top of page
Writer's pictureSylvain Lupari

Transponder Starmaps- Vol. 1 (2022) (FR)

Un album qui a un pied dans les années vintage et l'autre dans les années contemporaines

1 Eos 6:48

2 Biome 6:56

3 The Last Sunrise 5:46

4 Starlane 8:02

5 Running Binary Nightside 7:39

6 Empire's End 7:24

7 Sandtreader 6:34

8 Radiance Remains 8:12

(DDL 57:22)

(New Berlin School, Ambient beats)

Une onde de synthé montante amène Eos au bord d'un précipice dramatique. D'ailleurs une lamentation synthétisée étend sa texture qui résonne d'une teinte plus ocrée qu'irisée. Une forme de complainte cybernétique! L'univers de STARMAPS-Vol 1 est rempli de ces ondes, de ces lignes plaintives qui donnent une teinte de mélancolie à la panoplie de rythmes qui font battre la majorité de ses titres. Ici, le rythme est délicat. Il sautille avec une forme de fébrilité contrôlée, attendant cette ombre de basse-pulsations qui servira sa double identité. Apportant ainsi profondeur et accentuant un brin sa vélocité. Mais l'ensemble reste ce merveilleux rythme ambiant qui résonne calmement de ses bonds dont la résonnance tisse un lien caoutchouteux. Une autre ombre s'invite. Cette fois-ci, elle marmonne autant que sautille afin de fusionner rythme et mélodie dans le dernier axe de Eos dont ses ambiances frissonnent lorsque des riffs de clavier tombent vers sa finale. Eos est la porte d'entrée à un très bel album de Transponder, est un des rares projets du label Synphaera à produire une musique électronique (MÉ) développée selon le modèle Berlin School, soit avec des rythmes propulsés par des séquenceurs. Son environnement musical, plus contemporain, est plus propice au New Berlin School avec un esthétisme sonore et musical qui répond aux critères de musique cinématographique moderne. STARMAPS-Vol 1 est une justement une collection de titres qui épousent les conditions de musique de science-fiction avec une lointaine vision de la vie de colonie hors du monde, le dernier lever de soleil d'un système solaire et la chute d'un empire galactique. Cette mise-en-scène sans images de Steve Pierce, Extraworld, et Don Tyler, Remote Vision, est mise à la disposition de notre imagination dans une œuvre de science-fiction musicale composée de 8 titres aux ambiances remplies d'ondes métissées, certaines sont carrément neurasthéniques, et de rythmes parfois ambiants et en d'autres moments indomptables. Bref, du cinéma en musique à la hauteur des attentes que nos oreilles ont par rapport à la qualité du label américain.

Les rythmes ne sont pas tous dociles! Si l'ouverture de Biome respire celle de Eos avec ces ondes de synthé résonnantes, des riffs de clavier terrorisent l'ouïe avec leurs étendues sonores dantesques. Le rythme se développe sous ces rayons avec une ligne du séquenceur qui s'étire en de longs zigzags hasardeux. Une ligne de basse-pulsations injectent un aura plus résonnant qui va de pair avec ces riffs de synthé qui ne cessent de pleuvoir, ainsi que des roucoulements qui roulent en boucles harmonieuses. De fluide et ondulatoire, le rythme épouse une forme plus saccadée lorsque des séquences organiques, elles résonnent comme un ventre rempli de gargouillements, se greffe vers le milieu du titre. D'ailleurs, chaque titre dans STARMAPS-Vol 1 se métamorphose lorsqu'il atteint sa mi-temps. Il bat avec plus de vigueur et résonne sèchement, on dirait un rythme d'une tribu intergalactique, ajoutant même une ligne de dialogue cadencé sous un alliage d'ondes de synthé aux longs souffles bredouilleurs. Tissé sur l'entrecroisement de plus d'une ligne de rythme, The Last Sunrise fait tinter ses ions sauteurs sur un rythme pulsatoire caoutchouteux avec une ligne de séquences qui va et vient dans une structure à demi circulaire. Le principal mouvement du séquenceur fait penser aux structures de Chris Franke dans Tangerine Dream. Réminiscence de rythmes qu'on remarque assez souvent dans ce nouvel album de Transponder. Le titre développe sa structure de rythme en ajoutant constamment des ingrédients et effets, comme ces effets organiques résonnants, sur une structure qui devient plus fluide dans une vision spectrale organisée avec de beaux chants de synthé dans un environnement d'activités paranormales. Nous arrivons à Starlane et son ouverture structurée autour d'accords de clavier qui élaborent un langage extraterrestre. Ils irradient une onde sonore teintée d'un bleu céruléen, faisant miroiter une multitude de lignes irisées et de discrètes lamentations soucieuse. C'est une série de 7 battements, à vitesse variable, qui instaure le rythme. Les synthés gémissent toujours et encore sur l'effet de résonnance du rythme où se greffe une ligne de cliquetis qui papillonne comme dans un exercice de Jazz pour apprenti batteur. Le séquenceur fait surgir une ligne d'arpèges contractés qui se convulsent dans une texture spasmodique. Les cliquetis deviennent en symbiose avec une ligne de basse et les deux éléments restructurent le rythme en élan de course aérospatiale. Alors que les claviers laissent tomber des accords aux résonnances dramatiques, une ligne de pépiements cadencés complètent la structure de ce rythme évolutif de Starlane.

