez l'expérience UNIVERS, Seasons of Life, paru l'année suivante, est calqué sur le même modèle. Blue Planet, 1984 et Legends of Avalon sont des œuvres plus progressives. Gérard Drai, à la batterie, et Terry Nelson, à la mandoline, sont les artistes invités pour cet album.
La pièce-titre s'appuie sur la basse du clavier afin de structurer un rythme d'oscillations vives qui est ajusté par de sobres battements de percussions. Le synthé fige une mélodie traînassant comme l'hymne rock d'une guitare sur la tonalité hybride des oscillations qui forment un vif mouvements circulaire. La tonalité de ces oscillations est hybride, un peu comme la structure de rythme qui échange librement le sons d'une oscillation pour celui d'une séquence dans cette attaque sphéroïdale qui devient un bon rock électronique entraînant orné de pastiches, de paillettes et de cette chorale subalterne qui donne le ballant sombre aux ambiances de UNIVERS. Nous entrons dans l'univers archi-romantique de cet album avec Empyree et sa flûte enchanteresse chantant parmi des tintements angéliques. L'eau derrière coule dans une fontaine et des accords graves couchent une ambiance sibylline égale aux roulements dramatiques des percussions. Une immense texture de suspense couvre les ambiances alors que le chant de flûte agonise dans l'emprise d'accords graves progressant comme une menace. De nouveau, les tssitt-tssitt des cymbales nous avertissent qu'un rock électronique arrive avec Night Ring. Les percussions dans cet album ont ce défaut de mal vieillir, mais pour le reste ce titre offre un très bel alliage entre son rythme et ses harmonies dans une structure enlevante qui ne fuit en aucun moment à son emprise cinématographique.
Les tintements dans cet album nous sommes déjà familiers. On dirait des cui-cui percussif et sont à l'origine de Spiral. Un titre qui porte bien son nom et dont les effets d'écho surdimensionnent son décor séraphique que des voix astrales embellissent sans réserve. Tout est dans le ton ici! et Thierry Fervant sait comment unifier ses instruments et ses mélodies afin d'en faire une symphonie qui s'ajuste au débit des percussions. Des harmonies synthétisées injectent une certaine noblesse à ce titre qui peu à peu se couvre d'une texture à suspens. Coulé dans des effets d'écho, les harmonies se répondent jusqu'à ce passage où un tendre violon couche ses larmes qui semblent se prosterner jusqu'à ce que les percussions étendent leurs roulements en spirale, permettant à Spiral de faire revivre ses cui-cui pour un dernier tour jusqu'à ce que des cloches annoncent que nous arrivons au prochain titre, Le Château de Feuilles. C'est la mandoline qui nous ouvre les portes du jardin où les pépiements de canaris enjolivent les ambiances. On entend une flûte accompagné timidement la mélodie de la huit-cordes. Et subitement tout devient noir, obscur avec une ligne de basse nasillarde intimidante. Une ligne du synthé chante comme des canaris performants, initiant une clarté dirigée par ce synthé qui joue sur les deux pôles; les ténèbres et la luminosité. Dès que la portion obscure revient, un violoncelle en sort pour étirer ses soupirs. Et c'est la portion lumineuse qui nous amène à Animals Dance qui est un bon rock électronique sonnant le vieillot. C'est ainsi que nous arrivons à In Fine et sa structure sphéroïdale qui augmente son crescendo dramatique à chaque fois que le premier tour passe. Les riffs de clavier jouent aussi sur l'intensité passagère qui devient le plus gros nœud à émotions de ce UNIVERS qui m'obsède depuis près de 40 ans. Et ça, je n'arrive toujours pas à expliquer!
Sylvain Lupari (17/01/21) *****
Cet album est un objet difficile à trouver qui se vend à un prix élevé sur eBay.En attendant, voici un lien pour l'entendre sur You Tube: Univers
Comments