“Sparkling est une impressionnante mosaïque de rythmes qui virevoltent dans les caresses soufflées par un synthé aux mille couleurs harmonieuses”
1 Sparkling 14:37
2 Metamorphose 10:08
3 Anamorphic 10:16
4 Return to 70's 12:37
5 Porzellan 8:02
6 Sonic Batic 9:33
7 Long Walk 9:55
8 Organ Lesson 4:57
(CD-R/DDL 80:05) (V.F.)
(New Berlin School)
Une des choses qui m'attirent dans la MÉ est cette infinie possibilité de créer toutes formes de sons forgeurs d'harmonies incomplètes qui étincellent sur des structures rythmiques qui ne sont jamais trop loin de celles qui ont fait danser et rêver des générations depuis les 3 premiers accords du rock. Avec SPARKLING, TM Solver quitte tranquillement son univers empreint de ces tonalités de Software qui aromatisaient le très beau Line on Glass. Thomas Meier devient plus audacieux et s'aventure dans les sentes d'un New Berlin School progressif où les rythmes et leurs formes sphériques embrassent des tangentes aussi morphiques que suave avec un mélange de mid-tempo et down-tempos qui sont illuminés par une impressionnante dryade sonore.
De lourds vents d'un synthé sombre, doté d'une belle ligne harmonique qui flotte avec musicalité, ouvrent la pièce éponyme du 5ième album de Thomas Meier. Des cliquetis, parfois aux tonalités organiques, percent ce nuage de radioactivités musicales. À prime abord discrets, ils tintent et s'emboîtent en une fine ligne de rythme pour s'attacher à une ligne de basse. Le rythme devient hagard. Il pulse à tâtons dans les brefs souffles d'un synthé qui fractionne sa portée mélodieuse en libérant de furtives harmonies flottantes et en dégageant un intense brouillard morphique. Ce rythme issu du néant continu de s'abreuver de tonalités éclectiques et tournoie de ses cliquetis aux teintes protéiformes qui scintillent et brodent des contours épars de mélodies inachevées que des lignes de brume et de chœurs enveloppent d'un dense manteau dont l'approche minimaliste ne renie en aucun moment son reflet poétique. Et tranquillement Sparkling virevolte de ses tonalités biscornues, valsant langoureusement au travers des nuages de brumes aux voix argentées et s'appuyant sur les pulsations plus soutenues d'une ligne de basse, traçant le douteux parcours d'un chevalier de l'apocalypse. C'est un très beau titre qui allie originalité et réminiscences d'un art qui se nourri de ses mécanismes de complexité. Metamorphose se colle à la finale de la pièce-titre avec des accords qui sautillent avec des fourmis dans les jambes. La séquence est nerveuse et agite ses ions sauteurs qui déambulent avec force avant qu'une douce ligne de basse en amortisse la ruée. Le titre embrasse alors un suave down-tempo lunaire où les séquences se tiraillent en arrière-scène d'une structure qui pulse avec la langueur d'un abstrait objet de désir. Et tombe les voiles astraux qui ensevelissent Metamorphose d'une aura céleste où les synthés dessinent des brumes aux couleurs de feu et des souffles d'un saxophoniste rêveur et de ses solos mélancoliques, amenant l'auditeur dans le douillet confort des rêves interdits. Le train Anamorphic débarque dans nos oreilles avec ses cliquetis qui courent contre le vent. Des tonalités aux gargouillements organiques pulsent dans un schéma anarchique bariolant la route de Anamorphic qui augmente substantiellement sa cadence en défilant dans un paysage musical orné de tonalités hétéroclites aussi psychédéliques qu'éclectiques et lyriques.
Return to 70's infiltre nos oreilles avec ces pulsations organiques qui croassent mais surtout chantent sur une structure qui permute entre ses deux temps. Le mouvement est lent. Il fait arquer ses oscillations dans les cercles rotatoires d'une lente spirale allégorique où ricanent des chauves-souris dont les rires narquois se confondent aux cliquetis des ailes métalliques. Le mouvement me fait penser à un croisement musical entre Visage, et leur album éponyme, et Software et de leurs spirales finement hachurées. Porzellan continue d'explorer ces figures rythmiques aux torsades délicatement saccadés qui bâtissent les rythmes sphériques de SPARKLING. La faune musicale est toujours aussi riche avec une nuée de tonalités biscornues qui allient l'univers des larves bourdonnantes à celui plus musicales des souffles de synthés aux arômes de vuvuzelas enrhumés. Le synthé est superbement doux. Il lance des solos qui roucoulent sur ce ballet légèrement spasmodique unique aux structures Teutoniques, attirant Porzellan dans une portion aussi mélodique que lunaire. Après une intro rongée par l’indécision de ses riffs hachurés et de ses cercles érodés, Sonic Batic plonge dans un superbe groove qui tournoie comme un cha-cha-cha circulaire auquel il manque un temps. Le beat est un mid-tempo assis sur de bonnes percussions et une ligne de basse aux rondeurs de grosse couleuvre rampant sur de fines dunes de sables ainsi que de fins riffs aux gargouillis organiques. Le décor musical est toujours somptueux avec des vrilles allégoriques qui illuminent l'ambiance de leurs fins solos évasifs et des couches de synthé qui libèrent des étoiles scintillantes. Le départ chétif de Long Walk se nourrit de sa bonne ligne de basse qui introduit un autre beau down-tempo qui n'a rien à envier au très beau Metamorphose. Les tonalités d'orgues qui recouvrent les ambiances très psychédéliques de Organ Lesson charment aussi les harmonies de Long Walk alors que sur la pièce finale elles insufflent une véritable ode aux parfums expérimentaux des années 60 avec une approche aussi menaçante qu'envoûtante. Du Iron Butterfly qui embrasse du Mind Over Matter. Délicieux!
Des sons! Une nuée de sons aux formes aussi biscornues qu'essentielles, SPARKLING est une impressionnante mosaïque de rythmes électroniques qui tournoient dans les caresses et souffles de synthé aux milles couleurs harmoniques. Tantôt morphiques et tantôt délicatement entraînants, ces rythmes hypnotiques tissent les pans de féériques manèges électroniques où pleut de scintillantes averses de météorites trappés dans le bouillon d'un cosmos aux harmonies illuminées.
Sylvain Lupari (12 Mars 2013) *****
Disponible au SynGate Bandcamp
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