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Writer's pictureSylvain Lupari

TONBIEGER: Strandgut (2016) (FR)

Syngate a développé cet art pour découvrir de nouveaux talents qui font fleurir la MÉ vers de nouvelles dimensions. Tonbieger est le dernier en ligne!

1 Stadtgeflüster 22:55 2 Gezeitenreiten 19:45 3 Flächenflug 20:16 4 Wolkenweit 16:18 SynGate ‎| CD-R JP01

(CD-r/DDL 79:14) (New Berlin School)

Une ligne de séquences aux tonalités très enjouées percent la petite muraille des murmures de voix indistinctes qui enveloppent l'introduction de Stadtgeflüster. Ces séquences sont limpides et aussi très harmonieuses. Gambadant d'un débit circulaire assez vif, elles éparpillent des ombres aux tonalités organiques sur des nappes de basse qui flottent avec une approche vampirique. Ensuite ce sont des bruits électroniques qui s'ajoutent à ce tintamarre tout de même assez entraînant, amenant cette première proposition sonique de Tonbieger vers un solide rock électronique imbibé des parfums de Geoff Downes. Visiblement inspiré par la période post Berlin School et de rock électronique aseptisé dans une enveloppe New Wave des années 80, ce premier album de Tonbieger s'apprivoise tout en douceur. Composé de 4 longues structures qui sont divisées en phases transformatrices, STRANDGUT, pour épaves, est loin d'être un naufrage pour le label Allemand SynGate qui ne cesse de participer à la floraison de la MÉ avec d'intéressants nouveaux artistes. Le dernier en lice est Tonbieger, un projet de l'allemand Jakob Paulussen, qui s'est fait connaître dans le Web sous le pseudo de jakobsweb, un passionné des synthétiseurs qui a amassé une impressionnante collection de musique et d'instruments, tant analogues que digitales, au cours des 25 dernières années.

Et le résultat est un album qui fascine avec une impressionnante faune sonique en perpétuel mouvement. Si les 6 premières minutes de Stadtgeflüster offrent un bon rock électronique, le mouvement devient ensuite plus stationnaire avec une ligne de séquences qui fait dandiner une série d'ions sur un tapis d'effets et de torsades électroniques. C'est comme voir un feu d'artifice souterrain! Le mouvement de séquences dessine une autre approche de rythme plus fluide et circulaire sous des cognements métalliques. Cette deuxième phase de rythme plutôt ambiant se dissipe dans de bons effets cosmiques aux tonalités analogues avant de revenir dans sa phase de rythme initiale, mais avec plus de lourdeur. Quatre structures d'une durée moyenne de 20 minutes qui changent de peau entre 3 ou quatre fois, STRANDGUT déconcerte plus qu'il n'enchante à la première écoute. C'est un habile mélange d'ambiances et de rythmes qu'il faut écouter avec attention afin de découvrir les petits bijoux de tonalités qui se cachent entre les phases de rythmes. Comme dans Gezeitenreiten où le maillage des séquences hésitantes à de fluides pulsations basses et à des percussions sculptent un bon rock électronique aussi très entraînant que la mélodie très simpliste. Peu à peu le rythme ne conserve que sa ligne de pulsations basses qui oscillent sous les caresses d'un synthé et de sa mélodie plutôt accrocheuse. La première phase ambiosphérique, autour de la 6ième minute, donne comme indice que Tonbieger est aussi imbibé des influences de Jean Michel Jarre, surtout avec le rythme vif qui se pousse des ambiances quelques 60 secondes plus loin. Nos pieds brûlent le sol ici. Les séquences très harmoniques sur ce rythme de feu font très New Berlin School alors que les nappes de synthé aux tonalités d'orgue font toujours très Geoff Downes et/ou Jarre. Surtout les effets qui enrichissent une finale plutôt d'ambiances. Gezeitenreiten, comme Stadtgeflüster, propose de belles phases de rythme qui aurait mieux passé dans des enveloppes de temps plus courtes. Mais assemblées dans des phases ambiosoniques et ambiosphériques donnent un reflet plus progressif à ceux qui aiment les structures alambiquées. Flächenflug est un long titre d'ambiances Berlin School vintage avec une muraille d'effets soniques qui perturbent l'approche méditative des lignes de synthé flottantes. C'est pour ceux qui aiment voir (entendre) une tapisserie de bruits. L'approche très ambiant et orchestral de Wolkenweit est du bonbon pour les oreilles. La ligne de séquences qui s'en dégage fait battre un ion qui se dandine en symbiose avec les caresses séraphiques des violons. Le battement s'égare de sa route alors que des percussions et d'autres bruits de percussions secouent ces ambiances cosmiques à la Software, plongeant Wolkenweit dans un genre de rock cosmique aux tonalités assez vintage. Le synthé crache des serpentins sonores qui se tortillent sous le forme de ces beaux solos des années psychédéliques alors que la structure de rythme définit un peu mieux son approche qui prend la forme d'un lent rodéo cosmique. Le maillage des séquences et des percussions est aussi magique que les ambiances, permettant au titre de soutenir son approche qui peu à peu s'érode autour des 8 minutes. Une longue phase ambiosonique envahit nos écouteurs, démontrant encore les influences de Jean-Michel Jarre pour les ambiances de Chants Magnétiques.

Pour un premier album, Tonbieger démontre son savoir faire en structurant 3 longues phases qui ont la bougeotte. Le point faible est le déroulement des ses 4 titres. J'aurais inversé les rôles, mettant ainsi l'auditeur en appétit car si Stadtgeflüster et Gezeitenreiten sont forgés pour bien ficeler nos oreilles à nos haut-parleurs, Flächenflug et Wolkenweit sont plutôt du genre à nous les mettre (les oreilles) en appétit. Mais lorsque c'est juste ça le point faible d'un album, c'est essayer de trouver des puces sur un crane bien dodu! À découvrir...

Sylvain Lupari (23 Septembre 2016) ***¾**

Disponible au SynGate Bandcamp

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