“Transformation 88:98 frappe avec la force d'un train qui sait quand diminuer sa cadence lorsque requit”
1 Landscape of Tomorrow 10:29
2 Element of Intrigue 7:38
3 Moving Target 4:42
4 Biomechanoid 5:37
5 Creature of Legend 6:44
6 The Rebus Tape 8:15
7 Delusions 6:32
8 Facade (excerpt) 3:15
9 Eastern Promise 3:59
10 The All Seeing Eye 6:48
11 Thru Rugged Terrain 7:26
(DDL 71:29)
(England School, EDM)
Transceive avait séduit le monde de la MÉ, format lourd et entraînant, avec le fougueux Intrigue en 2002. Depuis… silence! Voilà que Steve Nelson réapparaît avec un nouvel opus pas tout à fait nouveau puisqu'il contient du matériel composé entre 1988 et 1998, d’où le titre TRANSFORMATION 88:98. Malgré plus de 16 ans d'écart entre les premières esquisses et le produit final, la tonalité et l'esprit sont très actuel avec un furieux mélange de styles aussi diversifiés que Mark Shreeve, Jean-Michel Jarre, Depeche Mode et Juno Reactor. Vous aurez compris qu'avec de telles inspirations, cet album n'en n'est pas un pour chercher, et trouver, le sommeil.
Landscape of Tomorrow démarre cette compilation d'inédits de façon agressive. Au-delà des effets sonores lugubres, des accords lourds tracent un chemin intrigant qui explose avec de bonnes percussions et une séquence linéaire ronde et juteuse. Un synthé agressif pousse une belle mélodie qui sied bien à ce rock électronique de style England School. Cette ouverture est un présage à la force rythmique qui bombardera nos oreilles pour la prochaine heure. Agressif, le rythme dévie avec de subtiles nuances dans les tonalités et conserve la même structure dans un e-rock fougueux devenu plus progressif avec de bons arrangements. Avec son piano hésitant Element of Intrigue nous plonge dans l'atmosphère des films à suspense. Appuyé sur de légères percussions flottantes et claquantes, le séquenceur est lourd et tournoie sur l'écho de son ondulation. Fort mélodieux, le synthé amène cette touche empreinte de mystère. Une avalanche de percussions tambourinées dur un enclume de verre déferle sur le rythme lourd et nerveux de Moving Target. Des échantillonnages de voix donnent une dimension paranoïaque à ce titre qui pilonne vertigineusement sa vision linéaire. C'est un titre lourd et martelant qui défile avec férocité dans un tourbillon de percussions assommantes. Après un titre aussi intense, un repos pour les oreilles ferait du bien. C'est ce qu'on imagine avec l'ouverture de Biomechanoid. Erreur! Les percussions annoncent un rythme débridée appuyé par une grosse ligne de basse bourdonnante dont la vison techno-dance est soulevée par les tsitt-tsitt et autres cliquetis percussifs. Un autre titre puissant qui brûle la plante des pieds à force de sautiller et frapper le plancher de danse.
Avec des percussions aborigènes et des flûtes d'une jungle chimérique, Steve Nelson utilise des échantillonnages vocaux d'un film de Yéti pour donner plus de réalisme à Creature of Legend. Une belle ballade électronique avec chœur séraphique et une guitare virtuelle jouant aussi rapidement que son ombre sur un rythme puissant mais bien calibré afin d'y maintenir un effet romanesque. De fines percussions bouclées et des coussins synthétisés flottants procurent une atmosphère sombre à The Rebus Tape, un de mes titres préférés. Le rythme explose avec une puissante batterie, entraînant la colère d'un synthé qui laisse fuser de belles stries écarlates avant de reprendre la route de la quiétude sinistre. En mi-parcours, le rythme change carrément pour prendre un mouvement lourd et saccadé qui est aux frontières d'un techno modéré. Ce qui n'est pas tout à fait le cas avec Delusions qui est un titre intense et survolté où les rythmes effrénés cohabitent à merveille avec les harmonies et de bons échantillonnages vocaux. Facade est une courte pièce atmosphérique avec une vélocité nourrie par des nappes enveloppantes et menaçantes, un peu comme le très ambiant The All Seeing Eye, le titre le plus calme et reposant de TRANSFORMATION 88:98. Ce titre tranquille précède le fougueux techno de Eastern Promise. Thru Rugged Terrain clôture ce dernier album de Transcieve avec la fougue des rythmes qui parsèment sans cesse ce bouillant opus. Le rythme est lourd et abrasif avec des percussions endiablées survolées par des strates mélodieuses et de superbes solos de synthé.
Intense et mélodieux, rythmique et harmonieux. Transformation 88:98 frappe avec la force d'un train qui sait quand diminuer sa cadence avec des passages plus relaxes et d'autres plus harmonieux. Les arrangements sont assez bons et cernent bien ses phases plus mélodieuses qui coulent dans un tourbillon de rythmes infernaux qui flirtent même avec des nuances de gros techno. Pour ceux qui aiment bouger sur une musique où les tympans connectent avec nos hémisphères cérébraux.
Sylvain Lupari (27/12/06) ***½**
Disponible au Transcieve Bandcamp
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