“Third Voyage est un cocktail d'harmonies, de rythmes et d'ambiances qui vous guidera à travers les années analogues”
1 The Ebbing Universe 7:21 2 Iridescent Resonance 8:25 3 Last Train to Lyon 4:00 4 Retropolis 8:47 5 Moon Blossom Meditation 3:59 6 VCO VS. DCO 7:31 7 Titanium Ashram 4:09 8 Celestial Glossolalia 8:28 9 Ki 7:54 (Bonus Live Improv 2004) HRRJC2015
(CD/DDL 60:37)
(Cosmic Pacific School EM)
Pour ceux qui ne connaissent pas l'univers de Thought Guild, disons que leur musique se situe au cœur des années analogues où l'improvisation en studio s'appuyait par de fins rythmes séquencés. La force du duo américain, composé de Christopher Cameron, qui est décédé en Août 2011, et de Gregory Kyryluk, l'homme derrière Alpha Wave Movement, Open Canvas ainsi que Within Reason, est le son. Un son chaleureux où on sent vraiment une emprise cosmique et céleste sur nos sens. Initialement réalisé en 2012, THIRD VOYAGE est la 3ième et dernière collaboration entre Cameron et Kyryluk. L'album était prévu pour l'année 2006 mais divers problèmes et un mauvais alignement des planètes ont repoussé le projet en tout début de 2012 avec une édition maison, produite en 50 copies numérotées. C'était le point final d'une trilogie amorcée en 2002 avec l'album Context. Le label Harmonic Resonance Recordings a décidé de ré-éditer cette oeuvre en CD et en format téléchargeable avec un titre en prime, Ki, qui était perdu dans les voûtes du studio depuis 10 ans.
Des nuages de prismes et une chorale angélique s'extirpent d'une assourdissante onde sonique, un peu comme les réacteurs d'une navette spatiale, qui ouvrent les premiers instants de The Ebbing Universe. Déjà la sérénité de Thought Guild s'empare de nos oreilles avec de belles nappes de synthé très éthérées qui bercent le mouvement de fines séquences dont les ions arpentent les cimes d'une montagne astrale. Ces ions sont fins. Pincés comme une harpe, ils posent témérairement le pas dans un aphrodisiaque mélange de voix séraphiques, de tintements célestes et de nappes de synthé aux couleurs de la Pacific School ainsi qu'aux saveurs très Steve Roach où de sourdes impulsions et de fines permutations dans le jeu des séquences déjouent la passivité de l'auditeur et ajoutent des éléments émotifs, des éléments de charmes à une structure déjà très riche en séduction. Iridescent Resonance est un superbe titre ambiant avec des larmes de synthé et de guitare qui pleurent comme Steve Howe faisait pleurer sa Lap Steel Guitar dans Soon. Des influences cosmiques et futuristes de Vangelis farcissent aussi ce superbe titre qui parfumera aussi l'introduction de VCO VS. DCO. Last Train to Lyon est un clin d'œil aux rumbas cosmiques de Jean-Michel Jarre. Le rythme est délicat et respecte en tout point les charmes de ces rythmes emprisonnés dans les vieux orgues, alors que les effets soniques des années analogues et les nuages cosmiques balaient nos oreilles avec des délicats poussières d'étoiles qui flottent dans des parfums de guitare cosmique. C'est le genre de musique qui accroche à la première écoute. Après une intro sombre, huilée par des vents caverneux, caressée par des drones lointains et irisée de chants sibyllins, Retropolis émerge avec une structure de rythme bondissante qui se métamorphose en un bon rock cosmique. Les vents d'Orion, les chants des étoiles et de belles nappes astrales caressent la force tranquille d'un rythme qui éclate toujours un peu plus avec l'ajout de séquences, tant rythmiques qu'organiques, tantôt paisibles et tantôt chevrotantes, modifiant constamment un parcours qui accepte le support de très bons solos de synthé. Du bon vieux rock cosmique à son meilleur!
