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Writer's pictureSylvain Lupari

TORSTEN M ABEL: Sequentrips (2009) (FR)

“Plus musical et moins expérimental que SynthsOrganics, Sequentrips est construit autour des mouvements circulaires qui soufflent sur les cendres d'Ashra, Software et Mind Over Matter”

1 Circular Movement 8:05 2 Garden of B 10:19 3 Beautiful Moments 6:39 4 Andhere Jangala 11:44 5 Iceland Slither 8:50 6 Tangling in the Modules 8:04 7 Audible Forces 10:09 8 Deja Vu 3:39 SynGate | CD-R TA-02

(CDR 67:29)

(Progressive Berlin School)

SEQUENTRIPS est le 2ième album solo de Torsten M. Abel. C'est un album intimiste où il fait un survol de ses deux dernières années. Intimiste mais pas mélancolique, car TMA nous sert de ces ambiances qui avaient tant séduites sur SynthsOrganics, paru l'année suivante, où les rythmes spiralés de la Berlin School hypnotique gravitent dans des ambiances qui sont au diapason d'un style toujours versatile et avant-gardiste du musicien-synthésiste Allemand. SEQUENTRIPS est principalement un album de séquences avec des ions charmeurs de rythmes qui paradent dans des tourbillons lunaires aux tempos divisés par des percussions électroniques et des cadences d'un rock prog électronique unique au style de Torsten M Abel qui a retenu les services du guitariste Martin Rohleder et dont le style et la dextérité nous amènent dans les territoires d'Ashra et Mind Over Matter.

Circular Movement amorce la lente virée du séquenceur de SEQUENTRIPS avec des ions sauteurs qui oscillent comme deux lignes entrecroisées à la remorque de percussions électroniques. Le rythme est fluide. Multipliant ces ions tisseurs d'harmonie rythmique dans un canevas minimaliste nourri d'une fusion entre une ligne de basse et des pulsations arythmiques, Torsten M. Abel étend les accords de clavier qui errent pensifs sur une structure finement saccadée où sifflent quelques solos d'un synthé rêveur. Garden of B est un titre d'ambiance qui dévoile une savoureuse procession. Si au début le titre est sans rythme et animé d'une faune hétéroclite aux croassements organiques et aux bruissements suspicieux, son évolution passe par un rythme embryonnaire qui se présente avec des accords de xylophone en verre qui scintillent et tintent dans cet univers en suspension. Ce ballet d'arpèges carillonnés résonne et forge une ligne harmonieuse qui scintille dans les brises noires d'un synthé aux ondes cosmiques lorsque le vide s'empare de nos oreilles et qu'une approche séquencée offre ses ions sauteurs un peu après la 4ième minute. Le rythme qui suit est clopinant et il s'agrippe aux lourdes percussions pour plonger Garden of B dans un lourd rock électronique où guitare et synthé s'échangent des solos dans des brumes d'éther argenté. Après une intro aux errances cosmiques, Beautiful Moments prend naissance sur des accords de synthé qui rêvent dans l'oubli. L'approche me fait penser à Rick Wright de Pink Floyd. La musique s'éveille sur une ligne pulsatrice qui dessine des cercles séquencés dans les arômes de ces accords aux harmonies lunaires. Le titre embrasse une fine tangente synth-pop avec des percussions délicates dont les claquements résonnent sur un rythme légèrement stroboscopique où des arpèges de verre chantent et hoquettent dans les airs d'une belle mélodie électronique. Andhere Jangala nous plonge dans un univers de transe spirituelle avec un beau croisement entre Ashra Temple et Mind Over Matter. L'intro présente une fine pulsation qui bat d'un lent pouls hypnotique dans un éden tropical pour oiseaux multicolores. Une voix céleste endort le berceau de notre imagination qui se fait ciseler par les solos flottants de Martin Rohleder. Tranquillement, une forme rythmique circulaire et saccadée prend racine dans l'ombre des riffs de clavier et de guitare dont les boucles s'harmonisent dans un débit légèrement croissant, animant même une structure psychédélicosmique qui respire la fumée verte d'un synthé onirique et d'une guitare aux solos tranchants sur les frappes limpides et acérées des tam-tams claniques.

Les souffles rauques de Iceland Slither balaient une introduction alimentée de fines ruades spasmodiques qui oscillent épisodiquement dans des brumes lunaires. Ces couches de synthé imposent une force tranquille et soufflent une ambiance morphique sur un rythme qui graduellement explose à l'aube de ses 3 minutes avec la chute de percussions électroniques. Le rythme est doux. Sautillant de son maillage percussions/oscillations, il s'approprie les rotations d'une ligne de séquences et de ses touches hachurées qui tournoient et valsent dans cet univers mystique où les synthés chantent les douceurs ouatées des brumes morphiques. Enregistré en concert au Happy Knobbing - Modular Synthesizer Meeting, Tangling in the Modules fait tourbillonner ses séquences dont les vitesses variables s'entrecroisent dans un très bon ballet astral digne des beaux élans intergalactiques de Software. Les solos synthés y sont pleureurs et voyagent en stéréo au-dessus de cette délicate approche stroboscopique et de ces séquences finement saccadées qui tournoient lascivement dans une belle approche lunaire. Les rythmes en spirale et finement intermittents sont au cœur des hypnotiques voyages séquencés de SEQUENTRIPS, et Audible Forces n'est pas en reste avec ces séquences qui dessinent une tranquille ascension spiralée. Les percussions tombent et sortent l'intro de son cocon sphérique avec un rythme plutôt dans le genre rock électronique avec de beaux solos qui s'entortillent au-dessus de cette hypnotique volute séquencée. Et la guitare de Martin Rohleder s'abat sur ce chaotique mouvement torsadé, libérant riffs et solos aussi étouffés qu'incisifs sur une structure qui divise à merveille son enveloppe de séquences dont les tonalités hybrides sautillent tel des riffs aux échos trappés dans un magma musical qui coule à l'envers. Deja Vu détonne dans cet univers de rythmes brodés en spirale avec une approche très mélancolique où Torsten M Abel nous parle à travers son piano de ces évènements qui l’on profondément affectés au cours des deux années qui ont précédées cet album. C'est doux et morose mais en même temps indéniablement beau.

Plus musical et moins expérimental que SynthsOrganics, SEQUENTRIPS is a very good album from Torsten M. Abel who likes to thrill the listener with spirals of sequences to the hallucinatory rhythms. Rhythms which waltz with mixed velocity in order to adapt themselves to these ambiances sometimes lunar and sometimes explosive of an album which blows on the ashes of Ashra, Software and Mind Over Matter. Highly recommended to fans of progressive Berlin School.

Sylvain Lupari (22/02/13) *****

Disponible au SynGate Bandcamp

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