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Writer's pictureSylvain Lupari

UNDER THE DOME:The Demon Haunted World (1998) (FR)

C'est sans aucun doute l'un des albums les plus sous-estimés de la MÉ moderne. Vous devez posséder ce classique!

1 Flüssiger Vier-Takter 8:32 2 The Aeon's Day 22:26 3 The Bridge 13:33 4 Hell 24:00 Neu Harmony-NH007 (CD, CD-r, DDL 68:38) (V.F.) (Berlin School, England School)

Le mécanisme d'une horloge attire tout de suite notre attention. Ces cliquetis se perdent dans un beau duel mélodique entre un piano et une guitare, tous deux rêveurs. Les derniers accords se perdent dans des douceurs violonées, mais aussi dans de lourdes réverbérations. Des séquences surgissent derrière ce rideau de paradoxes. Le mouvement est lourd. Les ions courent dans des vagues oscillatrices, façonnant un rythme noir qui ondule avec vélocité sous une pluie d'autres séquences ainsi que des accords, des riffs et des nappes de clavier/synthé récupérés dans le vide. De rêveur à lourd et furieux, Flüssiger Vier-Takter roule comme une violente tempête analogue où des accords de séquences noirs et vifs dansent et courent avec leurs doubles sur une structure de rythme effrénée. Ces quatre minutes infernales se concluent dans les rêveries d'un piano, et des ses acolytes ailés, qui reprend ses droits avec l'appui d'un synthétiseur dont les chants distortionnés coulent sous les ombres sévères des réverbérations. On ne peut rester insensible à ce premier titre qui ouvre un des grands classiques de la MÉ moderne. Under the Dome est un nom oublié dans le firmament toujours bien garni de la MÉ de style Berlin School avec un zest des lourdeurs de la England School. Ce duo anglais, composé de Grant Middleton et Colin Anderson, avait séduit les amateurs du genre à la fin des années 90, début 2000, avec 2 solides opus; THE DEMON HAUNTED WORLD et Bellerophon, que je n'ai pas encore entendu, qui feraient parti des incontournables de la MÉ moderne. Et, selon moi, cet album est un classique aussi séduisant que le merveilleux Impulse de Free System Project. Chronique d'un album oublié et disparu dans la foulée de l'extinction des CD.

Les ambiances sont lourdes tout au long de l'album. Les vents et leurs particules prismiques dansent avec des réverbérations, lorsque ce n'est pas avec des vagues de Mellotron et de leurs harmonies violonées ou des voix séraphiques et leurs chants désolants. C'est la texture sonique qui ouvre le superbe The Aeon's Day. On flotte avec des vents ondoyants qui ont captés une fascinante symphonie de chants d'oiseaux un peu bigarrés. Ces éléments ésotériques s'évaporent peu à peu après avoir franchi la barre des trois minutes. Une bête nous y entend et ronfle de lourdes réverbérations. Ce fascinant maillage de blanc et de noir sévit tout au long de ce premier album officiel du groupe Anglais, de même que ce pattern de rythme ténébreux aux arômes fortement analogues. Ici, il éclot vers la 4ième minute. Il fait danser ses ions avec des clochettes, unissant encore une fois l'ombre et la clarté dans une structure de rythme tellement harmonique qu'on en oublie presque les délicieux solos qui la ornent. La danse des séquences aux touches vives et entrecroisées est sublime. Elle structure une figure de rythme qui monte et descend avec tellement de subtilité que ce pattern, tout de même assez minimaliste, semble se refaire une peau à chaque tournant. La symphonie des clochettes y est aussi très séduisante. Et comme tout bon Berlin School, le rythme soutenu égrène ses touches dans un délicieux passage à vide où des vents inconfortables hurlent dans les ailes d'un rythme statique qui papillonnent sur place, comme une libellule hypnotisée par la beauté d'une jonquille dans un marais. On ne dort pas! Nos doigts tambourinent le rythme des séquences stationnaires alors que nos oreilles suivent les chants des vents et des lignes de synthé aux douces torsades rêveuses. La vélocité du mouvement monte et descend. Il semble repartir pour s'arrêter instantanément dans un riche passage ambiosphérique qui nous ramène aux ronflements de cette bête invisible. Vous connaissez Xanadu de Rush? On y pénètre! La 16ième minute de The Aeon's Day est tout à fait délectable avec des percussions de type cloche à vache qui tintent dans des vents inquiétants, mais aussi dans une séduisante mélodie mellotronnée. Les ambiances sont lourdes. Nos sens observent une sombre évolution qui explose avec un rythme aussi lourd et vif. La peau a changée, mais l'approche bruyante et vive reste la même. Les séquences sont lourdes et explosent d'une nouvelle vitalité dans une riche structure ambiosonique où solos et poussières d'étoiles comme des éléments perdus qui viendront à bout de The Aeon's Day et de sa structure qui égrènera ses derniers sursauts dans un calme interstellaire.

On vient de passer 30 délicieuses minutes quand The Bridge accoste nos oreilles avec une intro très ambiosphérique. Une intro à la Vangelis avec des brises de synthé majestueuses qui chantent avec tellement de mélancolie dans des vents sombres et des éclats soniques aux tonalités de prismes écarlates. Les ambiances se teintent de noir alors qu'un rythme sauvage rue et mute tout doucement pour épouser une longiligne forme oscillatrice, servant ainsi de rempart à des solos de synthé et de guitare aux teintes et formes aussi bigarrées que le métissage des hurlements qui en sort. C'est le titre le moins harmonique et le plus noir de THE DEMON HAUNTED WORLD. Ces ambiances de perdition se transposent jusqu'à l'ouverture de Hell et de sa chorale sibylline qui farcie nos oreilles d'un lourd voile de métaux hurlants. C'est la descente aux enfers. Dans les zones inconfortables de Force Majeure. Étonnement, un passage astral nous y attend. Et un genre de dispute entre les deux entités avec des airs de Pink Floyd sur Shine On You Crazy Diamond sévit. Un mouvement de séquences, sec et vif, secoue les ambiances alors que de superbes solos réinventent Hell et sa structure de rythme qui scintille de son maillage de séquences basses et prismiques. C'est aussi enlevant que mélodieux. Même si le titre dévie dans des territoires plus psychédéliques avec des riffs à la Tangerine Dream qui mordent les solos et écrasent les papillonnements des séquences. C'est du rythme électronique pur et dur qui dérive vers un passage plus astral où les influences de Vangelis resurgissent avec des belles lamentations éplorées qui versent leurs chagrins dans de beaux voiles de Mellotron. Tout simplement magique! Et comme rien n'est banal, ni jamais tout à fait fini, une douce mélodie flûtée sort de ces limbes séraphiques. J'entends Spiral de Vangelis ici. Ces derniers souffles nous amène tout doucement une superbe mélodie aussi enjouée que toute virginale que personne n'attendait. Et comme rien n'est banal, ni jamais tout à fait fini… des lourds riffs de guitare et des solos de synthé perçant se tiraillent une innocence qui n'était juste que le reflet de notre écoute. Monumental! Et tout à l'image d'un album que vous devez absolument découvrir.

Sylvain Lupari (21 Septembre 2014) *****

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