Running Binary Nightside nous plonge dans un univers de stridulations électronique d'où s’échappe une structure de rythme circulaire et harmonique avec des arpèges sautillants dans une membrane d'incertitude, de délicatesse. La seconde partie du titre explore une structure de rythme plus vive et plus complexe avec une série de séquences qui scintillent en s'écoulant vivement d'un trou du séquenceur sous des ondes de synthés qui bourdonnent en effectuant des virages giratoires. Du rythme pour les neurones et les oreilles! Empire's End est le premier titre à proposer une approche atmosphérique sans rythme, si ce n'est que ces arpèges en demi teintes qui gambadent dans un état d'apesanteur. Des rayons de drones balaient les horizons du titre, alors la gambade des arpèges accentuent la cadence sans jamais réussir un décollage rythmique. Des effets percussifs éclatants et radioactifs jettent des feutrements métalliques à ce rythme tout de même envoutant. Les ambiances sont lourdes, avec des accords nébuleux et des éclats de drones, dépeignant la tristesse à observer la chute d'un empire. Sandtreader suit avec des pulsations glauques, quasiment amphibiennes, dont la texture organique irradie une masse de sons radioactive. Ça crée une ambiance lourde et résonnante sous laquelle s'articule une structure de rythme qui gambade comme dans celle de Eos avant qu'une série de battements aériens ajoute un peu plus de vélocité sous ces lourds ronflements organiques. Ces deux lignes de rythme cohabitent dans une vision bondissante jusqu'à ce que des effets percussifs, on frappe sur des feuilles de métal ici, s'invitent en seconde moitié du titre. Il y a des réminiscences de TD ici dans cette tonalité des synthé qui effectuent des rondes circulaires, comme un œil d'un gyrophare surveillant les marcheurs de sable. Radiance Remains est le second titre à saveur atmosphérique de STARMAPS-Vol 1. Les ondes de synthé prennent différentes textures et visions sonores au-dessus d'une faible lueur rythmique qui palpite comme une vie s'échappant d'une âme.

STARMAPS-Vol 1 est un autre solide album de Transponder. Sans être son égal, parce que son contexte musical est assez différent, il est aussi bon que ce Astral Expanse qui fut un des très beaux albums à sortir de Synphaera en 2021. Du bonbon pour les oreilles que je conseille bien enveloppées dans des écouteurs afin de saisir toutes les nuances d'un album qui a un pied dans les années vintage et l'autre dans la contemporanéité de la MÉ issue de ce label.

Sylvain Lupari (07/11/22) ****½*

Disponible au Synphaera Bandcamp

(NB : Les mots en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

195 views0 comments

Recent Posts

See All

Comments


bottom of page