“Des paysages créés de façon à simplifier une écoute stimulée par des variations de séquenceurs”
1 Atlas 7:30
2 Aegis 4:48
3 Terminus Worlds 6:58
4 Outer Halo 7:22
5 Apollo's Wing 8:52
6 Grid Drone 5:02
7 Observer 6:30
8 Cyclops 6:02
9 Morning Star 9:20
(DDL 62:24)
(Sequenced ambient Berlin School)
Un univers de couleurs interstellaires et de voyages sonores dans des contrées cosmiques où les sons se recomposent à partir des vestiges humanoïdes, Don Tyler et Steve Pierce ont le lourd mandat de sortir des atmosphères du merveilleux Hyperion Gate. Et ce n'est pas une mince tâche! TERMINAE SPACE propose 9 titres minimalistes avec des séquences autant rythmiques que mélodiques où il faut se donner le temps de bien écouter la musique qui est conçue dans l'art d'extraire le maximum d'une note, d'une séquence, d'une nappe de réverbérations, d'une phase et d'un titre. Cette 3ième aventure sonique de Transponder est construite sur une panoplie de rythmes qui n'entraînent pas les jambes mais qui attisent les neurones. Et comme dans Hyperion Gate, Don Tyler et Steve Pierce nous ont concocté des séquences de rythmes inspirées par la musique de Tangerine Dream et surtout de la période Chris Franke.
Un filament organique, composé de gouttes de plomb cristallisé, défile comme ces iules filmés en accéléré entre des basses pulsations sans énergie. Le synthé produit un air prismatique dont l'ensemble siérait bien dans la trame sonore Near Dark de Tangerine Dream. Dans un paysage ambiant rempli d'interjection tonales, Atlas déploie une boucle oscillatrice dont l'effet sphéroïdale monte et descend et se multiplie sous diverses formes pour former son mouvement flottant, ascendant et ambiant. Construit sur 3 structures de rythme, Aegis est conçu sur le même phénomène, qui est assez récurrent dans TERMINAE SPACE, de boucles oscillatrices ascensionnelles. Le titre débute avec le pouls d'une basse pulsation qui libère un mouvement Berlin School du séquenceur. Les coups répétés de cette basse séquence étend un voile de radiations qui finit par former une ombre vampirique courant sur la première structure de rythme du séquenceur. Vorace, la basse engloutit le séquenceur alors que s'impose un autre mouvement du séquenceur qui forme sa spirale séquencée. Nous sommes dans du bon Berlin School ambiant ici. Une mélodie rythmique, Terminus Worlds pétille entre nos oreilles avec un fragile mouvement du séquenceur et son gracieux ballet sculpté dans l'hésitation des ions à frapper le marteau de nos tympans. Les ombres scintillantes et les réverbérations du rythme ambiant tissent la toile de fond qui invite les basses pulsations à vrombir pour enrober Terminus Worlds d'un voile d'inquiétude. Disons que c'est une belle mélodie forgée dans les souvenirs de Legend. Outer Halo suit avec une structure similaire, mais plus terne. Plus triste je dirais de par la tonalité des séquences qui tournent à peine dans un bouillon de morosité. L'impact entre nos oreilles reste très beau avec une ligne de rythme à la Berlin School et des arpèges traînant notre tristesse sur le bout de leur cycle mélodieux. J'aime bien cette ambiance patibulaire, idéale pour ces longs filaments de réverbérations, de ce titre qui propose une seconde partie plus animée et toujours aussi sombre.
Si on a aimé Terminus Worlds, on devrait aussi apprécier Apollo's Wing et son mouvement de séquences tombant cette fois avec plus de mordant. Minimaliste, le mouvement exploite ces visions du désert américain dans les bandes sonores du Dream. Le titre prend son temps à nous magnétiser avec le gras des séquences qui résonnent de plus en plus jusqu'à ce que des claquettes de bois bruissent entre les écouteurs et les oreilles. Ce passage semble libérer une nouvelle ardeur du séquenceur avec sa seconde ligne de rythme bien ensemencer par les basses pulsations. Une délicate mélodie du synthétiseur commence à infiltrer nos oreilles un peu après la 4ième minute, donnant une vision extra-terrestre à Apollo's Wing. Grid Drone fascine d'entrée de jeu avec ces percussions gazeuses dont le son feutré s'élimine dans une flore tonale animée par une féérie de séquences et d'arpèges roulant côte-à-côte. Des nappes de drones, de bourdonnements infiltrent l'approche de rythme ambiant dont la ligne de synthé monte et descend réanimer la mélodie rythmique du séquenceur. Titre ambiant qui vit à travers les multiples de ses boucles, Observer a observé de loin la structure de Atlas pour nous la proposer dans une vision plus lente. Les cercles de la mélodie séquencée oscillent oisivement pour se perdre peu à peu dans un autre chant plus libre de ses émotions. Le ton et l'impact des cerceaux sonores créent un état de béatitude de nos neurones qui se réactivent avec l'arrivée des basses pulsations. Cyclops est le gros titre de TERMINAE SPACE avec un séquenceur créatif qui séquence des rythmes s'entrecroisant dans un micmac rythmique où on a perdu le début de la fin de chaque ligne. Don Tyler et Steve Pierce s'amusent à dribbler les efforts du séquenceur sur ces nappes de réverbérations qui cimentent le rythme, laissant la mélodie envahir une possible appréhension suggérée par les membres de Transponder dans un titre où chaque étape alimente et améliore la structure minimaliste du titre. Très bon! Morning Star clôture cet album avec des boucles oscillantes qui avancent en accélération, grignotant ces pads de synthé à la mélodie teutonique. La ligne de basse vampirique opère le même charme que dans Aegis. Elle provoque la mélodie oscillante qui avance constamment en vitesse avant de choir dans un univers de réverbérations radioactives. C'est comme écouter du Kraftwerk dans les ambiances grondantes de Stephen Parsick.
Depuis deux albums, Transponder réalise ce qu'Edgar Froese n'arrivait plus à produire lors de son passage en terre américaine. Des titres courts sans lien hémogéniques, si ce n'est que cette passion et la curiosité d'amener la MÉ à un autre niveau. TERMINAE SPACE vit à travers 9 paysages sonores minimalistes qui sont tous aménagés de façon à simplifier une écoute attentive stimulée par les nombreuses variations des séquenceurs. Ça fait toute la différence!
Sylvain Lupari (14/08/21) *****
Disponible au Exosphere Bandcamp
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