De l'eau, des tintements et de fins arpèges qui scintillent dans des larmes de synthé, Moon Blossom Meditation est une brève berceuse astrale aux parfums Bouddhistes. En ce qui me concerne, VCO VS. DCO est la pierre angulaire de THIRD VOYAGE. Un morceau de génie échappé par Christopher Cameron et Gregory Kyryluk. C'est avec plaisir que l'on renoue avec les larmoiements de Iridescent Resonance qui fleurissent dans une intro ambiante, délicatement cisaillée par des serpentins et leurs courses folles. Des nappes de synthé viennent s'y recueillir, faisant ressortir encore plus les empreintes futuristes de Vangelis et de son magnifique Blade Runner. C'est trop court? On en veux plus? Il reste toujours Iridescent Resonance! Sauf qu'ici, il y a un rythme qui émerge de cette beauté astrale. Des percussions halètent avec des coups sourds. Des séquences vives volètent en papillonnant tout autour des percussions. Et d'autres séquences bourrées de gaz échappent des tonalités de Tangerine Dream dans Poland. Tout un micmac rythmique qui répond de ses trois structures entrecroisées dont les courses effrénées et les directions opposées sont accompagnées par des solos de synthé aux tonalités hybrides. Splendide! Titanium Ashram nous amène dans le cœur d'une grotte à ciel ouvert où l'on peut voir les étoiles déchirer la noirceur des nuits cosmiques et entendre les murs suinter les chants des gouttes soniques. Nous restons toujours dans des sphères de la contemplativité avec une nuée de lignes astrales qui dessinent les aurores boréales soniques de Celestial Glossolalia. La musique ambiante peut-être très belle. Aussi belle que méditative. Et Thought Guild en fait la démonstration avec des voix séraphiques, des nappes de synthé larmoyant et d'autres imbibées d'une brume éthérée. Le mélange devient autant sibyllin qu'angélique, surtout lorsqu'un délicat rythme ambiant est tambouriné sous ce dense voile dont les chants sont aussi attirants que ceux des sirènes des voyages d'Ulysse. Les tam-tams éclatent de nouveau dans Ki. Ils sculptent une fascinante danse païenne et tambourinent sous des chants de flûtes. Improvisé en studio, un peu comme la plupart du matériel de Thought Guild (un truc que j'ignorais), le rythme, comme les ambiances, deviennent plus soutenu et plus précis. Une ligne de séquences fait palpiter ses ions, jouant ainsi dans l'ombre des tam-tams et subdivisant harmonieusement l'approche rythmique, alors que les chants de flûtes deviennent moins tribaux, plus éthérés. Tout est en progression dans l'univers de Thought Guild et Ki n'échappe pas à cette règle en épousant un rythme plus frénétique. Un rythme plus près du rock et du progressif alors que les chants de flûte se mêlent aux harmonies d'un clavier très genre Rick Wright et que le synthé revêt des habits de Mellotron en éparpillant ses chants flûtés dans des brumes et des orchestrations astrales. Et dire que ça dormi 10 ans dans des voûtes!
Définitivement, le petit monde Gregory Kyryluk respire de fraîcheur. Que cela soit en solo, en duo. Que ce soit des œuvres nouvelles, dans les habits d'Alpha Wave Movement, ou encore dans des vieux trucs qui ont échappé à notre attention; sa musique est une énorme corne d'abondance sonique où la diversité et les sons restent aussi charmants que les émotions qu'ils transportent. Nous avons ici de la très belle musique. Poétique et cosmique avec des influences qui varient entre Kitaro, il y en a énormément surtout de la période Ki, Steve Roach, Vangelis et Jean-Michel Jarre. Un cocktail d'harmonies, de rythmes et d'ambiances qui font de THIRD VOYAGEun splendide voyage dans le temps. J'ai adoré et il y a de belles petites perles là-dedans!
Sylvain Lupari (11/03/15) ****½*
Disponible au HHR Bandcamp
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